Les mémoires de Madeleine Brunerie

Mosaïques : CultureLectures

samedi 20 juin 2009

Madeleine Brunerie et Jacques Monod

58 ans à l’Institut Pasteur, 22 ans près de Jacques Monod
Madeleine Brunerie a été pendant 28 ans la secrétaire de Jacques Monod. Elle a été ainsi témoin privilégié de la grande période de la génétique microbienne à l’Institut Pasteur, ainsi que de la naissance de la biologie moléculaire en France. Pendant toutes ces années, elle a consigné en sténo dans ses « petits carnets », au jour le jour, les faits marquants de sa journée. C’est la transcription des mémoires de Madeleine Brunerie qui est ici mise en ligne. A travers ce compte rendu minutieux, elle fait émerger la singularité de la vie scientifique du laboratoire pendant cette période exceptionnelle. Ce texte a été édité par Gabriel Gachelin (REHSEIS, UMR CNRS-Paris 7) et mis en ligne par Daniel Demellier (Service des archives de l’Institut Pasteur).
[Source citation]

Tout est dit dans cette courte présentation sur les mémoires de Madeleine Brunerie que vous pouvez télécharger en format PDF (1,7 Mo) et que j’avais repérées grâce à l’article de Enro, Jacques Monod au jour le jour. J’ai pu trouver un peu de temps de lire les quelques deux cents pages et des brouettes. La lecture fut passionnante car il est rare de vivre au plus près le quotidien d’un laboratoire de recherche. C’est une véritable occasion de s’apercevoir que, tous scientifiques qu’ils soient, ils restent avant tout des êtres humains avec leurs certitudes et doutes, les rapports entre eux, les tensions et les bons moment, la hiérarchie, etc.

Bien sûr, ce n’est nullement objectif puisque nous avons cet aperçu de la vie en laboratoire par le regard de Madeleine Brunerie. Mais c’est bien là cette subjectivité qui fait son charme et permet d’introduire un angle inédit. Et pas de n’importe quel laboratoire ! Celui de Jacques Monod qui fut un grand scientifique et un grand humaniste. Au point de recevoir le prix Nobel de Médecine, en 1965 (avec François Jacob et André Lwoff), pour ses travaux montrant que l’ADN (acide désoxyribonucléique) est le point de départ des réactions biochimiques qui, par l’intermédiaire de l’ARN (acide ribonucléique), produisent les protéines nécessaires à la vie des cellules donc à la vie tout court. Cependant, ce ne sont pas ses travaux qui sont révélés mais une relation profonde entre Madeleine Brunerie et Jacques Monod, son grand Patron. Une relation étalée sur des années et qui, sans nul doute, aura beaucoup aidé Monod moralement. Il apparaît que Brunerie fut un rouage essentiel au fonctionnement du laboratoire de Monod et de l’institut Pasteur, plus globalement. Sans elle, que serait-il passé ? Les mémoires abordent également un passage passionnant : l’attente du Prix Nobel, sans cesse repoussé à l’année prochaine jusqu’au jour J… Les espoirs, les attentes, les déceptions et finalement la consécration sont décrits, passionnant !

Son style d’écriture est charmant, un rien naïf et je ne sais si cela vient d’elle ou de l’époque : les années cinquante, bien avant la révolution de mai 68 (à moins que ce ne soit les deux ?). Bien que l’humour soir présent, elle manque souvent de confiance en elle et, de ce fait, peut parfois agacer. Ce qui m’a le plus frappé est son dévouement absolu à l’institut Pasteur. Au point de donner l’impression de ne pas avoir eu de vie privée, à part donner des pièces de théâtre amateur. Il fallait même parfois la pousser pour qu’elle prenne des vacances et encore, elle se culpabilisait de laisser Monod tout à son travail. Pas de mari, du moins elle n’en parle jamais. Entièrement dévoué, il n’y a pas d’autre mot : l’institut Pasteur est toute sa vie, bien qu’elle raconte sa jeunesse et la seconde guerre mondiale.

Les mémoires de Madeleine Brunerie constituent un ouvrage inédit qu’il serait dommage de ne pas découvrir pour qui veut s’intéresser au vécu de la science. Celle qui nourrit les rêves.

En savoir plus…
Madeleine Brunerie : notice biographique
Jacques Monod : repères chronologiques

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