Oui, oui, tu as bien lu le titre. Entre 150 et 200 médicaments suffiraient pour traiter 95% des maladies (en dehors des maladies dites rares ou orphelines) ! C’est du moins ce qu’affirme un groupe de médecins en France, composé d’une dizaine d’internistes et de 14 généralistes, qui a planché sur le sujet depuis 2011.

Actuellement, plus de 5000 médicaments sont disponibles dans les pharmacies sous plus de 15 000 formes. De plus, leur consommation en France est de 40% supérieure à celle observée dans les principaux pays voisins. Fatalité ? Nécessité ? Que nenni ! Cette situation résulte deux facteurs : le marketing pharmaceutique qui pousse à la surconsommation. Bien que jugée moins innovante, l’industrie pharmaceutique produit chaque année de nouvelles molécules. Et malgré une efficacité rarement supérieure à celle des produits déjà sur le marché, ces nouveautés les détrônent rapidement. Il s’agit donc d’une pseudo innovation.

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Comment s’y retrouver dans tout ce fatras pour trier le bon grain de l’ivraie ? En s’appuyant sur la rationalité : pour chaque pathologie, le groupe de médecins a fait appel à la littérature scientifique et à leur propre expérience. Il ne leur as pas été demandé de prendre en compte le prix des traitements. Petit à petit, une liste des 150 meilleurs médicaments réellement utiles a émergé du lot. Cette liste est disponible dans le magazine Science & Vie du mois d’avril 2015, n°1171.

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Selon le magazine, cette liste officieuse, encore en cours d’amélioration, pourrait inspirer une liste officielle des médicaments essentiels de la HAS (Haute autorité de santé). Celle-ci pourrait voir le jour en 2016 et serait à utiliser préférentiellement par les professionnels de santé.

Utopie ? Irréalisable ? Et pourtant lune « liste sage » existe déjà en Suède depuis 2000 : 200 médicaments suffisent pour soigner la plupart des patients suédois. Ce qui est intéressant est de constater qu’après une très forte réticente des médecins, la liste a finalement été acceptée et fonctionne bien. Actuellement, les principales réserves émanent de l’industrie pharmaceutique qui y voit une menace pour ses profits.

Je croise donc les doigts pour que cette fameuse liste émerge et soit appliquée en France. En attendant, il restera à savoir quel statut légal lui sera conféré en cas d’adoption par les deux chambres (Assemblée nationale et Sénat). Cette liste aura-t-elle un caractère contraignant ou incitatif ? Sera-t-elle ouverte à d’autres contributeurs ?… Autant de questions qui devraient trouver leurs réponses lors des prochaines discussions au Parlement.

D’ici là, que les choses soient clairs : l’industrie pharmaceutique a connu une période d’avancées majeures, de 1950 à 1990. Elle a inventé, développé et commercialisé presque tous les grands médicaments qui ont changé notre vie. Les antibiotiques et les vaccins ont supprimé la mortalité infantile dans les pays occidentaux et d’un seul coup allongé notre médiane de vie de dix ans. Ensuite, les grands traitements des maladies d’après 50 ans – cancers, maladies cardiaques, maladies inflammatoires et autre diabète – l’ont encore allongée de cinq ans. Sans elle, nous n’aurions pas notre qualité et notre de espérance de vie.

Seulement, le système s’est perverti à un moment donné pour devenir un gros business qui gère des milliards et des milliards au détriment des patients. D’ailleurs, je t’invite à lire cette excellente BD du Pharmachien : La plus grande erreur de l’industrie pharmaceutique

Il s’agit donc de remettre les choses sur les bons rails, les humains au centre de de nos préoccupations et non plus l’argent roi des sociétés actuelles. Vaste programme et je croise les doigts. Je l’ai déjà dit, je sais, et je le redis : je croise les doigts très très forts !