Les hommes sont des femmes par défaut ?

Mosaïques : HumanusScience

jeudi 19 mai 2011

Suite à la lecture du livre Le Chœur des femmes de Martin Winckler, j’ai eu envie de faire un billet sur la différenciation du sexe qui a lieu entre la 3e et la 12e semaine du développement de cet amas de cellules que nous nommerons plus tard « bébé ». D’autant plus que j’avais déjà abordé le sujet sous l’angle de l’identité sexuelle et des différents type de sexe.

La différenciation sexuelle porte successivement sur les gonades (qui deviendront des testicules ou des ovaires), les voies génitales et les organes génitaux externes. Vu la complexité du domaine abordé, nous ne verrons que la différenciation des voies génitales et des organes génitaux externes et encore, superficiellement je le crains. Pourquoi ? Car je veux montrer un fait qui n’est pas insisté à mon goût : les hommes sont des femmes par défaut ! Comment ça ? Rien de plus simple, il suffit de mater les images ci-dessous et, éventuellement, de lire ce qui s’ensuivra (si, si, c’est mieux pour piger les images).

1- Différenciation des voies génitales


[Source image : lien cassé]

Au stade indifférencié, nous avons la totale : deux gonades immatures qui ne sont ni des couilles ni des ovaires, deux canaux de Müller et deux canaux de Wolff. La première étape de la différenciation sexuelle concerne la maturation des gonades qui se développeront soit en testicules, soit en ovaires, sous l’action d’un gène que nous verrons plus tard. Les gonades développés secréteront ensuite un certain nombre d’hormones :

  • la testostérone et l’hormone anti-Mülleriennes (AMH) par les testicules. Résultat ? Les canaux de Müller régressent tandis que les canaux de Wolff se développent et se différencient pour relier les testicules à l’urètre.
  • En l’absence de ces hormones, ce sont les canaux de Wolff qui régressent tandis que les canaux de Müller deviendront les oviductes de la femme et déboucheront dans l’utérus.

Je m’en arrête là sous peine d’être noyé mais n’hésitez pas à mater l’animation sur l’évolution des voies génitales. Ça devrait être plus clair. Et maintenant, place aux organes génitaux externes ou comment avoir une foufoune et tout le tremblement ou des machins pendants et tousssa !

2a- Organes génitaux externes indifférenciés


[Source image]

A la fin de la 5e semaine, les plis cloacaux[3], sortes de renflement, se développent autour de la membrane cloacale [4]. Ces plis se rejoignent à leur extrémité antérieure pour former le tubercule génital [2].

Au cours de la 7e semaine, le périnée [8] partage la membrane cloacale en deux membrane : urogénitale [7] (la future zone pour faire pipi ou contenant le vagin) et anale [9] (le futur trou de balle). A partir de ce moment, les plis cloacaux se différencient en pli urogénital [5] qui entoure la membrane urogénitale et en pli anal [6] qui entoure la membrane anale. Z’avez compris ? Tant mieux car faut compter aussi avec l’apparition latérale des bourrelets labio-scrotaux [10] autour des plis.

Blabla pour les mordus des détails. Ce qui est important à retenir, c’est que l’aspect morphologique des organes génitaux externes est similaire dans les deux sexes jusqu’à la 9e semaine.

2b- Organes génitaux féminins différenciés


[Source image]

Vers la 10e semaine, le tubercule génital [1] ne s’allonge que très peu puis régresse dès la 14e semaine pour devenir le clitoris [3]. Les plis urogénitaux [2] ne fusionnent pas à ce niveau et deviendront les petites lèvres [4] tandis que les plis labio-scrotaux formeront les grandes lèvres [5]. Reste le sinus urogénital qui reste largement ouvert avec l’urètre [11] à sa partie antérieure et le vagin [10] à sa partie postérieure.

2c- Organes génitaux masculins différenciés


[Source image]

Sous l’effet de la testostérone et de l’AMH , le tubercule génital s’allonge pour former le pénis [5] et entraîne avec lui les replis urogénitaux [4] qui circonscrivent la gouttière urogénitale [2]. Ces plis vont fusionner sur le bord ventral du pénis [4], d’arrière en avant, comme une fermeture éclair, afin d’isoler définitivement l’urètre, ce canal qui permet d’évacuer l’urine et le sperme. La partie postérieure des bourrelets labio-scrotaux se transforme en bourrelets scrotaux [7]. Ceux-ci fusionnent à leur tour sur la ligne médiane pour former le scrotum [8].

3- Influence du gène SRY

Ce qui est important à comprendre est que la différenciation sexuelle de l’appareil génital commence par la différenciation des gonades (ovaires ou testicules), puis continue par celle les voies génitales (canaux de Müller ou de Wolff) et termine par celle des organes extérieurs (vagin ou pénis). Comme dit plus haut, ce sont les hormones sécrétées par les gonades qui déterminent le reste de la différenciation mais qu’en est-il du facteur qui lance la maturation des gonades ? Ce facteur est génétique et se situe au niveau des chromosomes sexuels.

Petit rappel : les humaines possèdent tous, dans le noyau de chaque cellule, 46 chromosomes dont 23 paires autosomes (numérotés de 1 à 22) et 1 paire sexuelle (XX ou XY). La femme possède deux chromosomes sexuels XX tandis que l’homme possède un chromosome X et un Y. Or, la présence du chromosome Y induit le développement des testicules alors que son absence entraîne la formation des ovaires. Plus précisément, la maturation des gonades est due à la présence d’un gène, nommé SRY (sex determining region Y). Il est présent sur le bras court du chromosome Y.


[Source image : lien cassé]

Z’avez compris ? L’absence du gène SRY (délétion) induit un phénotype de type féminin même si le sujet a un caryotype XY. La présence de ce gène sur un chromosome X (addition) induit un phénotype de type masculin même si l’individu à le caryotype XX. C’est peu dire l’importance joué par le gène SRY…

Mais attention ! Ce gène n’est pas le seul acteur de la différenciation sexuelle. De nombreux autres facteurs interviennent également, aussi bien avant qu’après l’expression du gène SRY. Ces facteurs correspondent à d’autres gènes situés aussi ben sur le chromosome X que sur certaines gènes autosomes ( (9, 11, 17, 19). Inutile d’entrer dans les détails mais sachez simplement que la formation d’une paire de couilles nécessite l’intervention du gène SRY, présent sur le chromosome Y, et des autres gènes.

4- Conclusion ?

Jusqu’à là 9e semaine du développement du fœtus, il est impossible de savoir si l’appareil génital sera féminin ou masculin, à moins de connaître la paire de chromosome sexuelle, XX ou XY. Si le gène SRY n’est pas présent la différenciation continuera « par défaut » jusqu’à la mise en place d’un appareil génital féminin.

C’est comme les mamelons des hommes, complètement inutiles à part le côté esthétique. Ils ont en ont car les femmes ont des seins pour l’allaitement. Il est moins dispendieux pour l’évolution de partir d’une base commune et de jouer ensuite sur le développement des nichons via les hormones.

Peut-on aller alors plus (trop ?) loin en affirmant que les hommes sont en fait des êtres « mal femmés » ?

En savoir plus…
Organogénèse du système génital
Développement de l’appareil génital
La mise en place de l’appareil génital

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4 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. E.coli

    On peut aussi dire que les femmes ne sont que des hommes ratés… Ou des brouillons… (c’est pas moi qui le dit, c’était mon prof de SVT au lycée…).

    Plus sérieusement, cet article est bien sympa. Il permet de refaire le point rapidement sur le sujet.
    Merci, et bonne continuation!

    lundi 23 mai 2011 à 11 h 04 min
  2. Sirtin

    Alors, je ne voudrais pas avoir eu ton prof de SVT au lycée.
    :mrgreen:

    De nada, et au plaisir de se retrouver dans les commentaires.
    😛

    mercredi 25 mai 2011 à 11 h 28 min
  3. Ânais

    Soit, les organes génitaux ne sont pas encore formés, pourtant le sexe de l’enfant est inscrit dans son ADN. Donc pas de problèmes, les hommes le sont bien dès l’origine !

    mercredi 16 mai 2012 à 22 h 35 min
  4. Sirtin

    Mmmh, c’est plus compliqué que ça. Que fais-tu alors des individus XXY ou YYX ?
    Lire mon article à ce sujet : Différents types de sexe et identité sexuelle

    mardi 22 mai 2012 à 20 h 08 min

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