Sur la question de la surdité, je serais incollable. Posez-moi une question et je saurais vous répondre d’une manière ou d’une autre. Mais je sais que je suis bien loin d’avoir fait le tour du sujet, notamment dans le domaine des sourds aveugles. J’y étais sensibilisé par une amie qui a réalisé un court-métrage, Touchée. Ce mini documentaire montrait la manière dont les personnes sourdes-aveugles communiquent grâce à la langue des signes tactile. Et j’ai pu le vérifier par moi même en me rendant à l’institut des sourds-aveugles de Poitiers lors de sa projection.

Pas étonnant donc que je sois intéressé par le film de Jean-Pierre Améris, Marie Heurtin, d’autant plus qu’une autre amie y a participé et joue même un petit rôle. C’est l’histoire de la découverte de la parole par une fille sourde et aveugle de naissance grâce à la patience et à persévérance d’une bonne sœur. L’histoire est classique mais les actrices, Ariane Rivoire et Isabelle Carré, réalisent une très bonne performance. C’est filmé avec simplicité, sans verser dans le pathos, ce qui n’empêchera pas d’avoir les yeux humides pour les âmes sensibles. Les images sont superbes en plus !

Cela change pour une fois de voir un film sur un personnage français, près de Poitiers, au lieu d’en savoir encore et encore sur la célèbre Helen Keller. Et cela change encore plus de pouvoir regarder un film français sous-titré dans toutes les salles de cinéma. En effet, toutes les copies sont sous-titrées pour la population sourde et malentendante. C’est la première fois qu’une telle action a lieu en France pour un long-métrage. C’est un bel exemple de militantisme que nous délivre Jean-Pierre Améris. Malheureusement, les bonnes actions ne suffisent pas toujours : Marie Heurtin risque d’être retiré des salles dès mercredi prochain, faute d’entrées trop faibles. Alors, mobilisez vous face à la logique impitoyable de la rentabilité !

Synopsis
Cette histoire est inspirée de faits réels qui se sont déroulés en France à la fin du 19ème siècle. Née sourde et aveugle, Marie Heurtin, âgée de 14 ans, est incapable de communiquer avec le reste du monde. Son père, modeste artisan, ne peut se résoudre à la faire interner dans un asile comme le lui conseille un médecin qui la juge « débile ».

En désespoir de cause, il se rend à l’institut de Larnay, près de Poitiers, où des religieuses prennent en charge des jeunes filles sourdes. Malgré le scepticisme de la Mère supérieure, une jeune religieuse, Sœur Marguerite, se fait fort de s’occuper du « petit animal sauvage » qu’est Marie et de tout faire pour la sortir de sa nuit.