Chauves-souris : dormir sans rougir

Mosaïques : FocusScience

jeudi 18 septembre 2014

Comment font les chauves-souris pour ne pas avoir la tête qui éclate par l’afflux sanguin quand ils dorment la tête en bas ? Telle fut ma question lors d’une visite d’un zoo où le rythme des chauves-souris est inversé par rapport au notre. Pour eux, il fait nuit dans leur cage tandis qu’il fait jours pour nous. Cela permet de mieux les observer en activité.

Circulation sanguine

Malgré une recherche assez approfondie, les informations restent maigres et datent de 2004. D’après Jean-Marc Pons, du Muséum national d’histoire naturelle de Paris, il n’existe pas de réelle adaptation particulière pour limiter l’afflux sanguin dans le cerveau des chauves-souris. La première explication serait basée sur leur petite taille située entre 3 et 25 centimètres de long. A cette échelle, le cœur est situé à proximité de tous les organes, y compris du cerveau. La circulation sanguine est donc assurée sans mal et l’action de la pesanteur facilement compensée par le travail du muscle cardiaque. De plus, les veines irriguant le cerveau des chauves-souris seraient richement dotées en valvules, sortes de replis qui empêchent le reflux sanguin. Cette deuxième explication reste à confirmer car des études n’ont pas encore traité cette question.

Pour les nuls de l’anatomie sachez qu’une veine est un vaisseau sanguin qui permet le transport du sang de la périphérie (organes ou tissus) vers le cœur (retour veineux). En temps normal, les veines sont constituées de valvules, des sortes de clapets qui évitent au sang de faire rebrousse-chemin et donc de revenir vers les pieds ou… le cerveau. C’est d’ailleurs parce que les veines cérébrales de l’homme sont peu pourvues en valvules que le sang s’accumule dans le cerveau lorsqu’il met la tête en bas. Et pas les chauves-souris grâce aux valvules de leurs veines cérébrales (je répète : à confirmer).

Valvules d’une veine normale

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Se suspendre sans effort

Et voilà ! Mais j’aurais appris plein d’autres choses durant ma recherche et je ne peux m’empêcher de vous les partager. Saviez-vous que les chauves-souris sont les seuls mammifères volants et les seuls vertébrés à se pendre par les pieds ? Cette particularité a entraîné des modifications anatomiques. L’une d’entre-elles est leur capacité à rester suspendu en sommeil ou en hibernation. Comment est-ce possible ? Grâce à un blocage mécanique qui les empêche de tomber.

Après avoir trouvé une surface à laquelle s’agripper, la chauve-souris utilise les griffes de ses pieds (une à chaque orteil). Lorsqu’elle relâche ses muscles, le poids de son corps tire sur le tendon fléchisseur (3). Ce qui entraîne le blocage de la griffe (1) et de la 3ème phalange (2). Cette fixation ne nécessite aucune contraction musculaire et se fait sans dépense d’énergie, ce qui garantit une bonne attache même en période de sommeil ou d’hibernation. Lorsque les chauves-souris ont besoin de s’envoler, elles n’ont qu’à contracter les muscles nécessaires pour relâcher leur emprise. Et enfin, tous les doigts du pied d’une chauve-souris ont une forme et une taille identique.

Doigt d’une chauve-souris

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Les pieds à l’envers

L’autre modification anatomique est la rotation de 180 degrés des pieds des chauves-souris. Ainsi, les genoux se plient en arrière et non en avant comme chez les autres mammifères. Une chauve-souris au repos sur une surface plane se tient les ailes pliées et s’appuie sur les poignets et les pieds, tandis que ses genoux sont repliés au-dessus de son dos, comme les genoux d’une sauterelle. Pas convaincu ? Alors, regardez bien l’orientation des pieds de ce Petit Rhinolophe (photo ci-dessous). Les pieds ont l’air d’être vus de face et d’en haut, alors que l’animal nous présente sa face dorsale. Ceci est la preuve qu’ils sont bien tournés de 180 degrés par rapport aux nôtres.

Chauve-souris suspendue par les pieds

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Cette disposition des pieds et des genoux permet l’extension complète du patagium (la membrane de peau reliant entre eux les doigts pour former les ailes) et n’empêche pas les chauves-souris d’être adroites dans leurs mouvements quand elles sont perchées.

Pourquoi dormir la tête en bas ?

Tout ça, c’est très bien mais ne serait-il pas plus simple de dormir à l’endroit comme les autres ? Pour avoir développé au maximum leurs aptitudes aériennes au fil de l’évolution, les chauves-souris ont des membres très légers afin de pouvoir voler. Du coup, leurs jambes sont devenues trop faibles pour supporter la position debout et s’envoler depuis le sol. Tandis qu’une fois suspendues, elles n’ont qu’à lâcher prise pour se retrouver dans les airs. Cela leur permet aussi de dormir en hauteur et donc d’échapper aux prédateurs. Enfin, dernier argument : les ailes des chauves-souris sont inadaptées au décollage vertical car ce sont en réalité des doigts reliés par une membrane de peau (le patagium pour rappel). La preuve en image.

Aile de chauve-souris vue en transparence

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Bien que pourvues de « mains », elles ne peuvent s’en servir pour agripper des objets ou se déplacer au sol. Ces mains sont entièrement dédiées au vol. Ceci est un exemple frappant d’homologie et de convergence évolutive. Lisez le billet de Taupo pour en savoir plus dessus : Rira bien Chiridien l’dernier. Et pour les plus flemmards, contentez-vous de l’image ci-dessous qui montre l’allongement des doigts (métacarpiens et phalanges) de la chauve-souris par rapport à l’humain et à l’oiseau. C’est d’ailleurs pour ça que la lignée des chauve-souris se nomme les Chiroptères, du préfixe cheir, la main, et pteron, l’aile.


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2 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. Chauvin Christian

    Bonjour,

    Est il vrai que les chauves souris qui migrent dorment en vol ou font des micro sommeils en vol ???

    Merci pour votre réponse

    jeudi 27 août 2015 à 21 h 59 min
  2. Sirtin

    D’après ce que j’ai trouvé comme information, les chauves-souris ne dorment pas en vol. Elles sont bien éveillées pour chasser leurs proies. Par contre,

    elles détiennent le record de sommeil (près de 20 heures par jour) du règne animal. Une façon d’économiser l’énergie en attendant la période de disponibilité des insectes dont elle se nourrit, limitée à quelques heures par nuit.

    Source : Les plus gros dormeurs du monde animal.

    dimanche 30 août 2015 à 20 h 12 min

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