Fête de la Science 2013 : Jour 2

Mosaïques : DossiersScience

jeudi 10 octobre 2013

Après la mise en bouchée d’hier, continuons par des thèmes plus ou moins costauds. Aujourd’hui, j’ai participé à plusieurs manifestations regroupées au sein de l’École Normale Supérieure (ENS) de Lyon et à une soirée-débat organisée par le LabEx CORTEX.

L’ENS fête la science 2013

Sa principale particularité est l’accessibilité aux personnes sourdes via un interprète en LSF et une chercheuse de l’ENS qui pratique cette langue visuelle. Ainsi, une classe d’enfants sourds accompagnés de leur professeur a pu participer aux ateliers. C’était intéressant de les voir s’exprimer en LSF à un si jeune âge, une situation pas très courante en France où l’enseignement dominant est le français oral et écrit (pas toujours adapté pour eux).

Passons, j’en ai profité aussi, notamment dans l’atelier de chimie où des étudiants ont montré des expériences simples : fabrication d’un fil de Nylon, pouvoir d’absorption des couches de bébé, émission de lumière d’une bouteille de Schweppe placée sous des rayons Ultra-Violets (UV) et j’en passe Nous étions scotchés car c’est visuel et ça montre la place de la chimie das notre vie quotidienne. Pour cet atelier, c’était l’interprète qui assurait la traduction en LSF car la chercheuse ne se sentait pas capable de le faire dans le domaine de la chimie, ce qui tout à son honneur. Pour finir, voici une image qui représente une mousse réalisée à partir d’un mélange entre l’eau oxygénée et l’iode (et un savon? Sais plus). Sous l’effet de la réaction, l’eau oxygénée se transforme en oxygène qui fait mousser le savon et la formation de l’iode donne la couleur jaune de la mousse. C’est impressionnant à voir et très amusant !

Puis, nous avons enchaîné avec un atelier d’observation au microscope animé par la chercheuse de l’ENS. Bon, le microscope ne m’est pas inconnu mais c’est toujours un plaisir de revoir des toutes petites choses, que ce soit des cellules ou des morceaux d’animaux (papillon, moustique, mouche). J’ai bien aimé avoir participé aux explications aux enfants pour qui c’est un émerveillement. Et je rigolais en douce devant la chercheuse qui avait parfois du mal à gérer l’énergie de la classe, très curieuse et touche à tout.

Des enfants regardent au microscope

Le dernier atelier portait sur la représentation de la science dans la bande-dessinée en prenant Gaston Lagaffe comme exemple. Une planche découpée en morceaux était distribué aux enfants. Ils devaient reconstituer l’histoire et d’expliquer en quoi la science se manifestait. J’ai moins accroché et je suis parti visiter l’Institut Génomique Fonctionnelle de Lyon (IGFL). Ce bâtiment tout neuf encore a été inauguré le 11 octobre 2012. Son objectif est l’étude du génome et de son rôle dans les étapes du développement, l’adaptation aux milieux, la biodiversité.

Ça fait un moment que j’avais repéré ce bâtiment et que je désirais en voir les entrailles. C’est chose faite grâce aux portes ouvertes. Bah, c’est un centre de recherche de plus avec les laboratoires et l’équipement habituel. Mais j’ai noté les espaces ouverts qui favorisent les échanges entre les équipes et surtout j’ai pu discuter avec certains chercheurs sur leur projet de recherche. Les pauvres ont du essuyer mes questions en mitraille. Le plus passionnant était l’étude de renouvellement des dents chez certains organismes (requins, crocodiles, lamantin…) car les mécanismes restent très mal compris.

Escalier en forme d'ADN de l'Institut Génomique Fonctionnelle de Lyon
[Source image]

Un autre son de cloche

Pour terminer cette journée riche en événements, j’ai participé à la soirée-débat sur le cerveau organisé par le LabEx CORTEX. Deux chercheurs ont débattu sur des thèmes de société. Le premier abordait les thérapies cellulaires pour la maladie de Parkinson et l’importance des cellules-souches. Le deuxième posait les phénomènes de compensation dans le cerveau chez les personnes sourdes ayant un implant cochléaire. Après 15 min de présentation par le chercheur, 45 min étaient réservés aux questions du public.

Je plains le premier chercheur qui a du faire face à une succession de micros qui ne marchaient plus au bout d’un certain temps, l’obligeant parfois à crier dans la salle pour se faire entendre. Mais il a su faire face avec stoïcisme et exposer ses recherches. En gros, il a expliqué le rôle des cellules-souches dans les thérapies cellulaires en présentant en particulier celles issues de la moelle osseuse d’un adulte. Ce que j’ai bien aimé, c’était le dialogue avec le public sur l’autorisation de travailler sur des cellules-souches selon les pays, les questions éthiques qui en découlent (travailler ou pas sur des embryons) et les difficultés que peuvent rencontrer la recherche face à la loi.

Ensuite, les phénomènes de compensation chez les personnes sourdes étaient expliqués au public. Je savais que le sujet serait casse-gueule et la suite ne m’a pas déçu. J’ai oublié de préciser que cette soirée-débat était également accessible aux sourds grâce à des interprètes en LSF. Une vingtaine de sourds sont venus et n’ont pas tardé à exprimer leur point de vue. C’est que le chercheur expliquait ce qui se passait au niveau du cerveau chez les sourds portant un implant cochléaire. Pour faire bref, chez eux, les aires auditives et visuelles s’activent en parallèle pour garantir la meilleure compréhension du message, contrairement aux entendants où seules les aires auditives s’activent. Il est donc important de travailler aussi bien et les voies visuelles et les voies auditives pour qu’ils se complètent. Les sourds présents se sont donc manifestés car l’implant cochléaire reste très mal vu parmi la communauté de sourds signeurs. Conséquence ? Le débat fut plus vivant et plus participatif.

Mais ceci est une autre histoire et j’y reviendrais dessus. Un grand merci donc à l’ENS de Lyon et au LabEx CORTEX pour l’accessibilité en LSF. Les résultats sont là : participation d’une classe d’enfants sourds aux ateliers de l’ENS et présence d’une vingtaine de personnes sourds à la soirée-débat qui a attiré plus de cents personnes.

Dossier « Fête de la Science 2013 »
Fête de la science 2013 : Jour 1
Fête de la science 2013 : Jour 3
Fête de la science 2013 : Jour 4
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