Après la lecture de livre Entre les bruits, je m’attaque à un autre ouvrage de Belinda Cannone : Le sentiment d’imposture. Il s’agit d’un essai sur le sentiment, apparemment courant, de ne pas être à sa place bien que l’on a désiré être à cette place. Il n’est pas question de l’imposteur, dans le sens d’usurpation d’une place en se faisant passer pour un autre. Il est question de l’imposteur, en italique, pour reprendre le terme de Cannone, qui pense être pris pour celui qui ne croît être pas. C’est-à-dire qu’un décalage surgit entre l’image de soi et celui que nous revoit les autres, entre le regard de soi-même et le regard des autres. Ce ressenti peut être pénible mais aussi moteur créatif en se servant du doute pour avancer. Ou bien nous pousser à nous enfermer dans le conformisme avec ses routines rassurantes. Le sentiment d’imposture touche des domaines diverses, aussi bien professionnel qu’en amour ou en amitié. Il viendrait, selon l’auteur, de la société actuelle qui nous pousse à être « soi-même » sans définition clair de ce qu’est ce « soi-même » (en dehors des stéréotypes véhiculés par les médias), ni des cases que nous occupons.

Bref, l’essai de Belinda Cannone est intéressant car il creuse un sentiment que nous ne parlons pas d’habitude ou alors entre intimes. Je ne pensais pas l’avoir mais en le lisant, il me semble que c’est déjà arrivé comme l’atteste ce billet qui questionne le statut du scientifique, le mien en particulier. Elle se sert d’exemples multiples tirées de ses connaissances ou de personnes culturels (films, livres) et ses démonstrations sont plutôt convaincantes. Je le suis moins quand elle passe au sentiment collectif d’imposture ou quand elle se base sur la psychanalyse avec sa tendance à tout ramener au complexe d’œdipe avec les relations tordues parents-enfants. Surtout, cet essai est court et sans prétention, c’est agréable. Et toi, quel est ton sentiment d’imposture ?

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