L’alcool conserve ! Vraiment ?

Mosaïques : CogitationsScience

dimanche 8 mai 2016

Il y a des grandes chances que tu aies déjà vu un drôle d’animal dans un bocal rempli de liquide jaune, le fameux formol. C’est toujours un spectacle à la fois fascinant et repoussant car nous contemplons un animal (et même parfois un humain) mort ayant plus ou moins l’apparence du vivant. Or, qu’est-ce que le formol en fait et comment faire pour conserver les organismes ?

Plusieurs bocaux contenant des organismes
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Avant le formol…

Oh là, c’est un vaste sujet ! Je me contenterais d’être succinct car je ne suis pas expert dans ce domaine. Déjà, savais-tu qu’au 17ème et 18ème siècle, les savants ont testé plusieurs solutions de conservation à base d’alcool comme l’esprit de vin (éthanol, méthanol), le whisky, le gin, l’arak, le rhum ou encore le brandy ? Au point que le naturaliste américain William Bartram (1739-1823) a fait remarquer dans l’un de ses cahiers de bord qu’un marin pouvait jeter les spécimens par-dessus bord et boire la solution de conservation. Nous ne sommes pas très loin de la bouteille d’eau-de-vie contenant une vipère, une grenouille ou toute autre bestiole. Tiens, ça me rappelle un certains film sur les bronzés…

Composition du formol

Maintenant, c’est le formol qui est reconnu pour être la seule solution capable de conserver les échantillons sur plus de 100 ans ! A condition bien sûr de respecter quelques règles et de renouveler la solution de temps à autre. Il suffit pas de faire barboter l’organisme dans un coin poussiéreux d’une étagère, il faut l’entretenir. En réalité, le formol désigne plusieurs solutions à base de formaldéhyde dont la concentration varie en fonction des besoins. Pour faire court : formol = formaldéhyde + alcool + eau.

  • Le formaldéhyde fixe les cellules en les solidifiant.
  • L’alcool les conserve.
  • L’eau sert à diluer les deux.

Ici, le terme « alcool » désigne l’éthanol ou alcool éthylique. Il provient de la fermentation des fruits, des grains ou des tubercules. Malgré la diversité des alcools alimentaires en goûts et couleurs, ils contiennent tous de l’éthanol à des proportions variables. A distinguer des autres formes d’éthanol non comestibles et utilisées en parfumerie, pharmacie, carburant, etc.

Quant au formaldéhyde (ou méthanal, ou aldéhyde formique), est un composé organique très volatil appartenant à la famille des aldéhydes. Fort bien et c’est quoi un aldéhyde ? C’est un composé organique possédant un atome d’oxygène, un atome d’hydrogène et une chaîne formée par plusieurs atomes de carbone. Or, le formaldéhyde, n’ayant qu’un seul atome de carbone, est le plus simple des aldéhydes.

Et l’eau, bah, tu connais ce liquide non ?! Je crois même que t’en bois tous les jours si je ne me trompe pas sauf si tu préfères carburer à l’alcool éthylique ?


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En haut, à gauche, la formule chimique d’un aldéhyde où la lettre R représente une chaîne carbonée (assemblage de plusieurs atomes de carbone). A droite, la formule chimique du formaldéhyde qui ne contient qu’un atome de carbone.

Différentes solutions de formol

Sans entrer en détail dans la composition, sache simplement qu’il existe deux types de solutions :

  • La solution de fixation qui sert à fixer les cellules avant qu’elles ne se déshydratent ou ne s’autodétruisent (c’est le phénomène de l’autolyse).
  • La solution de conservation qui permet de stabiliser l’état du spécimen et donc de garder son apparence. Elle doit aussi minimiser les rétrécissements et les gonflements.

Si les alcools ne sont pas des bons fixateurs comme le formaldéhyde, ils sont des bons agents de conservation. C’est pourquoi le formol contient des proportions variables de formaldéhyde et d’alcool suivant les besoins.

En utilisant ces deux types de solution, cela veut dire qu’une étape supplémentaire apparaît : le transfert de la solution de fixation à la solution de conservation, avec rinçage de l’organisme. Et là, c’est pas le moment de faire comme ton poisson rouge quand tu nettoies l’aquarium, c’est-à-dire l’égarer malencontreusement dans le siphon des toilettes… Puis, le liquide conservateur est régulièrement renouvelé en fonction de son état (évaporation, dégradation des composants…).

Ce qui est intéressant, c’est qu’il faut attendre la fin du 19ème siècle pour que la solution de conservation soit différente de la solution initiale de fixation. Autrement dit, les savants de l’époque faisaient barboter l’animal dans le même liquide en espérant que ça tienne dans le temps. Avec un résultat variable…

Les contenants

Et enfin, dernière chose, le contenant est essentiel dans la conservation de l’animal en empêchant l’évaporation du liquide et en n’interagissant pas avec la solution. Il doit donc être étanche et le plus souvent constitué de verre. Un bocal hermétique quoi ! Sauf que les anciens verres sont faits à partir de chaux et de. Pour les identifier, il suffit de les éclairer avec une lampe ultraviolette et ils vont briller en jaune-vert. Si c’est le cas, ces verres peuvent être sensibles aux variations de température et d’humidité. Et même, dans certaines conditions favorables, des micro-organismes peuvent se développer sur les parois du contenant. Ces verres anciens sont donc à surveiller de près pour éviter la détérioration de l’organisme.

Et n’oublions pas la taille du contenant pour étudier confortablement l’animal sous toutes les coutures. Ce serait con qu’une pieuvre, par exemple, garde ses tentacules bien serrées et bernique pour voir quelque chose d’intéressant. Comme quoi, il faut penser à tout mine de rien.

Pour finir…

Comme je disais plus haut, le sujet est vaste et nous n’avons fait que frémir la surface de l’eau. Si tu veux en savoir plus, je t’invite à lire ce document à l’origine de ce billet : La conservation des collections en fluide.

Je te déconseille de manipuler le formol qui est un produit dangereux à cause du formaldéhyde qui est un irritant des yeux, du nez et de la gorge. Il a même été classé en 2005 par l’OMS comme étant un cancérogène certain pour l’homme du nasopharynx et des fosses nasales. Par contre, tu peux toujours essayer de garder un organisme dans un bocal rempli d’éthanol comme… la vodka. Mais s’il-te-plaît, pas avec le chat de la mère Michel ou le chien du père Lustucru !

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