D’où viennent les mers de mousse ?
Une mer de mousse en Australie
En panne d’idées ? Vite, piochons dans la réserve et je déniche cette information transmise par mon beauf, loué soit-il ! Le 28 janvier 2013, une énorme mousse de mer, allant jusqu’à 3 mètres de hauteur, a recouverte Mooloolaba, petite cité balnéaire située sur la côte est de l’Australie. Suivent ensuite une flopée d’images et de vidéos impressionnantes, du même genre que la photo ci-dessous qui montre un enfant sortant d’une muraille de mousse.
J’apprends également qu’un cyclone, Oswald, a provoqué ce phénomène qui reste sans danger. Las ! Si les médias sont prolifiques en terme d’images, les informations sont pauvres et insipides. Pire : ils ne font que se copier l’un de l’autre et répéter bêtement comme un perroquet. Je suis souvent affligé devant l’information instantanée et superficielle qui domine le paysage médiatique…
Bref, revenons à nos moutons (d’écume) et plus précisément à la question de mon beauf : D’où vient cette mer de mousse ?
. Aôw, bonne question ! En creusant, je finis par avoir un indice : Cette mousse se créée grâce à la houle d’une mer agitée, de la matière organique remuée par les vagues, de la pluie et des vents forts provenant du sud-est par l’océan Pacifique
. De la matière organique ? Tilt ! C’est la clé du mystère.
Tout ça, c’est de la faute de Phaeocystis…
Creusons encore plus profond et voilà la réponse ! La matière organique en question est constituée d’une flopée de Phaeocystis. C’est bon, je vais pouvoir me coucher. Non ? C’est pas clair ? Alors, reprenons le portrait de ce bestiau. Phaeocystis est un genre qui regroupe six espèces de micro-algues présentes dans les océans aussi bien polaires que tropicaux. Sa particularité est son cycle de vie complexe qui passe par deux types cellulaires différents :
- Type unicellulaire : caractérisé par des cellules dont la taille est comprise généralement entre 3 et 8 μm soit flagellés, soit non-flagellés donc non-mobiles.
- Type colonial : caractérisé par un ensemble de cellules sans flagelles englobées dans un mucus pour former une colonie dont la taille varie de 10 μm à 3 mm dans le milieu naturel. Chaque colonie peut contenir plusieurs milliers de cellules. La forme de la colonie peut varier selon son âge.
Colonies de Phaeocystis globosa
[Source image]
L’autre particularité de Phaeocystis est sa capacité à se proliférer très rapidement lors du passage du type unicellulaire au type colonial : c’est le le bloom. Il survient a printemps au moment où les conditions sont favorables (lumière, température, nutriments). Durant cette période de croissance accélérée, les colonies flottent dans l’eau et forment un épais mucilage. Cette dernière est constituée de polysaccharides qui gonflent au contact de l’eau, donnant alors une substance visqueuse semblable à la gélatine. Les colonies finissent par mourir et se désagréger mais il reste toujours l’espèce de gel qui liaient les cellules.
… et des facteurs naturels
Ajoutez deux ingrédients : le vent et la marée. Avec ça, touillez bien l’eau de mer pour créer une émulsion et la fameuse mousse de mer se forme ! Sachant qu’il peut y avoir plus de 1.000 cellules par litre d’eau, il n’est pas étonnant que la mousse puisse atteindre deux mètres de haut avec une bonne émulsion de derrière les fagots. Un cyclone par exemple… Encore quelques précisions et c’est fini :
- Parmi les six espèces de Phaeocystis, seules trois peuvent former des larges colonies mucilagineuses et générer des blooms : Phaeocystis pouchetii, Phaeocystis antartica et Phaeocystis globosa.
- C’est le seul phytoplancton marin connu qui soit capable de devenir brutalement l’espèce dominante de tout un écosystème. [Pour rappel, le plancton désigne des espèces minuscules évoluant dans l’eau et ballottées par le courant. Souvent invisibles à l’œil nu, leur taille varie de 0,2 micromètre à 0,2 millimètre. On distingue le phytoplancton, végétal, du zooplancton, animal.]
- Pas besoin d’aller en Australie pour espérer voir une mousse de mer. Ce phénomène survient également sur une partie de la Manche, au Nord-Pas-de-Calais par exemple.
C’est bon ? Je peux pieuter maintenant ? Ah là là, qu’est ce qu’on ne me fait pas faire avec toutes ces questions !
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De rien mon bon monsieur, de rien !
😉
L’émulsion est une suspension de gouttelettes d’huile dans l’eau ou inversement. Une suspension de bulles dans un liquide s’appelle simplement… une mousse.
Et qu’est ce qui provoque la formation des bulles ?
😉