Il y a deux sortes de livre dans le monde : ceux qui scotchent dès la première phrase et ceux qui accrochent progressivement au fil des pages. L’élégance des veuves d’Alice Ferney appartient à la première catégorie. D’habitude, je n’aime pas trop le sujet abordé mais là, en commençant la première page, j’en étais déjà à la dernière ligne, absorbé que j’étais dans le temps magique et suspendu.

L’élégance des veuves narre le vécu de trois générations de femmes, à Paris, au début du XXe siècle. Issues de familles bourgeoises, catholiques et patriotiques, ces femmes vivront perpétuellement entre mariage, naissance, baptême et décès. Des véritables ventres fécondes sur pattes d’où sortiront d’innombrables enfants. Femmes engrossées et ré-engrossées comme l’a voulu not’bon dieu.

L’écriture est fluide, agréable d’où sort le chant de la vie. Mais si l’on regarde de plus près en lisant entre les lignes, on se rend compte que ces femmes, qu’elles s’appellent Valentine, Mathilde ou Gabrielle, sont enfermées dans un carcan de bonnes valeurs : se marier (parfois sans amour), avoir des nombreux enfants et se soumettre à son époux. Enfin, attendre la mort, digne veuve qui a connu la mort fauchant son mari et certains de ses enfants. Digne, sans une plainte et au fond malheureuse comme Valentine.

Une situation horrible pour les féministes de maintenant mais considérée comme normale et même revendiqué par les femmes des anciennes générations. Pourtant, c’est encore le cas en France et dans d’autres pays où la religion fait un retour en force…

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