Une colle me fut posée par cette question pertinente : Comment on sait que les animaux rêvent (ou pas) ? Et pourquoi l’ornithorynque ne rêve pas ?

Facile avec les humains, nous avons tous fait l’expérience des rêves au moins une fois et surtout nous pouvons l’exprimer. Mais comment le savoir face à un animal qui ne parle pas ? Nous avons bien des pistes comme ce toutou qui gambade dans le vide mais est-ce suffisant pour généraliser à l’ensemble des êtres vivants ?

Déjà, revenons rapidement sur les phases de sommeil dont il existe deux types (pour faire simple) : le sommeil lent et le sommeil paradoxal (lire Dormir, c’est ne rien faire ?). C’est pendant le sommeil paradoxal que les rêves seraient les plus nombreux et le rêveur plus difficile à réveiller, d’après une expérience des années 50 (lire Qui n’a rêvé de percer les secrets oniriques ?). Ce stade particulier s’accompagne de mouvements rapides des yeux, d’un relâchement du tonus musculaire, d’une consommation importante d’oxygène et de glucose, d’une activité cardiorespiratoire irrégulière avec parfois des arrêts respiratoires (apnées). La preuve par la vidéo, toujours avec votre toutou préféré.

Mais les bestiaux ne sont pas toujours aussi expressifs d’où le choix d’un critère simple : l’enregistrement de l’activité cérébrale ! Il a été observé (chez des rats, chats et humains notamment) que l’activité électrique des neurones pendant le sommeil paradoxal était très proche de celle en état de veille : même schéma neuronal et même intensité (lire A quoi rêvent les animaux ?). Donc il « suffirait » d’enregistrer le cerveau d’un être vivant pendant son sommeil et son état de veille. Voici ce qu’il en ressort :

Il existe des variations considérables selon les espèces – de la poule (qui ne rêve que 25 min chaque nuit, comme la vache) au chimpanzé (90 min) et à l’homme (100 min). Le champion des rêveurs est le chat domestique (200 min par jour).
[Source citation]

[Source image]

En revanche, il n’a pas encore été observé un état similaire au sommeil paradoxal chez les poissons, les amphibiens, les reptiles et… l’ornithorynque. Donc ils ne devraient pas rêver. CQFD.

Vraiment ? Si l’on regarde bien le « camembert du rêve » du chien dans la figure ci-dessus, nous voyons que sa période de sommeil paradoxal est réduite. Il est alors possible (et montré, quoiqu’avec ambiguïté) que les rêves ont également lieu pendant la phase de sommeil lent mais moins nombreux et nous avons plus de difficulté à s’en rappeler. Dans ces conditions, comment trancher avec certitude ?

Une chose me semble sûr : qu’il faut posséder au minimum un système nerveux un tant peu élaboré pour connaître les délices et les horreurs du sommeil paradoxal. Je vois mal un moustique, un virus ou les pétunias de ma tante Hortense tressauter et rêver… Mais peut être que je me trompe ?

Plus de détails…
– Phylogénèse du Rêve
– Tout savoir sur le rêve et le sommeil