Non, l’os n’est pas un truc inerte !

Mosaïques : HumanusScience

vendredi 8 janvier 2010

Tout est dit dans le titre : l’os n’est pas une structure inerte et encore moins « morte ». Il s’agît d’un véritable tissu complexe et vivant. La confusion vient peut être du fait que ce sont les squelettes que l’on trouve dans les tombes ou que nous nous cassons une dent sur un os en mangeant de la viande ? Certes, les os sont durs au contact mais ils n’en restent pas moins vivants sinon comment ferions-nous pour grandir déjà ?

L’ensemble des os forme le squelette qui remplit trois fonctions :

  • Mécanique : le tissu osseux est un des tissus les plus résistants de l’organisme. Il peut supporter des contraintes mécaniques grâce à sa solidité et à ses propriétés élastiques. Il forme donc la charpente de notre corps en nous soutenant et en protégeant nos organes internes (comme le cœur dans la cage thoracique). Le squelette facilité aussi le mouvement, en conjonction avec les muscles.
  • Métabolique : le tissu osseux est un véritable réservoir de calcium. Il libère ou stocke les sels minéraux sous l’effet des pressions mécaniques qui le remodèlent en permanence.
  • Hématopoïétique : les os participent à la formation des cellules sanguines via leur moelle rouge.

Bien qu’il existe plein d’os différents (plats, courts, longs, irréguliers) ayant chacun leur fonction précise, nous ne verrons que la structure d’un os long, déjà complexe en elle-même. Au niveau externe, l’os est composé de trois parties : l’épiphyse, la métaphyse et la diaphyse.

  • L’épiphyse est l’extrémité renflée de l’os. Elle est faite de tissu spongieux recouvert de cartilage et elle assure l’articulation avec les os voisins.
  • La métaphyse contient le cartilage de conjugaison qui permet la croissance des os et et qui disparaît à l’âge adulte.
  • La diaphyse est la partie centrale creuse et allongée de l’os. Elle est faite d’un tissu compact qui entoure le canal médullaire. Il contient la moelle rouge chez l’enfant et la moelle jaune chez l’adulte.

Parties d'un os long
[Source image]

Il suffit de visualiser l’image ci-dessous pour se convaincre qu’un os jeune n’a pas tout à fait la même structure qu’un os adulte. C’est pourquoi les bébés et les enfants sont beaucoup plus souples grâce à leurs « os cartilagineux » et donc pas entièrement terminés. J’envie toujours les marmots qui peuvent se gratter le nez avec leur pied !

Comparaison os jeune et os adulte
[Source image]

Passons maintenant au niveau interne d’un os long, composé de six tissus différents :

  • [1] Le périoste : membrane fibreuse recouvrant les os sauf les articulations.
  • [2] L’os compact : très dense et uniforme.
  • [3] L’os spongieux : ressemblant à une éponge.
  • [4] Le cartilage articulaire ou hyalin : recouvrant les extrémités de l’os. Il est à la fois rigide et élastique.
  • [5] La moelle osseuse ou moelle rouge : occupant toutes les cavités de l’os spongieux. Elle produit chaque jour 100 à 150 milliards de globules rouges et 1 à 30 milliards de globules blancs.
  • [6] La moelle jaune : masse graisseuse occupant le centre de la diaphyse des os longs chez l’adulte.

Structure interne d'un os long
[Source image : lien cassé]

Pas simple hein ? De plus, vu que l’os est un tissu vivant, il se renouvelle sans cesse sous l’action de deux types de cellules osseuses : les ostéoclastes qui détruisent l’os ancien et les ostéoblastes qui fabriquent un os nouveau. Ce cycle permanent de formation et de destruction s’appelle le remodelage osseux. Il se déroule en trois étapes : la phase de résorption où les ostéoclates creusent des véritables « trous » ou lacunes dans l’os.


[Source image]

Puis survient la phase de formation caractérisée par l’arrivée des ostéoblastes au fond des lacunes qu’elles combleront avec des protéines.


[Source image]

Finalement, le remodelage se termine par la phase de minéralisation où le tissu osseux jeune, appelé « tissu ostéoide » va se calcifier. Le remodelage osseux, en renouvelant l’os en permanence, permet à ce dernier d’être solide et résistant. Ainsi, notre squelette se renouvelle plusieurs fois au cours de la vie par une succession de cycles alternant résorption et formation osseuse.

Comme si cela ne suffisait pas, la masse osseuse connaît une évolution au cours de la vie pouvant être divisée en trois périodes :

  • La phase de croissance osseuse rapide : elle commence dès la naissance et dure jusqu’à l’âge de 18-20 ans. Elle permet l’établissement de la masse osseuse maximale sous l’effet de facteurs génétiques, mécaniques (poids, exercice physique), endocriniens (hormones sexuelles à la puberté) et nutritionnels (apport en calories, en calcium, en protéines).
  • La phase en plateau : elle reste stable pendant une dizaine d’années à partir de 18-20 ans.
  • La phase de perte osseuse : elle est inévitable dès que la maturité osseuse est atteinte. Elle se poursuit jusqu’à la mort. C’est là que surviennent les méchantes fractures du fait de la fragilité des os.

Courbe masse osseuse selon l'âge
[Source image : lien cassé]

Je crois que ça ira pour aujourd’hui. Si avec ça, tu penses toujours que l’os est une structure inerte alors laisse moi te balancer mon tibia contre tes os iliaques ! Nan mais…

En savoir plus…
L’os vivant
Le tissu osseux

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5 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. Ai bossé quelques jours pour un client fabriquant des prothèses de la hanche qui m’expliquait que l’os se densifie là où les contraintes mécaniques augmentent, et se décalcifie là où elles diminuent. En posant une prothèse, on modifie presque inévitablement les contraintes dans l’os, le risque étant que l’os se décalcifie le long de la tige de la prothèse, et que celle ci puisse se mettre à bouger un peu au bout de quelques années… le projet était de faire des prothèses personnalisées, calculées pour modifier le moins possible les contraintes dans le fémur du patient, que l’on mesure par la densité de l’os. Passionnant.

    samedi 9 janvier 2010 à 21 h 22 min
  2. Je rebondis sur la remarque de Dr Goulu: la capacité de l’os à se construire de manière parfaitement adaptée à la contrainte qu’il supporte a quelque chose de fascinant. On a là un phénomène auto-adaptatif bluffant (dont j’ai parlé à la fin de ce billet) dont je serais curieux de comprendre le mécanisme. D’autant que la reconstruction de l’os après une fractures montre que sa forme n’est pas sélectionné naturellement une fois pour toutes parmi les formes les plus adaptées, mais qu’elle est optimisée par un processus purement physico-chimique 😉

    dimanche 10 janvier 2010 à 20 h 28 min
  3. Sirtin

    Je ne savais pour les prothèses, passionnant oui !
    😀

    Je ne sais pas quelles sont les mécanismes auto-réparatifs du tissu osseux mais je sais que je n’ai pas mentionné un troisième type de cellules en plus des ostéoclastes et des ostéoblastes : les ostéocytes.

    Les ostéocytes sont des cellules emprisonnées dans la matrice osseuse mais qui communiquent entre elles par de fins prolongements connectés ensemble. Ces cellules sont des  » mécano-récepteurs  » sensibles aux variations de pression qui s’exercent sur la matrice osseuse.
    (cf lien « l’os vivant »)

    Peut être que l’os peut modifier suite aux contraintes mécaniques grâce aux ostéocytes qui communiqueraient avec les ostéoblastes et les ostéoclastes ? A confirmer…

    lundi 11 janvier 2010 à 15 h 19 min
  4. dupond

    ct cooooooooool 😛 😛 😛 😉 😉 🙂 🙂 😀 😀

    lundi 14 mars 2011 à 14 h 35 min
  5. Sirtin

    C’est bieeeeeen !

    mardi 15 mars 2011 à 20 h 03 min

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