Non, les OGM ne concernent pas que les plantes !

Mosaïques : CogitationsScience

mardi 26 janvier 2010

OGM : trois petites lettres qui évoquent tellement de choses comme l’agriculture, la santé, la société, les multinationales, la nature, la science…. OGM : trois petites lettres qui éveillent les passions, attisent les peurs et font empoigner toute sorte de gens, du scientifique au politicien en passant par le citoyen. Ce terme fait davantage appel à nos émotions qu’à notre rationalité et surtout il s’agit d’un vaste sujet dont je m’attaque avec une certaine appréhension. Tellement vaste que je choisis de l’aborder sous un (petit ?) angle et ayez pitié du pauvre mortel que je suis avant de faire pleuvoir les coups.

OGM veut dire « organisme génétiquement modifié » et nous pensons tout de suite aux plantes résistantes aux pesticides ou sécrétant des insecticides, à la moustache de José Bové, aux multinationales de type Monsanto et aux scientifiques fermés dans leur laboratoire. Au delà du débat classique « pour ou contre » qui mélange tout, la politique et la science, les recherches fondamentales et les applications, la démagogie et la peur, je veux aborder un aspect peu traité par les médias : les autres types d’OGM. Il suffit de faire un tour sur le Net, de lire les journaux, de parcourir les ouvrages pour se rendre compte que les OGM sont quasiment assimilés aux plantes et donc à l’agriculture et tout le reste cité plus haut.

Selon la définition la plus courante, les OGM sont des organismes vivants dont le patrimoine a été modifié par l’homme. Cela englobe alors les êtres vivants autres que les plantes. La plus ancienne pratique, si l’on prend cette définition, concerne la sélection. Domestiquer des animaux destinés à l’élevage, sélectionner les individus présentant les meilleurs caractères (production de lait, qualité de la laine…), choisir les plantes au meilleur rendement (graines les plus grosses, pépins plus petits, goût moins amer…) sont des actions qui durent depuis des millénaires et que nous continuons encore avec les chiens, les chats, etc. Nous obtenons également des nouvelles variétés par l’hybridation ou croisement de deux individus issus de deux sous-espèces : pommes, chiens, mulet, etc.

Maintenant, nous sommes dans une nouvelle phase par l’utilisation de méthodes de génie génétique qui modifient des organismes par la transgenèse, c’est à dire l’insertion dans le génome d’un ou de plusieurs gènes issus de la même espèce ou d’un organisme étranger. Quand nous parlons des OGM, nous faisons surtout référence au génie génétique. Quelle différence alors avec la sélection ou l’hybridation ? Ces dernières méthodes se déroulent à un temps plus long, ils s’étalent sur plusieurs générations et ils font appel à des croisement d’espèces proches. Ce qui n’est pas le cas du génie génétique où il est possible d’insérer n’importe quelle gène dans le génome d’un organisme vivant et d’obtenir des résultats beaucoup plus rapide. Ces différences, j’en suis persuadé, sont les principales raisons des craintes. Tout va trop vite, pas assez de recul, gros enjeux politiques et financiers font que nous avons l’impression de ne rien maîtriser d’où une levée de boucliers.

Pourtant, sans entrer dans le « pour et le contre », les OGM sont employés à une échelle beaucoup plus vaste que nous n’imaginons car ils sont très utiles pour les laboratoires de recherche. Sans ces « outils », des découvertes n’auraient pu voir le jour. Derrière les spectaculaires souris fluo qui font la une des médias, une protéine est à l’œuvre, la GFP (Green Flurorescent Protein) issue d’une méduse. Cette protéine est très utile comme marqueur pour suivre l’évolution d’une population de cellules. De qui pister les cellules cancéreuses ou celles jouant un rôle dans la morphogenèse de l’embryon, etc.

Des souris ayant la GFP deviennent vertes sous lumière ultraviolette

[Source image]

L’autre star des labos est la drosophile. C’est une petite mouche à vinaigre au bref cycle de vie dont les mutations sont facilement identifiables via sa morphologie. Son élevage est peu coûteux, peu encombrant et sans danger. Pas étonnant qu’elle soit la coqueluche des savants. Une manipulation consistant à insérer par transgénèse le gène Hoxb-9 de la souris chez la drosophile, a entrainé la transformation des antennes en pattes thoraciques. Sans cette expérience, nous n’aurions pu comprendre le rôle des gènes sélecteurs dans le développement embryonnaire.


[Source image]

Les bactéries sont à l’honneur, sans eux pas de génie génétique et donc pas d’obtention d’OGM. Sur ce point, je laisse la parole à Yves Le Dréan, chercheur de l’Unité de formation et de recherche en sciences de la vie et de l’environnement :

Enfin, dans la communauté scientifique, certains travaillent sur les plantes. Mais, dans tous les cas, les biologistes moléculaires utilisent des bactéries au départ. En effet, celles-ci possèdent de l’ADN circulaire appelé « plasmide ». C’est dans ces anneaux d’ADN qu’est inséré le gène étudié. Les plasmides génétiquement modifiés sont alors introduits dans des bactéries qui sont mises en culture. En se développant, celles-ci multiplient les plasmides. Ces bactéries OGM sont donc des « usines » à produire les gènes dits « d’intérêt » qui, après purification, pourront ensuite être réintroduits dans d’autres cellules bactériennes, animales ou végétales.
[Source extrait]

Ainsi, en recherche fondamentale, obtenir des OGM, que ce soit des plantes, des micro-organismes ou des animaux , n’est pas toujours un but mais le plus souvent un moyen de trouver des réponses à certaines problématiques : comment les gènes contrôlent-ils le développement d’un embryon ? Quelles sont les étapes de division de la cellule ? À quoi correspond chaque moment de son développement ? Malheureusement, cet aspect des OGM est rarement mis en avant dans les médias qui préfèrent jouer sur le côté sensationnel. Je pense que c’est également aux scientifiques et aux organismes de recherche de communiquer davantage vers l’extérieur, de mieux faire prendre en conscience que les OGM sont plus vastes que nous pensons, tant que leur utilisation que sur leur débat. Ce qui n’empêche pas d’avoir une réflexion critique au sein de la société mais comment le faire si nous nous focalisons uniquement sur l’agriculture où les enjeux politiques et financiers dépassent ceux de la recherche ?

En savoir plus…
Source d’information sur les organismes génétiquement modifiés (Québec)
Synthèse sur les OGM
Que sont les OGM animaux ?

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4 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. charlotte

    merci beaucoup pour tout sa,cela va beaucoup m’aider pour mon exposé.j’adore se que vous avez fait la présentation est super et l’organisation aussi.je vais parler de votre blog a mon professeur de science!!

    dimanche 14 octobre 2012 à 18 h 11 min
  2. Sirtin

    Merci beaucoup de ton commentaire enthousiaste ! Je suis curieux de connaître l’avis de ton prof de science.
    😛

    lundi 15 octobre 2012 à 16 h 32 min
  3. amandine

    Merci beaucoup pour l’aide, c’est génial pour mon exposé. C’est parfaitement bien expliqué, je citerai votre blog à ma prof de science, elle va adorer. 😀

    vendredi 7 mars 2014 à 14 h 44 min
  4. Sirtin

    Bon courage pour l »exposition et merci pour ton commentaire !
    😛

    dimanche 9 mars 2014 à 21 h 09 min

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