Après avoir vu le film, j’avais envie de lire le livre qui l’a inspiré. Première surprise : c’est une nouvelle qui est à la base de plus de 2h30 de film. Ah, ah, j’suis curieux de voir la différence entre l’original et son adaptation ! Deuxième surprise : Benjamin Button naît sous la forme d’un vieillard de 80 ans, mesurant 1,75 m et sachant déjà parler. Dès qu’il voit son père effaré, il râle d’être vêtu comme un bébé avec louanges géantes. Rigolo non ? Pas comme dans le film où c’était un bébé de taille normale, au visage tout fripé.

Dès le début, il n’y a pas grand chose de commun entre le livre et le film. La nouvelle est très elliptique au point d’évacuer des grands pans de l’histoire de Benjamin Button. C’est dommage car l’idée est originale mais l’auteur ne va pas jusqu’au bout. Du coup, je restais sur ma faim. Le réalisateur a le mérite de creuser un peu plus cette notion d’un être vivant qui « grandit » à compte-rebours mais lui aussi ne va pas totalement jusqu’au bout. Il a préféré filmer sous l’angle de l’amour entre deux êtres sur qui tout oppose, même le temps. Il est intéressant de comparer les deux œuvres : la nouvelle est beaucoup plus cynique, elle contient plus d’humour noir. Le film a rajouté de la morale typiquement « hollywoodienne ». Par exemple, Benjamin Button finit par se séparer de sa femme dans le film car il craint de ne pouvoir élever son enfant et d’être une charge pour son épouse. Dans la nouvelle, il reste avec sa femme mais il préfère ne pas s’afficher avec elle car il réprouve du dégoût devant son physique (elle a alors plus de 50 ans et lui un « jouvenceau » de 25 ans), il finit par s’agacer devant sa conformité.

Quand même… Un homme qui naît vieillard avec un mental de bébé et meurt bébé avec un mental de vieillard. Il vit avec son entourage qui vieillit tandis que lui rajeunit. Il y a de quoi se poser sur les questions éternelles de la vie et de la mort.

[Scan couverture]