Myéline, oligodentrocytes et cellules de Schwann

Mosaïques : DossiersScience

mercredi 14 mai 2008

Rappelez vous que le neurone est composé d’un corps cellulaire, de plusieurs dendrites et d’un axone. Le message nerveux se propage dans un seuls sens : des dendrites à la synapse qui est une zone de contact entre deux neurones ou entre un neurone et une autre cellule. Au niveau de la synapse, sont libérés des neuromédiateurs (molécules chimiques) sous l’effet du courant bioélectrique qui se propage le long de la membrane du neurone.

Schéma d'un neurone dont l'axone est entouré par les oligodentrocytes
[Source image]

Ainsi dans le cerveau coexiste deux modes de transmission : la conduction électrique et la transmission chimique.


[Source image]

L’organisation du neurone fut décrite dans l’article précédente (Avant les cellules gliales, le neurone). N’avez vous pas remarqué que j’ai omis un détail : les gaines de myéline ? Ne vous êtes vous pas demandé quel était leur rôle ? Les neurones ont besoin de transmettre rapidement l’influx nerveux d’un bout à l’autre du corps humain. Une condition essentielle si nous voulons réagir et répondre rapidement à l’environnement. Pour cela, il existe deux possibilités :

  • augmenter le diamètre de l’axone. Plus ils sont gros, plus l’influx nerveux se propage rapidement.
  • enrober l’axone d’une gaine isolante. C’est la gaine de myéline.

Les axones ne peuvent croitre indéfiniment sous peine de prendre de la place et de compresser toutes les autres cellules. La solution complémentaire est la formation d’une gaine autour de l’axone et qui contient une substance grasse : la myéline. Le tout permet d’accélérer la conduction électrique nerveuse. Cependant, la gaine de myéline ne recouvre pas complètement l’axone et laisse des petits bouts d’axone à découverts : les nœuds de Ranvier. Ils sont espacés de 0,2 à 2 millimètres et présentent une faible résistance électrique (contrairement à la gaine qui a une résistance électrique élevée). Du coup, la conduction électrique saute carrément d’un nœud de Ranvier à l’autre ! Cette conduction saltatoire (par opposition à la propagation continue et beaucoup plus lente dans les axones non myélinisés) offre de nombreux avantages : économies d’espace et d’énergie.

La gaine de myéline est produite par deux types de cellule selon leur position dans le système nerveux :

  • les oligodendrocytes qui se trouvent dans le système nerveux central (SNC).
  • les cellules de Schwann qui se trouvent dans le système nerveux périphérique (SNP).

Petit rappel : le SNC comprend le cerveau et la moelle épinière tandis que le SNP regroupe tous les nerfs qui innervent les organes à partir du SNC.

Représentation des organes du SNC et du SNP
[Source image]

Les cellules, productrices de la gaine de myéline, ne se distinguent pas seulement par leur position mais également par leur composition et leur organisation. Une seule cellule oligodentrocyte envoie des prolongements qui s’enroulent en plusieurs couches autour de plusieurs axones. Contrairement à la cellule de Schwann qui s’enroule et s’étend tout le long d’un seul axone. De plus, la composition de la myéline en protéines et lipides diffèrent entre ces types de cellule.

Oligodentrocytes du SNC et cellules de Schwann du SNP
[Source image : mes cours de Master 2, Maladies neurodégénératives de la myéline]

Savez vous qu’il existe une maladie terrible dont la myéline est graduellement détruite ? C’est la sclérose en plaques (SEP). La perte de myéline rend la transmission du message de plus en plus difficile. Puis les neurones dégénèrent avant de mourir. Ils sont comme nous : ils ont besoin de la communication. Cette mortalité cellulaire forme des plaques, d’où le nom. La sclérose en plaque, non seulement d’entrainer plusieurs symptômes (troubles de vision, tremblements et faiblesse des membres, fourmillements ou douleurs…) est également incurable.

Schéma de la dégradation de la gaine de myéline
[Source image]

Ne vous y trompez pas : les cellules de Schwann et les oligodendrocytes jouent un rôle très important. Sans eux, nous serions des zombies, incapables de réagir rapidement car les neurones ne peuvent répondre du tac au tac. Sans eux, les neurones ne pourraient prétendre à leur statut de star. Et pourtant, les oligodendrocytes et les cellules de Scwhan font partie des cellules gliales !

Dossier « les cellules gliales »
Cellules gliales: les vilains petits canards
Avant les cellules gliales, le neurone
Les astrocytes
Les ependymocytes ou cellules ependymaires
La microglie
La barrière hémato-encéphalique

Dans la même catégorie

Article suivant

14 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. rose

    Bonjour,

    vos articles m’interpellent, en effet, j’ai un fils de 25ans, qui a le syndrome de la schizophrénie. j’ai aussi une fille de 27ans qui a une neuromyélite optic de Devic. Voilà, apparemment dans la lignée directe pas d’hérédité concernant ces deux pathologies, mais je trouve cela étrange, car ce sont deux pathologie liées au fonctionnement du cerveau.
    je trouve votre site très intéressant.
    Rose.

    jeudi 7 juillet 2011 à 14 h 55 min
  2. rose

    Pourquoi ne pas faire le rapprochement ? cela ferai peut être avancée la recherche ?

    jeudi 7 juillet 2011 à 14 h 57 min
  3. Sirtin

    Bonjour,

    J’apprends des choses ce soir car jusqu’à maintenant, je ne connaissais pas la neuromyélite optique de Devic qui est une forme particulière de la sclérose en plaque (SEP). Pour les curieux désireux en savoir plus, lire les généralités sur la maladie de Devic.

    De même, si les causes de la schizophrénie sont nombreuses et mal connues, parmi celles-ci se trouve la démyélinisation, à l’origine aussi de la SEP :

    Plusieurs des cellules nerveuses du corps sont recouvertes d’une gaine protectrice, la myéline, qui permet la transmission rapide de l’influx nerveux. Deux types de cellules produisent la myéline; les oligodendrocytes et les cellules de Schwann. La démyélinisation se produit lorsque cette gaine protectrice est détruite; la fonction nerveuse est alors compromise. Bien que la démyélinisation est surtout associée à la sclérose en plaques, elle est aussi impliquée dans d’autres troubles neurologiques et psychiatriques tels que la schizophrénie et les lésions à la moelle épinière. Le terme substance blanche décrit aussi les parties du cerveau et de la moelle épinière qui contiennent beaucoup de fibres nerveuse myélinisées. C’est la substance blanche qui a la responsabilité de transmettre l’information dans le corps.
    [Source citation]

    Quant à savoir si c’est bien d’origine génétique dans votre cas où si ces deux maladies sont liées, malheureusement, je n’ai pas les compétences ni les connaissances pour vous répondre. Cela pourrait aussi être une coïncidence.

    jeudi 7 juillet 2011 à 22 h 34 min
  4. ibrahimambaye

    site muy important pour les élèves de s

    lundi 22 octobre 2012 à 19 h 32 min
  5. Anick

    Bien intéressant… Que pensez vous du syndrome paranéoplasique avec atteinte des nerfs périphériques… Connaissez vous les possibilités de se remettre de ce syndrome (même après tx du cancer) …
    que pensez -vous de la théorie de la plasticité nerveuse?

    Merci,

    lundi 25 mars 2013 à 21 h 33 min
  6. Sirtin

    Malheureusement, je ne connais pas le syndrome paranéoplasique avec atteinte des nerfs périphériques. Je ne me suis bien renseigné un peu dessus mais je suis incapable de répondre à votre question.

    Quant à la plasticité nerveuse, c’est absolument fascinant et cela remet en cause le dogme qui stipulait qu’un cerveau est figé alors qu’il évolue en permanence, d’où nos capacités continues d’apprentissage. C’est d’ailleurs admis dans la communauté scientifique.

    lundi 1 avril 2013 à 16 h 51 min
  7. marine

    Bonjour, je suis étudiante en Neurosciences en 2ème année, et je fais un exposé sur une maladie particulière qu’on pourrait apparenter à la sclérose en plaque : le syndrome de Guillain-Barré . C’est une atteinte de la gaine de myéline des fibres du système périphérique qui ralenti l’influx nerveux, etc. On parle pourtant dans ce syndrome d’une phase de rémission. J’ai du mal à trouver des article sur cette phase. J’aimerais savoir si vous aviez des informations sur la régénération des cellules de Schwann..?

    Merci d’avance pour votre attention, et merci pour ce site bien sympathique !

    mardi 4 mars 2014 à 11 h 13 min
  8. Sirtin

    Je ne connais pas ce syndrome. Pour les curieux, voici deux liens pour en savoir plus :
    – une plus orientée « grand public » : Syndrome de Guillain-Barré
    – Une plus « pointue » : Polyradiculonévrite aiguë

    Il en ressort que la maladie se déroule en trois étapes : phase d’extension, phase de plateau et phase de récupération. Je suppose que les cellules de Schwann se régénèrent durant la dernière étape. Il semblerait aussi qu’elles sont connues pour leur rôle dans le soutien de la régénération nerveuse. Après, je n’en sais pas davantage sur ce phénomène. Cependant, deux liens pourraient vous orienter dans votre recherche :
    Les cellules de Scwann : Un exemple glial
    Neurone/cellule de Schwann

    Bon courage !

    mardi 4 mars 2014 à 20 h 07 min
  9. Colin

    Bonjour
    Voila je suis en L1 de biologie et une question me vient ?
    En effet si je ne m’abuse la gaine de myéline et bien l’enroulement à de multiple reprises de la membrane des cellules de schwann / oligodendrocytes .
    Or nous avons aussi vu que le passage de l’influx electrique se fait via les canaux à N+ et K+, pour transmettre l’inversion de polarité tout au long de l’axone. Or ce phénomène se fait par diffusion. Comment se fait-il alors que la diffusion puisse continuer avec la gaine de myéline autour de l’axone?

    samedi 11 octobre 2014 à 9 h 56 min
  10. Sirtin

    Si je te comprends bien, tu imagines que la diffusion des ions sodium et potassium se fait dans et le long de l’axone ? En fait, la diffusion des ions se fait de part et d’autre de la membrane de l’axone, au niveau des nœuds de Ranvier. Est-ce que je réponds à ta question ?

    jeudi 16 octobre 2014 à 20 h 01 min
  11. GIUDICELLI

    Bjr Mrs,

    J’ai une syringomiélie,je sais que cette maladie use la myéline qui ne se reforme pas
    Comment refabriquer les axones
    Merci de me répondre

    jeudi 11 juin 2015 à 12 h 47 min
  12. Sirtin

    Là, j’avoue que cela dépasse mes compétences. Sauf erreur de ma part, il est difficile de reformer les axones et les nerfs, surtout en cas de dommage irréversible.

    Il existe des recherches dans ce domaine mais nous sommes encore loin d’applications pratiques…

    jeudi 11 juin 2015 à 16 h 14 min
  13. fohrer

    je suis touché par la SEP officielement de 2009 elle est décrite sans poussée mais progressive j’ai des pertes d’équilibre nombreues ainsi qu’une grande fatigue mais yeux sont également touchés !
    comment peut on reformer la myéline disparue ?
    merci de votre réponse

    Dominique FOHRER

    lundi 13 mars 2017 à 15 h 34 min
  14. Sirtin

    Il y a justement des recherches visant à reformer la myéline disparue mais pas encore de traitement à la clé malheureusement. Lire ces deux liens pour en savoir plus :
    Une nouvelle piste pour la sclérose en plaques
    La sclérose en plaques : du diagnostic au traitement

    lundi 13 mars 2017 à 21 h 35 min

Les champs marqués d'une astérisque * sont obligatoires

Markup Controls gras italique citer liens
Emoticons Sourire Grand sourire Triste Stupéfait Mouais Classe Sourire taquin Clin d’œil Rougir Démoniaque Tordu Sourire vert

Envie d'une image avec ton nom ?

Alors, va sur le site Gravatar et inscris toi pour télécharger ton image. Il ne reste plus qu'à entrer la même adresse mail sur le blog que celle choisie sur Gravatar et ton avatar est affiché ! Ch'est pô beau cha ?