Vulgarisation ou médiation ?

Mosaïques : CogitationsScience

mardi 11 mars 2008

Je fais écho aux commentaires de l’article Un pied ! Mon royaume pour un pied ! qui abordent la vulgarisation scientifique. Elle consiste à établir un lien entre la science au sens large et un public profane. Ce lien est possible par de nombreux intermédiaires (enseignants, animateurs, journalistes, chercheurs…) et des vecteurs divers (télévision, radio, internet, conférence…). Le but même est de pouvoir transmettre la culture scientifique en fonction du public : niveau de connaissances, enfants, adultes…

Déjà, de quelle science parlons nous ? La partie peu connue qui bout et bout et bout sans cesse dans son chaudron ? Où mijotent maintes idées avec des explosions de génie ou de bêtise. Ces idées confrontées à d’autres idées, aux expériences, aux crédits des laboratoires, aux égos des chercheurs et des instituts. Créative, foisonnante, laborieuse : c’est la science chaude où la connaissance se construit peu à peu. Ou bien parlons nous des théories coulées dans du marbre ? Destinées aux élèves et aux étudiants. C’est la viande froide à assimiler et qui constitue le socle. Une distinction vitale lorsque l’on veut s’adresser au grand public.

Le chercheur, le savant, le scientifique, le journaliste, le passionné… Quels sont leur but ? Transmettre des connaissances élaborées, toutes prêtes sur un plateau ? Ou faire participer un tantinet l’individu lambda au foisonnement des idées ? Lui faire découvrir les coulisses de la recherche ? Vulgariser la science est une démarche qui ne peut qu’être instructive pour tous. A condition de connaître les obstacles et les pièges. Lesquels ?

Tout d’abord maîtriser le sujet est essentiel. Sans cette maîtrise, il est aisé de s’embrouiller dans ses explications et de flouer le public. Les mieux placés seraient à priori les scientifiques eux-mêmes. Est-ce suffisant ? Je dirais non car le plus grand savant peut être un très mauvais pédagogue. Il faut avoir la capacité de transmettre. Vulgariser ne veut pas dire systématiquement simplifier. Vulgariser consiste à reformuler à partir d’un vocabulaire compréhensible et maîtrisé par le public. Les comparaisons et les images peuvent être utiles. Avec le risque toutefois d’induire une représentation erronée. Nous touchons à un remaniement des concepts. Il est aussi si facile de se perdre dans les détails. Nous avons tendance à vouloir tout montrer, tout dire. Fatale erreur qui garantit un éparpillement. Il est dur de choisir un angle d’attaque et de s’en tenir là.

Un autre écueil courant est l’emploi du vocabulaire technique. Si utilisé et si fréquent qu’il en deviendra une évidence pour le médiateur. Il oubliera alors qu’il n’a justement pas de sens ou si peu pour le public. Un exemple simple : ADN, gènes… Termes entrés dans le vocabulaire courant mais si peu compris au fond… L’évidence est vicieuse, troublante. La débusquer, la traquer dans les moindres coins et recoins réduit les risques d’une mauvaise transmission du sujet.

L’autre erreur est de se fonder sur le principe des vases communicants. Un savant face à ses incultes. Il les prend de haut et leur déballe un savoir frelaté tout prêt. Or, le public n’a peut-être pas les connaissances mais il a ses réflexions, ses sentiments, ses repères qu’il faut prendre en compte. Même si le sujet est en lien avec la viande froide, rien n’empêche que le public participe. Comment ? Par des débats, des échanges. Soit une élaboration de la science par des exemples concrets. C’est ce que je reproche à l’enseignement scolaire : aucune participation des élèves durant l’enseignement scientifique ou si peu…

Précisons qu’en France, la vulgarisation scientifique a une mauvaise image parmi les croquants et les croquantes qui se définissent comme une « élite ». Pour eux, vulgariser, c’est simplifier. Non, mille fois non ! Vulgariser consiste à s’adapter à l’interlocuteur. Savoir s’approprier ses repères, son vocabulaire pour l’amener progressivement au concept même de la thématique. A quoi bon écrire compliqué et joli si personne ne comprend ?

Peut être que la polémique vient du mot « vulgarisation » ? Ne vaudrait-il mieux employer « médiation », un terme que j’aime bien car il est plus proche de la réalité. Et tu sais quoi ? Moins vulgaire… Sachez, chers internautes, que j’essaie d’avoir en tête tous ces obstacles lors de l’écriture de mes articles. Je ne garantis rien mais sachez au moins que jamais je ne vous prendrais de haut. Je veux juste découvrir avec vous toutes les merveilles du Vaste monde et apprendre en même temps que vous. Mes propos sont peut-être erronés, inexacts, maladroits. N’hésitez pas alors à me corriger et à intervenir. C’est le fondement même d’un blog à ce que je sache.

Non ?

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20 ans d’information et de médiation scientifique
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