Handicap : patrimoine et urbanisme

Mosaïques : En vracMôa ! Et vous...

jeudi 31 janvier 2008

Cet après midi avait lieu une conférence sur la question du « Patrimoine et Handicap » ou, plus précisément, l’évolution des politiques et des actions institutionnelles des secteurs publics et privés. Autrement dit, quels sont les avancées en terme du handicap au niveau de :

  • la politique locale : celle d’une entreprise, France Télécom (Orange)
  • la politique régionale et nationale : culturel et urbain.

Cette conférence était prise en charge financièrement par la Caisse d’Epargne qui intervient en tant que mécénat dans de nombreuses activités dont des fondations de solidarité pour les personnes âgées, malades, exclus (illettrisme)..; Fait remarquable : les sourds pouvaient suivre les paroles des intervenants et les débats grâce à la vélotypie. Malheureusement, les interprètes en LSF (langue des signes française) brillaient également par leur absence criante ! Privant par la même occasion d’une partie de la population sourde de pouvoir suivre et de s’exprimer. C’est vraiment dommage qu’une fois de plus une solution est imposée alors qu’elle ne peut répondre aux besoins de tout le monde… Il reste encore bien des chemins à faire pour une réelle prise de conscience de la nécessité d’un panel de solutions pour satisfaire toute la diversité contenue dans un handicap… Qu’il soit moteur, sensoriel (audition et ouïe) et psychique !

France Télécom était représenté par M. GERMAIN, directeur de la « direction de l’accessibilité du groupe Orange ». Le début fut laborieux car il a commencé par une présentation du rôle des entreprises, de la mentalité et de la volonté affichées, de l’analyse du marché potentiel recélé parmi les clients en situation de handicap et pouvant toucher un public plus large. Que d’efforts pour tourner autour du pot, que de termes anglophones typiques du parler business pour atteindre enfin le sujet central ! Qui est l’amélioration et l’innovation des technologies de communication au service des personnes handicapées, en particulier les personnes sourdes (terme large qui comprend aussi bien les durs de la feuille que la cophose ou absence totale d’audition). Ces derniers ont vu leur vie quotidienne bouleversée par l’apparition d’Internet (mails, messagerie instantané, webcam..) et des téléphones portables (SMS, MMS…). Seulement, je suis intervenu pour préciser que ces technologies, apportant incontestablement une révolution pour l’autonomie des personnes sourdes, restent mal maîtrisées par de nombreux services ! Citons en vrac l’administration (préfectures, mairies…), la santé (hôpitaux, urgences, médecins…), etc. Beaucoup de retard et beaucoup de choses à faire pour évoluer les mentalités en somme… Cependant, la bonne volonté de M. GERMAIN n’est pas à remettre en cause mais il n’est pas tout seul au sein de l’entreprise…

La parole fut passée à Mme MAILLE, administratrice de la basilique de Saint-Denis et des tours de la cathédrale de Notre-Dame de Paris. Elle est également coordinatrice du pôle handicap Île-de-France du Centre des monuments nationaux, membre de la Mission « Culture et Handicap » du Ministère de la Culture et de la Communication, responsable du groupe de travail « Nouvelles technologies et handicap ». Un palmarès impressionnant qui reflète la réalité : elle est motivée à 100% pour la transmission d’un savoir culturel à un public de handicapés ! Ses compétences sont redoutables puisqu’elle a réussi à mettre en place, à la basilique Saint-Denis, des visites guidées en LSF pour les sourds, un parcours tactile pour les aveugles, des visites pour les rouleux (en fauteuil roulant), visioguides, audioguides et j’en passe ! Quelles que soient les applications, elles répondent à un même objectif : que le public puisse venir et comprendre ! Aussi bien pour les anciens monuments et musées que pour les nouveaux. Une composition hétéroclite qui ne facilite pas le travail entamé depuis 5 ans… Elle a abordé de façon pertinente la question de la chaîne d’accessibilité. Encore heureux si nous avons LE musée parfait mais qui ne sert pas à grand-chose si nous sommes incapables de s’y rendre, faute de transports adaptés. Ceci est un exemple parmi d’autres. Un autre facteur joue également : les aides mises en place ne garantissent pas la venue de ce public spécifique car il n’est pas habitué à fréquenter des milieux culturels… Cercle vicieux, quand tu nous tiens ! Qu’importe, le jeu en vaut la chandelle à condition que tous les efforts soient fournis et que les finances suivent d’où son appel à des partenariats avec des entreprises… Ce qui veut dire, en douce pour moi, la mauvaise volonté de l’Etat censé garantir des services publics de qualité… Cette partie fut très dense et je ne peux relater tous les détails !

Passons au suivant : M. GRÖSCHL, professeur co-titulaire de la Chaire Diversité & Perfomance, ESSEC Business School. Il vient du Canada et a donc apporté un point de vue inédit. Il a expliqué que la question de l’intégration sociale ne se pose pas car tout commence par l’éducation. Par exemple, les universités canadiennes connaissent le nombre d’étudiants handicapés accueillis et sont capables de fournir tous les équipements nécessaires à leurs besoins. Tout le contraire des universités françaises ! D’où son étonnement. Il a posé également le sujet de l’apparence physique et de la beauté en utilisant l’exemple des personnes au visage défiguré. Elles ne sont pas handicapées mais se retrouvent exclues de la société et donc se trouvent en situation de handicap. C’est-à-dire la notion du corps parfait qui se retrouve dans beaucoup de sociétés : regardez les magazines de mode ou people ! Au Canada, ce sont les définitions sociales d’un handicap qui dominent, contrairement en France où il est abordé du point de vue purement médical au détriment de l’insertion sociale… Mme MAILLE intervient en précisant que les choses évoluent, notamment dans la prise de conscience de la diversité au sein de la référence handicap. Pas seulement moteur mais aussi sensoriel et psychique sans oublier la variété contenue dans chaque type de handicap…

La conférence se termine par la présentation de l’évolution des villes au cours de l’histoire par M. LATERRASSE, directeur du laboratoire « Ville, Mobilité », École Nationale des Ponts et Chaussées (ENPC). J’avoue que je me suis endormi à la fin… Il lisait son texte ! Un ton monocorde, aucune expressivité et un défilement accéléré des images projetées en powerpoint. C’est fort dommage car le sujet, bien que dense pour une durée de 20 minutes, est très intéressant ! Le peu que j’ai suivi à déjà remis en cause ma perception des villes et de l’espace urbain. Transports, logements, orientation des services, etc. Je regrette une fois de plus l’absence de lien entre son discours et le handicap. Il aurait mieux fallu le placer au début et non à la fin de la conférence…

Je sens que tu t’endors aussi et je te laisse cuver des mots (à moi que tu aies déjà décroché au passage ?). Sache que je voulais simplement partager cette expérience du handicap qui me touche personnellement car, pour ceux qui ne savent pas, je suis sourd profond de naissance et tous ces concepts ne me sont pas théoriques ni même abstraits. Ils touchent profondément à ma vie quotidienne, à mon vécu et à ma perception du monde environnant ! Autant de points de vue enrichissants qui m’aideront à construire patiemment un monde idéal ouvert à tous !

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