L’argument c’est contre nature ou c’est contraire à la nature est souvent utilisé pour blâmer les découvertes de la Science. Sachez que cet argument me hérisse les poils à cause de sa formule toute faite. On l’assène comme une Vérité immuable et toute réflexion s’en trouve automatiquement bloquée. Prenons deux exemples simples.

Homosexualité ?
Quoiqu’en dise les prudes, marginaux et puritains, la norme sexuelle n’existe pas. En témoigne l’observation de coïts entre partenaires du même sexe : lions (le roi de la jungle qui aime tant rugir), bonobos (singes les plus proches de l’homme avec le chimpanzé), lézards, manchots…  Ce qui n’empêche pas le maintien de l’espèce au cours du temps. A l’heure actuelle, aucune base biologique de l’homosexualité n’a été démontrée. Innée ou acquis ? L’éternel question… Les stratégies sexuelles pour la transmission de ses gènes sont très variées, au point d’en ridiculiser l’Humain, pauvre être à l’imagination minable !

Clonage ?
Voilà un domaine qui a suscité de nombreuses réactions vives, de multiples débats, des phrases portant tout le poids de leur sentence. Un sujet très controversé en somme. Et les jumeaux ? Les vrais de vrais qui contiennent exactement le même patrimoine génétique ? C’est même bien plus que du clonage car toutes les techniques actuelles ne se rapprochent pas (pas encore) de cette uniformité quasi parfaite (remarque : leur vécu et leurs expériences sont différents). Sans parler de nombreux êtres vivants qui ont choisi une reproduction asexuée. C’est-à-dire la reproduction de la « mère » en une copie conforme en tout point de vue : virus, bactéries… Mais aussi certains insectes (pucerons…)

La comparaison avec la Nature est un non sens car elle n’est pas la norme que l’on voudrait voir ou imposer. La Nature est l’ensemble des interactions complexes entre tous les êtres vivants et le milieu. Toutes ces interaction forment un écosystème qui évolue et varie sans cesse. La justice, l’injustice, le sens moral, l’immoral, l’égalité, l’inégalité, le bien, le mal se distinguent par leur absence. L’Humain (terme que je préfère car il englobe aussi bien l’Homme que la Femme) serait même un très bon exemple des partisans du « contre nature » puisqu’il est le seul capable de développer l’abstraction à un niveau élevé.. Capacité que nous ne trouvons pas dans la Nature, du moins pas aussi poussée ! Du point de vue biologique, je le répète, il s’agît d’un non sens.

Plutôt que de dire bêtement c’est contre nature en copiant son voisin (oui ! Toi, j’t’ai vu !), il est plus juste de le réutiliser dans le sens c’est contre culture. Dans chaque société, une norme culturelle et morale prévaut. Elle façonne la vie de chacun au sein de cette société et cette norme varie selon les civilisations. Attention à ne pas aller vers l’autre extrême. Les exemples cités plus haut, sous prétexte qu’ils sont « naturels », ne doivent pas supprimer l’importance de l’éthique qui est l’étude des principes fondant la morale. Quoi de plus normal que s’interroger sur les limites et les dérives de la science ? Car elle peut bouleverser profondément la structure et l’organisation d’une civilisation et, par conséquent, de la Nature. N’oublions pas que le rapport entre une civilisation et la nature environnante est étroit et unique.