Mon article sur les changements de couleur des poulpes abordait les différents types cellulaires du derme (couche de la peau située juste sous l’épiderme) responsables des extraordinaires capacités de camouflage des céphalopodes (poulpe, calmar et seiche).

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Or, ces mêmes cellules confèrent également aux céphalopodes la capacité de communiquer entre eux tout en restant imperceptible aux autres espèces. Comment ? En utilisant la lumière polarisée grâce au contrôle des iridophores. C’est du moins ce que révèle une étude menée par Roger Hanlon et sa collègue de Woods Hole, Lydia Mäthger.

En effet, en traversant l’eau, les champs électriques et magnétiques des rayons du soleil sont filtrés de sorte qu’ils n’oscillent que dans un seul plan. Les céphalopodes peuvent non seulement percevoir cette polarisation de la lumière, mais ils sont également capables d’envoyer des signaux polarisés grâce à leurs iridophores, en contrôlant cette polarisation par l’espacement entre leurs réflecteurs. Cette lumière polarisée traversant les pigments des chromatophores, situés au-dessus des iridophores, sans en être altérée, les seiches peuvent envoyer des messages secrets tout en restant parfaitement camouflées.

Curieusement, la clarté du signal ne varie pas selon la position ou le mouvement de la seiche : les iridophores sont disposés et contrôlés de telle façon que le signal de lumière polarisée émis ne varie que très peu, même si la seiche fait la holà. En d’autres termes, ces animaux peuvent simultanément, si besoin est, se camoufler, se déplacer et envoyer des signaux secrets. Du reste, outre modifier les motifs et la texture de leur peau, les seiches adoptent également certaines postures ou certains mouvements qui leur permettent de disparaître dans leur environnement.

Pouvoir se déplacer tout en restant camouflé et en même temps communiquer secrètement uniquement avec ses semblables. Ça c’est le top du top de la discrétion ! Harry Potter peut aller se rhabiller avec as fumeuse cape invisibilité. Je vous invite à parcourir ce passionnant article du Courrier International sur les seiches d’où sont tirées les citations. Nous apprenons également que les seiches sont capables d’adapter leur stratégie de survie en fonction des types de prédateur, une caractéristique peu répandue parmi les êtres vivants paraît-il.

Cependant, un mystère demeure : comment expliquer leur système de camouflage et de communication invisible alors qu’il semblerait que les seiches sont daltoniennes et ne perçoivent que les tons verts ? Mystère et tentacule de gomme !