Ayé, la connexion Internet est établie et l’errance de l’Arlequin prend fin. Profitons en pour envoyer du lourd lors la reprise du blog et je te préviens, ça va être de la science crade alors, âme sensible, passe ton chemin. Non ? Te voilà frétillant de curiosité malgré tout ? Bon, bon, ne me dis pas que je ne t’aurais pas prévenu.

Il est des pensées qui font des parallèles incongrues entre deux sujets très différents. Je pensais aux nourrissons qui sont très forts pour saloper de merde leur petit derrière tout rose et vazy que je te babille l’air meugnon et splash ! Bref, passons… Des ours polaires, sans que je le sache pourquoi, ont surgi dans mon esprit : blancs sur un paysage blanc, parmi les glaces et la neige. Tiens, au fait, même leur derrière est tout blanc ! Diable, comment font-ils pour ne pas avoir des traces de merde dans les poils ? Aôw, c’est LA question à laquelle ont tenté de répondre plusieurs générations de scientifiques de tout poil. Faisons le tour des hypothèses.

Ours polaire adulte

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La plus basique : les mères nettoient leurs petiots en les léchant comme le font les chats. Seulement, aucune observation sur le terrain n’a rapporté ce comportement. Et cela n’expliquerait pas comment les adultes restent blancs. Ils ne sont pas suffisamment souples pour tâter leur croupion. A moins qu’ils ne le font mutuellement, tel les séances de dépouille des grands singes mais là encore l’absence d’observations malmène cette hypothèse.

La plus évidente : les ours polaires sont d’excellents nageurs et leur mode de vie est aussi bien terrestre qu’aquatique. En nageant, les traces se diluent dans l’eau et hop, c’est dans la poche bibi ! Mais n’oublions pas les températures négatives qui règnent dans ce milieu et qui durcissent n’importe quelle matière, au point qu’il est difficile de les diluer dans l’eau. De plus, le temps de nage n’est pas suffisant pour obtenir un nettoyage efficace et systématique. Je te passe les détails sur les expériences menées sur ces pauvres bêtes…

La plus audacieuse : un parallèle osé a été fait avec les manchots de l’Antarctique. Ces derniers ont pour particularité de déféquer hors de leur nid grâce à la pression phénoménale produite par leurs anus : ils chient jusqu’à 40 cm plus loin ! Leur nid reste alors propre. Essaie un peu d’en faire autant. D’ailleurs, un prix Ig Nobel sur le thème de la dynamique des fluides a été décerné en 2005 pour cette recherche menée par Victor Benno Meyer-Rochow et József Gál. Las ! Cette hypothèse doit être également écartée, faute d’observations probantes.

Distance du jet de défécation des manchots

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La plus bizarre : finalement, il aura fallu attendre d’en savoir plus sur les concombres de mer avant de trouver enfin l’explication à la blancheur immaculée des ours polaires. L’article de Taupo, Les dents (de l’anus du concombre) de la mer, présente en détail ces drôles de bestiaux. C’est à la fois absolument dégueulasse et passionnant. On apprend, entre autre, qu’un poisson peut vivre dans le fion d’un concombre de mer. Et même se nourrir de parasites qui se pointent dans cet orifice peu ragoutant : protozoaires, mollusques. vers marins, crabes et j’en passe.

Un poisson dans l’anus d’un concombre de mer

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Pourquoi pas la même chose sur un mammifère ? Bingo ! Après une lente prospection sur le terrain, longue et fastidieuse, un poisson a été déniché ! Non, pas dans le fion des ours polaires, quand même pas non, mais pas loin. Il s’agit du rondeau mouton ou spare tête-de-mouton ou encore Archosargus probatocephalus pour les plus érudits. C’est une espèce de poissons commune des fonds marins nord-américains. Regarde ses dents : elles ressemblent beaucoup à des dents humaines, tu ne trouve pas ?

Un rondeau mouton et ses dents

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Un rondeau mouton adulte dispose d’une rangée d’incisives en haut et en bas. Puis des molaires sur trois rangées sur la mâchoire supérieure contre deux rangées sur celle inférieure. Il a également de puissants broyeurs fixés à l’arrière qui sont particulièrement importants pour concasser les coquilles de ses proies. Étant omnivore comme les humains, cette combinaison unique de dents facilite l’ingestion d’une grande variété d’aliments.

Détails sur les dents du rondeau mouton

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Il faut cependant attendre que le spare tête-de-mouton atteigne 15 mm de long avant de disposer de toutes ses incisives et que les dents du fond commencent à se développer en molaires. Une fois atteint 50 mm de long, le rondeau mouton sera apte à s’attaquer à une nourriture plus robuste, des proies blindées comme les échinodermes, les balanes, les palourdes, les crabes et les huîtres.

Quel rapport avec les ours polaires ? J’y viens, j’y viens ! Quand les spares sont jeunes, il ne peuvent se nourrir que de corps mou et ils sont très vulnérables. C’est pourquoi ils vivent à proximité des ours polaires et plus précisément à côté de leur fion pendant la nage des mammifères. C’est l’occasion pour les poissons de faire bombance en se nourrissant de matière fécales très riches en éléments nutritifs dû au régime carnivore des ours polaires. En plus, qui oserait titiller ces grosses bêtes ? Tout le monde est content :nourriture et sécurité pour les spares contre blancheur unie pour les ours polaires (important pour le camouflage).

Il semblerait même que des ours polaires trempent leur derrière au bord de la banquise en remuant la queue. Mais là, j’avoue que je n’y crois plus trop…

Tu n’y crois plus trop non plus ? Bravo, tu n’es pas si nigaud que ça et lis la suite pour en savoir plus : Un peu trop cousu de poils blancs, non ?