Les gésiers et les gastrolithes : quésaco ?

Mosaïques : FocusScience

dimanche 15 mai 2016

Les gésiers, j’aime bien en manger, soit confits, soit en salade ou encore un poil poêlés, miam ! Je sais que ça vient des piafs et que ce sont des poches contenant des cailloux qui vont broyer les aliments. Et c’est tout ! Rooooh, la honte je me suis dis et me voilà sur le Net à essayer d’en savoir plus. Toi aussi, ça ne te dit pas grand chose ? Alors, découvrons les gésiers ensemble !

Gésiers poêlés

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Les gastrolithes

Avant de parler du contenant, penchons-nous un peu sur le contenu : des petits cailloux volontairement avalés par certaines espèces de vertébrés. Ils sont stockés soit dans l’estomac, soit dans le gésier. Ce sont les gastrolithes, du grec ancien gaster, « ventre ou estomac » et lithos, « pierre ». Ils sont aussi parfois appelés « pierre d’estomac » ou « caillou de gésier ».

OK, Ok, t’as compris que c’est de la pierraille qu’ils bouffent ! Ce comportement semblerait répondre à plusieurs objectifs :

  • Faciliter le broyage des aliments dans l’estomac ou le gésier et donc la digestion, que l’animal possède des dents ou pas.
  • Apporter des minéraux (calcium) ou des oligoéléments d’intérêt alimentaires. Grâce à cet apport de calcium, la poule peut fabriquer ses œufs par exemple.
  • Lester certains oiseaux ou reptiles afin de faciliter leur plongées sous l’eau.

Tu auras aussi compris que les gastrolithes se retrouvent chez tous les oiseaux, certains reptiles comme les crocodiles et même quelques dinosaures tels que les sauropodes ou les théropodes. En effet, des pierres fossilisées ont été retrouvée entre les côtes ou à l’intérieur de la cage thoracique de certains dinosaures herbivores. Encore une fois, ces gastrolithes cisaillaient les morceaux de fougère et réduisaient en poudre les feuilles de ginkgos (l’herbe était encore rare à cette époque).

Gastrolithes entre les cotes d’un Psittacosaurus

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On en a même retrouvé dans les restes fossilisés d’un Elasmosaurus, un plésiosaure du Crétacé supérieur. D’où la thèse que ce reptile marin était un prédateur à l’affut qui utilisait ses gastrolithes comme une sorte de lest, tout comme les manchots actuels (si, si, y’a de la pierre entre les glaces de l’Antarctique).

Pour aller plus loin, savais-tu que la taille et le grain (plus ou moins lisse) dépend de l’animal et de ses besoins ? Certains animaux choisissent des cailloux siliceux bien arrondis et d’autres des cailloux de type pierre ponce très râpeux. Et même certains oiseaux vont jusqu’à choisir la couleur des cailloux !

Pour certains oiseaux, la puissance de broyage et d’usure de l’estomac devient très grande. Il paraît qu’une dinde est capable d’écraser dans son gésier un bout de tuyau de plomberie capable résister à une pression de 40 kg/cm2 ! Des oies et des autruches ont même été « utilisées » pour donner rapidement une apparence antique à des copies récentes de statuettes ou de monnaies anciennes. L’histoire ne dit pas si les pauvres bêtes souffraient des hémorroïdes ou d’empoisonnement à certains métaux toxiques comme le plomb… Alors, ait pitié de la dinde et fais lui bouffer un bout de tuyau en cuivre et non en plomb.

Le système digestif des oiseaux

Les mammifères diffèrent par leur mode de vie et par leur alimentation. Ainsi, le système digestif de la vache est différent du notre. Il en va de même pour les oiseaux où le système digestif varie selon les espèces. C’est pourquoi j’ai choisi un modèle « général » pour décrire les différentes parties, du bec au cloaque.

Appareil digestif aviaire
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L’œsophage et le jabot : la nourriture, avalée par l’oiseau, est mélangée à la salive. Cela permet de faciliter le passage vers l’œsophage tout en commençant la dégradation de la nourriture via des enzymes présentes dans la salive. Ensuite, elle se dirige vers le jabot, une sorte de poche d’attente où elle va continuer à se ramollir avant de rentrer dans l’estomac.

Cette poche est de taille variable selon les espèces. Les granivores, par exemple, vont accumuler très rapidement une grosse quantité de graines en terrain découvert avant de se mettre à l’abri. Là, ils pourront entamer tranquillement leur digestion. Quant aux perroquets, ils vont se servir de cette nourriture ramollie pour la régurgiter à leurs petits. Pour les pigeons et les colombes, ils en sortiront une sorte de « lait » pour les alimenter durant les premières semaines. Ainsi, le jabot remplit des rôles divers.

L’estomac : il se divise généralement en deux parties, une glandulaire et une musculaire. Une fois sortie du jabot, la nourriture se dirige vers le proventricule qui correspond à la partie glandulaire. Là, des glandes spécialisées sécrètent le suc gastrique, nécessaire à une digestion chimique des éléments composant le bol alimentaire.

Puis, elle est emmenée vers la partie musculaire de l’estomac : le gésier (ou ventricule). Il s’agit d’un organe à parois épaisses et musculaires qui ne possèdent pas de glandes. Grâce à ses mouvements et aux gastrolithes présentes dans le gésier, la nourriture sera broyée. Pratique quand tu sais que les oiseaux n’ont pas de dents ou que les crocodiles avalent leurs proies sans les mâcher ! Il arrive même que les aliments circulent, si nécessaire, dans les deux sens, du pro-ventricule au ventricule et vice-versa pour une meilleure décomposition de la nourriture.

Chez de nombreuses espèces d’oiseaux, le gésier joue également un rôle de filtrage en isolant les éléments non digestes tels que des os, des poils, des plumes, des dents, des arêtes de poisson, des fragments de coquille trop durs, etc. Grâce aux mouvements musculaires, ces résidus sont rassemblés sous forme de boulettes compactes appelées « pelotes de réjection » tandis que les parties digestibles sont dirigées vers l’intestin. Ces pelotes sont rejetées par le bec lorsqu’elles ont atteintes une certaine dimension. Pour faciliter leur transit et maintenir leur cohésion, les boulettes sont enduites d’un film de mucus. Grâce aux pelotes, tu peux connaître le régime alimentaire des hiboux, chouettes, pies-grièches, hérons, cormorans, cigognes, huîtriers, mouettes, goélands, martins-pêcheurs…

Pelotes de réjection de rapaces nocturnes

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Le petit intestin : c’est l’organe principal de la digestion et de l’absorption du bol alimentaire. La nourriture y entre depuis le gésier via une valve appelée le pylore. Celui-ci permet le passage en petites quantités des aliments afin de faciliter la digestion. Le petit intestin est divisé en trois sections : le duodénum, le jéjunum, et l’iléum. La nourriture est décomposés par des enzymes en particules très petites (protéines, glucides, lipides…). Le tout passe ensuite dans les capillaires sanguins via les micro-villosités qui tapissent les parois de l’intestin. Elles permettent une grande surface d’échange et facilitent l’absorption dans le sang.

Le gros intestin : sa fonction primaire est d’absorber l’eau et il contient un minimum d’aliments non digestibles. Pour permettre aux oiseaux de rester légers pour le vol, ils sont éliminés aussi vite que possible. Le gros intestin abrite aussi des bactéries qui métabolisent les aliments restants, fabriquent des vitamines et les absorbe de nouveau avec l’eau. Quelques oiseaux (autruches, poules…) ont des cæcums appareillés qui hébergent des bactéries qui facilitent la dissolution de la cellulose alors que les perroquets (entre autres) n’ont pas de caecums.

Le cloaque : il reçoit les déchets du gros intestin et les fluides des systèmes urinaires et reproducteurs. Autrement, c’est le même orifice pour déféquer et copuler ! Il est fermé par le muscle de l’anus. Il est même divisé en trois parties : le coprodaeum (reçoit les déchets du gros intestin), l’urodaeum (reçoit l’urine des reins et le sperme ou les œufs des gonades sexuelles) et le proctodaeum (stocke temporairement et éjecte les déchets). La couleur blanche de la fiente vient des urates (sels ou cristaux comme le sodium, le calcium…) tandis que les autres couleurs, bruns ou verts, proviennent de ce que l’oiseau a mangé.

Fiente d’oiseau

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Pour finir…

Comme dit plus haut, le système digestif des oiseaux varie selon les espèces. Le gésier a une taille plus grande chez les granivores tandis que les cæcums sont petits chez les rapaces, voire inexistants pour les perroquets. Voici un comparatif entre le tube digestif de la poule (à gauche), de l’autruche (au milieu) et de la buse à queue rousse (à droite).

Tubes digestifs de…
Poule, autruche et buse.
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(1) proventricule, (2) gésier, (3) petit intestin,
(4) cæcum, (5) gros intestin.

Dans tous les cas, si tu veux profiter de tes gésiers à table, confits, en salade ou un poil poêlés, t’as intérêt à bien retirer les gastrolithes sinon gare aux dents ! Et là, c’est pas une pelote de réjection qui va en ressortir… Ah merde, tu ne t’étais pas rendu compte qu’en fait, tu aimais manger des bouts d’estomac d’oiseaux ?

En savoir plus…
Le système digestif des oiseaux
L’alimentation des dinosaures
Les pelotes de réjection
Le diagnostic des fientes d’oiseaux

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2 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. abdelmonem

    je cherche des informations sur l’appareil digestif de la dinde

    samedi 14 janvier 2017 à 12 h 37 min
  2. Sirtin

    C’est difficile à trouver, il vaut mieux voir dans les ouvrages d’anatomie dans les bibliothèques par exemple. Et encore !

    dimanche 15 janvier 2017 à 18 h 01 min

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