OUAAAAAaaah !

Mosaïques : HumanusScience

vendredi 11 janvier 2008

Jolie Lectrice, charmant Lecteur, tu vaques à tes occupations quand soudain !

  1. Tu ouvres grand ta gueule pour une ample, lente et profonde respiration qui gonfle ton thorax.
  2. Tu étires ton corps (membres et corps) avec une apnée brève (inconsciente ?).
  3. Tu expires tout en te ramollissant.

Pas de doute, tu viens de bailler à t’en décrocher la mâchoire ! Tu est fatigué(e) et pour cela tu as reçu un signal qui éveille momentanément ta vigilance et te préviens d’une chute de l’attention (dû à l’ennui également). C’est du moins l’une des explications les plus courantes mais explique-t-elle tout ? Une observation, censée renforcer cette cause est la présence du bâillement chez tous les êtres vivants ayant une mâchoire : reptiles, oiseaux, mammifères, poissons… P’tit hic : il n’est communicatif que chez l’Humain. Pourquoi ? L’une des hypothèses avancée est, je cite :

C’est un réflexe de sociabilité que nous avons hérité des primates et surtout des grands singes dont nous faisons partie. L’étude éthologique des primates révèle qu’à certains moments, un groupe entier se met à bâiller ensemble, sans qu’un individu ne puisse percevoir l’autre de quelque manière que ce soit, ni visuellement, ni auditivement, ni olfactivement. Le bâillement permet d’apaiser les tensions, d’établir une cohésion à l’intérieur d’un groupe et d’enlever l’agressivité de quelque individus. C’est la base de l’empathie réfléchie : comprendre le ressentiment de l’autre, ressentir soi-même ce que l’autre ressent. La réplication du bâillement s’apparente au décryptage d’une émotion, d’un état de vigilance d’autrui à un niveau automatique non conscient permettant une synchronisation d’état de vigilance entre individus, qu’on pourrait qualifier d’empathie instinctive involontaire.

Pour faire court, bailler permet de synchroniser l’état de vigilance entre plusieurs individus. Pourquoi pas ? Je reste quand même sceptique devant cette hypothèse simpliste. Après tout, il suffit de visualiser une image, une personne ou une vidéo sur ce sujet pour être aussitôt pris d’une irrésistible envie de… tu l’as deviné ! Moi même je m’amusais souvent à provoquer une réaction en chaîne dans un groupe qui finissait par me contaminer de nouveau. Bien sûr, si tout le monde est fortement concentré, soit un état de vigilance élevé, les chances sont plus minimes. Bien que la vue soit un puissant stimulant, elle n’explique pas tout. Lis un texte et tu sauras convaincu. Pense également aux aveugles qui baillent (et braillent) ! D’autres mécanismes entrent donc en jeu : l’olfaction ? L’ouïe ? Le contexte ? Le temps interne de notre cerveau ? La perception des mouvements respiratoires ? Un peu de tout ?

Au fond, nous ne savons pas grand chose: peu d’études physiologiques ont été menées sur l’acte même de bailler et je ne veux pas entrer dans les détails. Deux choses sont sûres : il reste encore à faire pour élucider les mécanismes aussi bien neuronales que sociologiques et tu as baillé à la lecture du texte ou face à cette photo !

Bâillement de deux personnes
[Source image]

En savoir plus…
Le bâillement, tout savoir en quelques lignes
Pourquoi baille-t-on ?
Et bâiller de plaisir…

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