Merci à ma douce de m’avoir fait découvrir ce livre d’Anne Larue et de Magali Nachtergael, Histoire de l’art d’un nouveau genre. La première est professeur de lettres et historienne de l’art française. La deuxième est maître de conférences et spécialiste de littérature, culture et arts. Les deux ont en commun la volonté de rétablir l’art dans toute sa diversité.

[Scan couverture]

J’ai toujours détesté l’art avec un grand A où il faut s’agenouiller devant le génie et fermer sa gueule car on n’y connaît rien, surtout quand on n’aime pas. C’est de l’art qui chie du marbre avec ses grands airs pontifes et ses phrases long comme mon bras (d’orang-outang). Bref, de la branlette intellectuelle d’une certaine catégorie qui se qualifie « d’élite » et qui gicle sur tout le monde, ces mécréants qui ne sauraient apprécier l’art ! Si tu es comme moi, alors ce livre est fait pour toi. Et si tu est également comme moi à être consterné devant le peu de place fait aux femmes de manière générale, alors ce livre est doublement fait pour toi !

Oui, Histoire de l’art d’un nouveau genre est féministe et ça fait du bien. Féministe dans le sens où les deux auteures démontrent la place essentielle des femmes dans la production artistique et ceci depuis la préhistoire ! A travers ce prisme se dévoile également la mainmise d’une représentation dominante à travers les siècles : celle du génie solitaire, mâle et blanc de surcroît. Et nous la subissons encore de plein fouet sur plusieurs médiums : le cinéma, la littérature, la publicité, etc.

Par exemple, les décorations des grottes préhistoriques ont été réalisées par des groupes majoritairement féminins. Ou encore que que tel « grand maître » n’était jamais qu’un patron d’atelier qui employait épouses et élèves de tout genre. Savais-tu qu’au Moyen Âge, les nonnes ont réalisé des tapisseries et des manuscrits enluminés ? Qu’à la Renaissance, des filles étaient formées à se rendre utiles (anonymement) dans l’atelier de leur père ? Etc, etc.

Ce que j’ai bien aimé dans le livre est à la fois a réhabilitation de l’apport des femmes dans les productions artistiques et le dévoilement de la pression que subissent les hommes. Ces derniers doivent également entrer dans un moule bon gré mal gré. En témoignent les réactions violentes contre le mariage homosexuel. Par contre, n’étant pas doué en histoire de l’art, je ne suis pas sûr d’avoir tout compris, notamment certains tableaux qui me semblaient hors de propos par rapport aux textes. A part cela, le livre est quand même abordable par les curieux de tout poil.

Ce qui m’a le plus frappé est cette double photo ci-dessous. A gauche, la photo montre ce que voit une femme enceinte qui regarde ses pieds : les seins et l’abdomen sont au premier plan dans le champ visuel tandis que le visage, le torse et les fesses ne peuvent être vus. La femme enceinte voit jusqu’au nombril la partie supérieure de son corps. Lorsqu’elle regarde par delà l’abdomen, la partie inférieure s’effile ensuite, réduite au tiers plutôt qu’à la moitié. A droite, le même point de vue pour la Vénus de Lespugues qui est une petite statuette vieille de -22 000 ans avant Jésus-Christ.

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Jusqu’à maintenant, ce genre de statuettes était attribué aux hommes qui voulaient représenter ces disproportions anatomiques pour des raisons symboliques (fécondité) ou psychologiques (érotisation du corps). Et si c’était tout bêtement des femmes qui les avaient sculptées pour se représenter telles qu’elles se voyaient en l’absence tout miroir ?! Sacré changement de perspective…

Pour finir, si tu n’es pas convaincu par la diversité cachée de l’art, je te conseille de faire un tour sur les dessins de Diglee qui vie la misogynie présente dans le bac de littérature : Femmes de lettres, je vous aime. Ne soyons pas hommes, ni femmes. Soyons humains et assumons notre plein potentiel au lieu de vouloir réduire l’humanité à seule part, une seule vision des choses !