Le soir, fatigué, je n’ai plus qu’une hâte : profiter de l’air en mouvement sur le balcon puis contempler la chaîne des Alpes, dans l’espoir d’apercevoir le Mont Blanc rosi par le coucher du soleil. Et enfin, manger sur le balcon, torse nu, le vent joueur sur mon torse velu (privilège que n’ont pas certains beaufs…).

Mazette, les couchers de soleil admirés depuis ma chambre sont tout simplement magnifiques en ce moment ! Il n’y en a pas un seul identique. Que dire de cette photo qui sublime les lignes de jet des avions ? Presque toutes sont parallèles. Est-ce la vision d’un chemin aérien vers je ne sais quelle destination exotique où le vent libère sa joie sur d’autres torses velus ?

Et celle-là où le soleil brille sur des fines flèches nuageuses, avec un dégradé de couleur du bleu vers le jaune en passant par l’orange ? Il me tarde de chevaucher ces nuages avant de faire le tour du fol Sol !

D’autres soirs, le style est nettement moins flamboyant. Le coucher se fait plus ouateux et plus discret avec des tons soyeux de bleu doux et un zeste de rose pêche au fond. Le ciel invite alors au zen et à la contemplation.

C’est dans ce contexte que j’aperçus deux étoiles brillantes dans le crépuscule. Si la première à gauche est bien visible, la deuxième, un peu plus haut à droite, nécessite une plus grande attention et s’observe du coin de l’œil. Tiens donc, je ne me rappelle pas les avoir vues avant !

Attendons la nuit complète pour voir ce que ça donne. Il est 23h et les étoiles sont bien plus visibles. En plus, celle du bas s’est déplacée pour se positionner en-dessous de l’autre (à moins que ce ne soit l’inverse ?).

Zoomons un peu plus. Il en ressort que l’étoile du haut est rouge et moins brillante que l’étoile du bas, de couleur jaune. Pas évident de faire la mise au point avec mon appareil photo. Est-il possible de zoomer encore plus ?

Après de multiples tentatives, je suis content d’avoir réussi ce cliché avec le zoom au maximum. Il a été pris le mardi 30 juin 2015 vers 23h30 de mémoire. La distance entre ces étoiles paraît très courte, au point qu’il est possible de les masquer avec l’index, bras tendu. Les couleurs sont plus visibles : étoile rouge peu brillante en haut et étoile jaune brillante en bas.

En fait, j’ai tout bonnement admiré les planètes Jupiter (en haut) et Vénus (en bas) ! Par un coup de bol incroyable, j’ai assisté à une conjonction rarissime qui n’était pas arrivée depuis 2000 ans ! A cette époque, en l’an 3-2 avant JC, cette conjonction planétaire était désignée sous le nom d’étoile de Bethléem. Par hasard, trois rois Mages l’ont contemplée et la suite vous connaissez… Enfin, il s’agit d’une théorie car au fond nous ne savons pas vraiment ce qu’est que l’étoile de Bethléem, nuance !

Depuis plusieurs mois, Vénus et Jupiter étaient visibles dans le ciel du soir et, de jour en jour, se rapprochaient par effet de perspective avant d’atteindre leur paroxysme le mardi 30 juin. Ce soir là, elles sembleront littéralement collées l’une à l’autre en formant un couple éclatant. Leur écartement sera seulement de 0,3 degré, c’est-à-dire presque deux fois moins que la taille apparente de la Lune ! Comme je l’ai constaté, il est alors possible de les cacher en levant uniquement le petit doigt vers l’horizon crépusculaire, bras tendu. Puis, elles s’écarteront progressivement jusqu’à disparaître cet été.

Bien que plus brillante objectivement, Jupiter se trouve plus loin que Vénus (907 millions de kilomètres contre 78 millions de kilomètres). Ce qui explique que Vénus brille plus à nos yeux dans le ciel terrestre. Je ne suis pas calé en astronomie mais il semblerait que ce type d’événement se produit parce que le système solaire est relativement plat avec des planètes gravitant plus ou moins en orbite sur un plan appelé l’écliptique. Vénus peut s’écarter de plusieurs degrés par rapport à ce plan et c’est entre autre sa position qui détermine la conjonction.

Je me demandais ce que cela aurait donné avec un télescope, même peu puissant. En tout cas, je suis very happy d’avoir pu observer et photographier cette conjonction sans préparation. Et tout ça grâce aux sublimes couchers de soleil !