Encore une fois, grâce aux actions du LabEx CORTEX et à la présence d’interprètes en LSF, j’ai pu suivre trois conférences sur le rapport entre le cerveau et le langage.

• Ce que l’oreille perçoit et ce que le cerveau entend. Par Annie Moulin, chercheuse au Centre de recherche en neurosciences de Lyon (CRNL) – LabEx CELYA (Centre lyonnais d’acoustique).

• Apprentissage de la lecture : peut-on réduire les inégalités à l’école ? Par Annie Magnan, chercheuse au laboratoire d’Etudes des mécanismes cognitifs (EMC) – LabEx CORTEX (fondements biologiques de la cognition).

• Langage et maladie d’Alzheimer. Par Frédérique Gayraud, chercheuse au laboratoire Dynamique du langage (DDL) – LabEx ASLAN (Études avancées sur la complexité du langage).

Le cerveau et le son

Bien qu’ayant raté le début de 10 minutes pour cause de travail, j’ai quand pu saisir que la première conférence abordait la manière dont notre cerveau traitait les informations sonores. Surtout dans un environnement bruyant où plusieurs personnes parlent en même temps. Dans un cocktail par exemple. Dans ces conditions, comment arriver à extraire le sens des phrases quand elle sont perçues de façon incomplète ? Quel est le seuil où tout devient intelligible ?

Il en ressort, entre-autres, que les informations visuelles peuvent aider à compléter les informations sonores. Se concentrer sur le visage de l’interlocuteur afin de lire sur ses lèvres (consciemment ou non) est une des stratégies développées. Ou bien, pour les personnes en perte d’audition, d’activer le sous-titrage à la télévision pour mieux comprendre les dialogues.

C’était intéressant car j’ai eu pas mal de vécu tant du côté de mes grands-parents qui connaissent une baisse progressive de leur audition que de mon expérience personnelle où ce sont les informations sonores qui complètent les informations visuelles. Le processus est inversé et montre bien que nous utilisons toutes les potentialités pour comprendre (et se faire comprendre).

Le cerveau et la lecture

La deuxième partie m’a fortement évoqué le livre de Stanislas Dehaene, Les neurones de la lecture. Sans grande surprise, cette conférence confirme les connaissances déjà acquises dans ce domaine. A savoir qu’un lecteur expert est passé par un apprentissage qui lui a permis d’associer entre-eux : les lettres, les syllabes, la prononciation sonore, l’orthographe et les différents sens d’un même mot.

Il s’agit d’un processus complexe qui n’a rien de biologique. D’où la nécessité d’un apprentissage, à condition qu’il soit adapté. La dyslexie est un exemple parmi d’autres. J’oublie de préciser que le thème porte sur les langues alphabétiques comme le français. Le japonais est une langue syllabique et le processus d’apprentissage de la lecture est du coup différent. Bref, je fais court car j’y reviendrais dessus. Ce thème m’a toujours passionné et se pose la question des sourds : comment devenir un lecteur expert si l’on n’entend pas et que l’on ne parle pas ? D’ici là, vous pouvez lire cet article de CORTEX Mag, Lecture : comment mieux accompagner les élèves en difficulté.

Le cerveau et le déclin du langage dans la maladie d’Alzheimer

J’avoue que j’ai décroché sur la troisième partie. Ceci pour plusieurs raisons : la fatigue accumulée de la journée et de la concentration développée pour suivre les autres intervenants. Un thème qui m’accroche moins et bon nombre de termes techniques pas forcément folichon pour le grand public.

Cependant, j’ai apprécié l’approche originale dans l’analyse de l’évolution du langage chez les personnes ayant la maladie d’Alzheimer. Son déclin est comparé au développement du langage chez l’enfant. Ce dernier acquière d’abord les noms puis les verbes. Faut-il alors s’attendre à que les malades perdent d’abord les verbes puis les noms ? Eh bien non, pas du tout, ce sont les noms puis les verbes ! Ce n’est donc pas si simple que ça, pas si « anti-chronologique ».

Bien qu’adressé au grand public, j’ai eu le sentiment que bon nombre de professionnels sont venus. En témoigne leur ardeur à prendre des notes, leur âge supérieur à celui des étudiants et au type de questions posées. En tout cas, c’était intéressant et les trois conférences valaient le détour.

A quand la prochaine ?!