Devenir noir de peau dans un futur proche ?

Mosaïques : HumanusScience

mardi 1 avril 2014

Des chercheurs ont découvert comment rendre noire une peau blanche ! Tel est le scoop que j’ai lu dans le magazine Science insolite (mars 2014, n°350). A l’origine, leur recherche portait sur le vitiligo et sur la régénération des mélanocytes. Puis, par un des heureux hasard dont la science a le secret, ils ont trouvé le gène responsable de la production des mélanosomes. Il suffisait alors d’intervenir sur ce gène afin de rendre noire une peau blanche !

Un main blanche et une main noir entremêlées par les doigts
[Source image]

Bon, je sens que mélanocytes, mélanosomes et vitiligo ne vous évoquent pas grand chose. Revenons à la base : la structure de la peau. Elle est constituée de trois couches distinctes et superposées :

  1. L’épiderme qui est la fine couche supérieure de la peau que l’on voit à l’œil nu. Cette barrière imperméable nous protège des bactéries et autres micro-organismes de l’environnement.
  2. Le derme qui est un tissu de soutien d’épaisseur variable. Il contient des vaisseaux sanguins, des glandes sudoripares (à l’origine de la sueur), des follicules pileux (lieu de pousse des poils), des terminaisons nerveuses sensibles à la pression ou à la température ou à la douleur.
  3. L’hypoderme qui est une couche de graisse plus ou moins importante selon les individus et les parties du corps. Il isole le corps en préservant sa chaleur, absorbe les chocs pour protéger les tissus sous-jacents et les organes des blessures, et constitue une réserve d’énergie.

Structure de la peau

[Source image : lien cassé]

Concentrons nous sur l’épiderme qui est organisée en quatre couches de cellules : la couche cornée, la couche granuleuse et la couche muqueuse regroupées sous le terme de couche germinative, la couche basale.

L’épiderme est constituée essentiellement de kératinocytes. Ce sont des cellules qui, en vieillissant, perdent leur noyau et se remplissent de kératine. La kératine est une protéine qui va solidifier et relier les kératinocytes entre eux pour former une barrière imperméable : c’est la couche cornée. Les kératinocytes sont constamment éliminés et remplacés par des cellules spineuses qui se transforment en kératinocytes en migrant vers le haut de la peau. Les cellules spineuses sont issues de la couche basale qui contient les seules cellules de l’épiderme capables de se diviser et de créer des nouvelles cellules.

C’est fini ? Que nenni ! Nous trouvons également dans l’épiderme des cellules de Langerhans qui participent à la défense de l’organisme contre les micro-organismes extérieurs. Et surtout, ce qui nous intéresse, les mélanocytes.

Couches de l’épiderme

[Source image : lien cassé]

Les mélanocytes sont situées dans la couche basale de l’épiderme et répartis régulièrement entre les cellules basales. Ils produisent de la mélanine, une protéine pigmentée qui donne notre couleur de peau et des cheveux. En réalité, il en existe deux types : la mélanine noire et la mélanine rouge.

En cas d’exposition de la peau au soleil, les mélanocytes produisent davantage de mélanine noire et la peau bronze tandis que la mélanine rouge n’a aucun effet. En fonction de la couleur de la peau, la production de la mélanine est plus ou moins importante, ce qui fait varier les capacités de bronzage. Ainsi, les personnes à la peau claire et tirant sur le roux ne bronzent pas ou presque à cause la prédominance de la mélanine rouge au détriment la mélanine noire. Chez les personnes à la peau noire, c’est l’inverse.

La peau et le mélanocyte
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Jusque là, ça va ? Alors, ajoutons une subtilité : à l’intérieur des mélanocytes, les pigments sont enfermés dans des vésicules (sorte de sacs), les mélanosomes, puis envoyés vers les kératinocytes. Les mélanocytes pourraient être comparés à des pieuvres à cause de leurs nombreux prolongements qui leur permettent d’entrer en contact avec plusieurs kératinocytes. C’est au niveau de l’extrémité des prolongements que les mélanosomes s’accumulent avant d’être transférés aux kératinocytes adjacentes où la mélanine va se disperser.

Si l’on observe la peau d’un individu de couleur noire (à gauche) et celle d’un individu de couleur blanche (à droite), nous remarquons que les mélanocytes sont bien visibles sous forme de points noirs dans la couche basale de l’épiderme. Or, les deux peaux possèdent un nombre équivalent de mélanocytes. La différence de pigmentation de la peau se joue en réalité au niveau des mélanosomes. C’est donc le taux de mélanosomes et leur taille qui fait varier le taux de mélanine. Autrement dit, plus les mélanosomes sont nombreux et corpulents, plus la peau est foncée. Cela dépend aussi du type de mélanine (rouge ou noire) et de la façon dont les kératinocytes le répartit au sein de l’épiderme.

Répartition des mélanocytes et type de peau
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Ouf, tout ça pour comprendre la découverte des chercheurs mentionnées au début de l’article ! A l’origine, ils travaillaient sur le vitiligo, maladie de la peau caractérisée par l’apparition de taches blanches sur les pieds, les mains, le visage, les lèvres ou toute autre partie du corps. Ces taches sont causées par la disparition des mélanocytes, d’où une dépigmentation de la peau sur des zones plus ou moins étendues. Le vitiligo n’est ni contagieux, ni douloureux mais très gênant sur le plan esthétique. En témoignent ces images d’une main noire et d’une main blanche touchées par le vitiligo.


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En voulant trouver une possibilité de régénération des mélanocytes, les chercheurs sont tombés sur le gène responsable de la production des mélanosomes. Ils sont réussi à induite une mutation qui provoque l’augmentation de leur synthèse en nombre et en taille. Ils sont même allés plus loin en prélevant un bout de peau blanche d’un courageux cobaye (sous anesthésie locale quand même !) et en la cultivant en laboratoire. Une fois ce morceau de peau placé dans des conditions propices à son développement, la mutation a été induite. Résultat ? La peau est devenue noire ! Voici une photo de la peau dans un stade intermédiaire : regardez sa coloration grisâtre.


[Source image : lien cassé]

Bon, les mécanismes permettant de contrer le vitiligo ne sont toujours pas connus. En revanche, il serait possible de s’amuser à changer de couleur de peau comme de chemise. Mais il n’est pas précisé l’influence de la mutation du gène sur la couleur des poils et des cheveux. Croiserons alors un jour au coin de la rue une blonde aux yeux bleus et à la peau noire ? Ce qui soulève bien sûr des questions d’ordre éthique, esthétique et raciale. Comment réagiront les racistes ? Je pense notamment à à la réaction de Craig Cobb, un suprémaciste blanc qui découvre le résultat de son test ADN et apprend qu’il a des origines africaines.

Trop long ? Trop technique ? Le poisson d’avril était trop caché ? Quoi ?! Et oui, cet article n’est qu’un canular de plus dans la belle tradition du 1er avril. Lire Au-delà de la peau, au-delà des apparences pour en savoir plus. Sans rancune ? Alors, à l’année prochaine !

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