Futile exercice de pensée
Mosaïques : Cogitations • Science
vendredi 15 novembre 2013
La télépathie, je n’y crois pas du tout. Rien, jusqu’à ce jour, n’a pu montrer son existence ni même sa possibilité. Pourtant, elle continue à me faire rêver à travers la fiction. Ça serait vraiment chouette de pouvoir partager ses pensées et ses sensations directement, sans passer par l’intermédiaire d’une langue où l’information se perd toujours en partie. Et même si la télépathie serait possible, ressemblerait-elle vraiment à ce que nous imaginons habituellement ?
Déjà, définissons la télépathie comme une transmission de pensée entre deux personnes éloignées l’une de l’autre. Partons du postulat que la transmission se fait par la propagation d’ondes cérébrales que les neurones sont capables d’émettre et de capter. Peu importe la distance, la vitesse et le milieu de propagation de ces ondes. Peu importe aussi la nature de ces ondes. Disons que c’est possible dans ces conditions, OK ?
Et maintenant, mon cerveau capte les ondes cérébrales d’une personne à distance. Pour les assimiler, il les compare à ce qu’il a déjà connu, autrement dit il emploie son expérience. Il va donc faire appel à sa mémoire pour les restituer dans le bon contexte. C’est là que ça coince. Par exemple, la personne éprouve une douleur. Si je suis habituée à la douleur, cette sensation me paraîtra faible. A l’inverse, si je suis douillet ou que j’ai peu souffert dans ma vie, la douleur me paraîtra forte, peut-être plus forte que la personne qui l’éprouve.
Pour que je puisse ressentir l’expérience de la douleur exactement comme la personne, il faudrait que mon cerveau compare cette sensation par rapport au vécu de cette personne. Mais dans ce cas, qui serais-je ? Moi ou l’autre personne ? Ma personnalité ne risquerait pas de se diluer dans la sienne et vice-versa ?
Ou encore, j’émets des images à une personne aveugle via mes ondes cérébrales. Or, ses neurones chargés du traitement visuel ont été converti à une autre tâche : le traitement des informations tactiles. C’est la fameuse plasticité cérébrale. Cela voudrait dire que ces neurones ne seraient plus capables de traiter mes images ? Autrement dit, que l’aveugle ne saurait pas la signification des images que j’envoie ? Là aussi, ça coince.
Nous pourrions imaginer d’autres innombrables expériences mais nous en revenons aux deux points abordés plus haut. La capacité d’éprouver exactement les mêmes sensations que l’autre personne sans que nos personnalités se mélangent. Et la possibilité de découvrir des nouvelles sensations que nous n’aurions jamais imaginés comme la perception du courant électrique des proies par le requin. Nos neurones en seraient-ils capables ?
A moins que mes postulats de base soient tout simplement erronés et mon raisonnement ne suit plus la route. Qui sait ? Tant que la télépathie n’existe pas, nous pouvons nous amuser à nous livrer à toute sorte d’expérience de… pensée.
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Ok sauf que si la télépathie existait, tout serait différent, les enfants grandiraient avec et donc le cerveau se développerait autrement, s’adaptant aux différentes sensations de chacun, ce serait plutôt un individu = un neurone… Peut-être serait ce comme l’arbre télépathe de Avatar ?
Salut Sirtin
As tu fouillé les expériences de jumeaux qui (soi disant) ressentaient la meme douleur au même moment, bien que séparés ?
On m’a rapporté pareilles expériences (on = quelqu’un que je considère comme réfléchi, et posé) et je suis plus que dubitative, franchement. as tu déjà entendu parlé de cela ? est ce dans l’imagination des gens ?
Ou les chiens qui hurlent à la mort quand leur maître meurt… Mais je ne connais pas bien les conditions précises de ces phénomènes.
Maxime : Bien vu pour la croissance des enfants ! J’avais négligé ce détail. Peut être qu’en se construisant progressivement autour de la télépathie, le cerveau ferait preuve de nouvelles capacités d’adaptation.
Quand au chien qui hurle à la mort de son maître ou du chat qui retrouve son domicile éloigné de milliers de kilomètre, ils font appel au mystérieux 6e sens des animaux. Pour moi, c’est des foutaises et j’invite à lire cet article de Tatoufaux : Les animaux ont un 6e sens.
Pascale : Oui, je connais ce soi-disant phénomène. Je le retrouve également chez des amis qui m’ont affirmé avoir senti quelque chose de bizarre en même temps que leur mère éloignée à des kilomètres de là. Je ne dis rien mais je n’en pense pas moins.
Ces phénomènes font appel à un biais cognitif : notre fabuleuse capacité à établir des relations entre des phénomènes qui n’ont rien à voir. Par exemple, si je remarque qu’en marchant sur une plaque d’égout, je réussis mes examens, je vais reproduire cette habitude pour en faire une croyance personnelle très ancrée. Simplement, je me rappellerais davantage les fois où ça a marché et je trouverais une autre excuse pour les fois que ça n’a pas marché : j’ai mis le mauvais pied, c’était l’alignement de Jupiter sur Saturne, etc.
😉
Merci pour le lien, ça fait du bien d’en savoir un peu plus, c’est bizarre tous ces animaux qui ont un 6ème sens !
Attention, ils ont un « 6e sens » dans le sens où ils utilisent des sens que nous n’avons pas ou qu’ils ont beaucoup plus développés. Rien à voir avec un sens mystérieux qui fait appel au paranormal comme pourrait le laisser entendre ton message !