La médecine classique et son regard sur l’effet placebo

Mosaïques : HumanusScience

samedi 1 novembre 2008

Dans mon billet, L’homéopathie diluée dans un brin de bon sens…, je critiquais le principe de dilution de l’homéopathie et je n’hésitais pas à la traiter de « soi-disant médecine douce ». La conclusion tombait, tranchante et sans appel : les bénéfices d’un traitement homéopathique résulteraient d’un effet placebo et non des gélules en eux-mêmes. Position qui me valut des commentaires intéressants. Ma position n’a guère changé mais il serait injuste de mettre de côté la médecine classique, notamment les interactions complexes entre les médicaments chimiques et… l’effet placebo !

Avant tout, il convient de distinguer le placebo de l’effet placebo :

  • Placebo pur : préparation pharmaceutique (pilules, cachets, potions…) ne contenant aucun principe actif.
  • Placebo impur : substance active utilisée dans une indication où aucune efficacité n’est démontrée.
  • Effet placebo : écart positif observé entre le résultat thérapeutique obtenu et l’effet thérapeutique prévisible en fonction des données strictes de la pharmacologie.

Cette distinction est fondamentale car un placebo n’est efficace que si l’on croit en son facteur guérissant. Autrement dit : l’effet placebo est l’effet psychophysiologique produit par le médicament placebo qui se traduit par une amélioration de l’état du malade. L’homéopathie est une médecine placebo par excellence mais qu’en est-il de la médecine classique ? Suivant la citation, tout médicament contenant un principe actif induit également un effet placebo ! Par exemple, il m’arrive, suite à une prise d’aspirine, de me sentir mieux alors que le temps d’action est d’un heure environ… Ce qui ne veut dire qu’il s’agissait d’une douleur imaginaire. Les symptômes sont réels et ses diminutions résultent d’une modification objective et mesurable de la biochimie du cerveau (inutile de détailler les mécanismes neuronaux). La guérison est également facilitée par la qualité de la relation entre le médecin et le patient. Surtout quand l’optimisme est de rigueur. Combien de médecin connaissez vous combien qui ne font pas succéder les malades à la chaîne, genre « en 10 min, basta et au suivant ! » ?

J’énonce peut être des évidences mais elles sont facilement oubliées si l’on ne regarde que du petit bout de lorgnette. Se contenter d’évoquer les pouvoirs suggestifs de l’esprit est une voie dangereuse qui mène rapidement dans les marécages du paranormal. De quoi faire les délices des charlatans et des bouffons. Se cantonner aux effets chimiques des médicaments n’est pas mieux car la guérison est un processus complexe qui prend également en côte l’aspect humain. Les produits, bien qu’identiques, ont des résultats variables selon le contexte du patient : humeur, entourage… N’oublions pas que la France est l’un des plus gros pays consommateurs de médicaments alors que beaucoup de maladies sont, soit béguines, soit d’origine virale où l’antibiotique est inefficace. A la clé : de plus en plus de bactéries sont résistants aux antibiotiques alors que les laboratoires pharmaceutiques font du surplace dans la recherche des nouveaux médicaments. Pire, ils font du neuf avec du vieux… Cette citation pertinente confirme mon impression :

Hélas, dans les hôpitaux universitaires, on travaille beaucoup avec les laboratoires pharmaceutiques, dont la préoccupation est de « repérer l’effet placebo » et de « l’éliminer » – comme si c’était un empêcheur de soigner en paix, alors que c’est un allié ! C’est qu’il s’agit de prouver la toute-puissance de la molécule, donc de la société pharmaceutique qui va s’enrichir en l’exploitant.

Je tilte surtout sur le passage suivant qui me fait montrer le médecin sous un autre jour. A raison ou à tort ?

Finalement, l’effet placebo, c’est la blessure narcissique des médecins, ça leur renvoie l’image qu’il n’y a pas qu’eux qui guérissent et ça leur est insupportable !, disent de concert l’épistémologue Isabelle Stengers et l’ethnopsychiatre Tobie Nathan, auteur de L’Influence qui guérit.

Un équilibre me paraît alors nécessaire entre les effets, placebo d’un côté et chimiques des médicaments de l’autre. Associer les deux augmenteraient les chances de guérison si j’en crois les passages suivants :

Une écoute attentive, une prise en charge psychologique, sont autant de facteurs qui, associés à une prise en charge médicamenteuse efficace, renforceront l’effet du médicament actif par l’effet placebo global.

Les scientifiques espèrent pouvoir utiliser, un jour, ce conditionnement en complément du traitement médicamenteux des patients. Et ceci pour deux raisons : premièrement, pour réduire les effets secondaires des médicaments, et deuxièmement pour maximiser leur efficacité thérapeutique.

En somme, si je n’apprécie guère la médecine homéopathique, la médecine classique n’est pas exempt de critiques. Je suis contre la voie du « tout médicament » au détriment de l’écoute du patient. Je remercie pour cela mon médecin généraliste qui se fait un plaisir de m’expliquer les symptômes, me prescrit le minimum de médicaments, attend toujours un peu et, qualité rare en nos jours, n’hésite pas à me dire je ne sais pas mais je vais chercher.

Plus de détails…
Site consacré au placebo et l’effet placebo
Pharmacologie du placebo
Le médecin et vous

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2 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. Damien

    « […] me proscrit le minimum de médicaments »
    🙂
    me « prescrit » plutôt, sinon ça veut dire l’inverse

    vendredi 19 août 2011 à 14 h 12 min
  2. Sirtin

    Bien vu ! J’ai corrigé la faute.
    😳

    mardi 6 septembre 2011 à 21 h 29 min

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