Lisez les mots désignant les couleurs à haute voix, de gauche à droite comme une lecture normale.

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De gauche à droite, nommez à haute voix la couleur du rectangle.

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Un peu peu compliqué : dites à haute voix la couleur du mot et non le mot lui même (de gauche à droite toujours). Par exemple si le mot « ROUGE » est de couleur verte, vous devez dire « VERT ».

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Les deux premières planches sont aisées à lire, contrairement à la troisième où votre cerveau est vite déboussolé. Si vous renouvelez l’expérience avec des mots quelconques (par exemple : chat, couteau, avion…), la gêne persiste mais les couleurs sont plus vites dénommées. Cette expérience met en évidence l’effet Stroop découvert dans les années 50 par le psychologue du même nom, John Ridley Stroop. Ce test est essentiel car il révèle une interférence entre deux traitements cognitifs : la lecture du mot et la dénomination de la couleur. Pour que l’effet Stroop apparaisse, il faut que la lecture soit acquise. Il ne fonctionne pas chez les analphabètes et les enfants en cours d’apprentissage de la lecture.

Dès 16 ans, j’ai commencé la conduite accompagné. Je m’en souviendrais toujours des débuts routiers ! Bien que j’avais potassé le code de la route, je n’étais pas préparé à recevoir une avalanche d’information qu’il fallait gérer en temps réel. Attention à la voiture de devant, de derrière et de côté ! Vérifier si c’est la priorité à droite ou un stop, si je peux tourner ou non, ne pas oublier le clignotant, feu rouge… L’enjeu est de savoir jouer des mains (volant, manettes et levier de vitesse), des pieds (embrayage, freinage, accélération) tout en adaptant sa conduite en fonction des indications et du comportement des autres conducteurs. Petit à petit, le fait même de conduire devient automatique et il est plus aisé d’accomplir plusieurs tâches simultanément. L’automatisation succède toujours à la phase d’apprentissage.

Or, chez le lecteur expérimenté, la lecture est devenu un processus automatique. Nous ne pouvons nous empêcher de lire un mot, une phrase, un texte, quel que soit le message ! Les publicitaires le savent très bien et ils exploitent à fond cette propriété. Qui d’entre vous n’a pas été agacé de ne pouvoir s’empêcher de regarder un panneau publicitaire ? C’est donc parce que nous savons bien lire et l’habitude est si ancrée qu’elle prend le dessus sur notre capacité à dénommer les couleurs : l’interférence a lieu. Ici, l’automatisation nous entrave plus qu’elle nous facilite ! Et nous pouvons même aller plus loin :

L’effet Stroop révèle donc un comportement normal. Une absence d’effet Stroop indique que les processus de lecture ne sont pas suffisamment développés. Un effet Stroop trop fort est également signe d’un problème : en tant normal, nous dénommons difficilement les couleurs de mots de couleurs si elles ne se correspondent pas. Mais nous tentons d’inhiber inconsciemment les processus de lecture afin de réussir à dénommer correctement. Un effet Stroop trop fort signe alors un défaut de cette capacité d’inhibition.

J’apprécie beaucoup ce test car il présente plusieurs niveaux. Outre son aspect amusant et ludique, il permet de mieux comprendre les traitements cognitifs. L’effet Stroop est à ranger dans la même catégorie des illusions d’optique pour leur capacité à mettre en défaut le cerveau et donc entrevoir comment il perçoit l’extérieur.

Sources
– Stroop : aspects théoriques