Histoires de terre, humaine et naturelle

Mosaïques : FocusScience

vendredi 25 mars 2016

Il est d’étranges soirs où le cerveau fait des liens comme ça, pouf, pouf et pouf ! Cet article est issu de ces liens établis entre deux techniques de construction humaine en terre crue et des formations géologiques, les « cheminées de fée ». Rien à voir à priori et pourtant si, le fil rouge est bien présent ! Laissez-vous mener en balade, la surprise est au rendez-vous.

La technique du pisé

Il s’agit d’une technique de construction humaine en terre crue fortement répandu dans la région du Rhône-Alpes et aux alentours. Habituellement, la terre sous nos pieds est toute sauf homogène. Ses différents couches sont nommées « horizons » et nous trouvons, du haut vers le bas :

  • O: Litière
  • A: Humus, ou terre végétale
  • B: Terre utilisée pour le pisé
  • C: Roche-mère

Les différents horizons d’un profil de sol

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Il faut donc creuser sous la terre végétale impropre à la construction car trop friable. Les terres à pisé sont des mélanges très hétérogènes de grains, qui vont du caillou de quelques centimètres de diamètre à des particules très fines d’argiles de quelques millièmes de millimètres. Les plus gros grains sont donc 100.000 fois plus gros que les plus petits et cet ensemble se combine en un matériau dense et solide permettant de construire des murs.

Cette terre, légèrement humide, est ensuite versée dans un coffrage en bois et compactée par un pisoir, sorte de masse. Le compactage se fait soit à la main soit avec un fouloir pneumatique. Le coffrage, autrefois en bois, est surtout fait de métal maintenant. Le principe est de bien tasser la terre, par fines couches, pour chasser l’air. Le coffrage est ensuite retiré et on recommence par-dessus jusqu’à obtenir la hauteur du mur voulue.

Terre compactée dans des coffrages

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Seulement,, cela reste de la terre crue qui a séchée et elle est sensible à l’eau. Pour protéger la maison des intempéries, un dicton des anciens affirme : une maison sera à l’abri des intempéries si elle a de bonnes bottes et un bon chapeau. C’est-à-dire un large toit et des bases en pierre ou en béton comme le montre cette ancienne ferme en pisé.

« Bonnes bottes et bon chapeau »

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Les cheminées de fée

Ce dicton est parfaitement vrai et s’applique même à la nature via les cheminées de fée. Également appelées selon les régions demoiselle coiffée, pyramide ou hoodoo, les cheminées de fée désignent des sortes de grande colonne naturelle faite de roches friables et coiffées par une roche plus solide. Ces formes géologiques sont présentes un peu partout sur la planète

Une cheminée de fée

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Selon les régions, l’érosion des cheminées peut avoir plusieurs origines : écoulement des eaux de pluie, réactions chimiques entre les roches et les eaux, force du vent ou succession de périodes de gel et de dégel qui détruit la roche par dilatation. Dans tous les cas, la roche friable est emportée de partout sauf sur les zones de roches très dures. Ces zones, petit à petit, finissent par constituer le sommet des colonnes rocheuses et, tels des chapeaux, les protègent de l’érosion.

Phases successives de dégagement de terre

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Mieux : le poids de la roche dure renforce la résistance de la colonne par tassement des couches qui la compose. Exactement comme la technique du pisé ! Nous retrouvons alors le dicton « bonnes bottes et bon chapeau » sauf qu’ici les bottes sont absentes. L’érosion cependant finit par avoir le denier mot. Les eaux de ruissellement par exemple font fondre la base : la colonne s’effondre et ne restent plus que des gros blocs sur le sol.

Les cases obus du peuple Mousgoum

Les Mousgoum sont un peuple d’Afrique centrale et occidentale. Ils sont surtout présents dans les plaines du nord-Cameroun et au sud-ouest du Tchad, également dans l’est du Nigeria. Leurs maisons sont très particulières : elles ont la forme d’un obus ! Et le matériau utilisé est la terre crue, mélangée avec de l’herbe et du crottin. Ces cases, façonnées à la main comme un poterie, peuvent atteindre huit mètres de haut pour un diamètre de cinq mètres ! La construction d’une case peut se dérouler sur six mois, sachant qu’une habitation Mousgoum comporte traditionnellement cinq cases. Une pour le chef de famille, deux pour les femmes, une pour la cuisine et une pour le bétail. Les cinq cases sont reliées par un mur en argile uniquement accessible par une porte verrouillée la nuit.

Cases obus du peuple Mousgoum

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Les cases se terminent au sommet par une petite ouverture circulaire pour que l’air puisse circuler. Cette ouverture est fermée par une dalle ou un pot pendant les pluies pour éviter la pénétration de l’eau dans la maison. Et l’entrée est assurée par une seule porte, étroite au niveau du genou et plus large au niveau de l’épaule, un peu comme un trou de serrure.

Ici, il n’y pas de bottes, ni de chapeau. Les cases obus sont entièrement exposées à la pluie et pourtant résistent ! Cela vient de leur forme particulière en arc qui favorise l’écoulement des eaux, sans stagnation possible. De plus, des moulures sont présentes sur la façade, le plus souvent en forme d’Y inversé, ce qui renforce l’écoulement des eaux. Ces moulures servent également d’échelle pour monter au sommet placer ou retirer la dalle de protection, surveiller les alentours et bien d’autres choses encore.

Comme quoi…

Nous n’avons pas fini d’apprendre des choses merveilleuses, qu’elles soit naturelles ou humaines. Des liens cachés finissent par surgir au gré des errances de l’esprit. Cet article est issu de la collision entre mon billet La terre crue, un matériau méconnu et délaissé et celui de Kidiscience De drôles de pierres : des spectacles naturels saisissants !. Enfin, va sur le site Pour une architecture de terre si tu veux en savoir plus sur la technique du pisé.

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