Oh la superbe Lune rousse d’une grosseur exceptionnelle ! Je l’ai prise en photo par une belle nuit d’été depuis mon balcon. Pourtant, il ne s’agissait ni d’une éclipse totale de Lune, ni d’une super-Lune. Alors, comment expliquer ce phénomène ?!

Grosse Lune

C’est facile de vérifier par vous-même : prenez une règle et mesurez la taille de la Lune lorsqu’elle est proche de l’horizon ou plus haute dans le ciel. Vous constaterez qu’il n’y a aucune différence alors que nos yeux nous crient le contraire ! Si vous n’avez pas de règle, découpez un cercle dans une feuille , juste assez grand pour que la Lune s’y inscrive quand vous tenez la feuille à bout de bras. Là, rebelote, pas de changement de diamètre alors que pour nos yeux, la Lune est beaucoup plus grosse lorsqu’elle est sur la ligne d’horizon. Un point c’est tout et ça ne discute pas ! J’ai même une autre photo pour le prouver, toujours prise de mon balcon.

Et pourtant, il s’agit bel et bien d’une illusion d’optique créée de toute pièce par notre cerveau. Ce dernier n’est pas une machine bien huilée objective, surtout en matière de perspective. Tenez un livre à 30 centimètres de vos yeux puis à une distance double en tendant le bras. Le livre ne paraît pas deux fois plus petit bien qu’il soit deux fois plus éloigné. Même chose avec la main gauche à 30 centimètres des yeux et la main droite à 60 cm en tendant le bras. Les deux mains ont la même taille.

En fait, le cerveau perçoit toujours les objets en fonction de leur environnement. La dimension géométrique entre en compte et aussi d’autres indices sur les objets perçus. Par exemple, il sait que les deux mains ont la même taille et il ajuste les apparences en conséquence. Autrement dit, il agrandit la main la plus éloignée.

C’est la même chose qui nous arrive quand nous observons la Lune à l’horizon, qu’elle se lève ou qu’elle se couche. A côté d’elle se trouvent plein d’objets aux tailles « connues » : une colline, des arbres, des bâtiments, etc. En tenant compte des arbres les plus rapprochés, nous grossissons la perception des arbres les plus éloignés. Et ce mécanisme de grossissement s’étend à l’objet lumineux le plus proche d’eux : la Lune.

Autrement dit, si nos yeux voient la taille de la Lune telle qu’elle est réellement, notre cerveau fait la comparaison avec les objets les plus éloignés. Il s’aperçoit que leur taille est sensiblement identique et il en conclue que la taille réelle de la Lune doit être énorme. A l’inverse, une fois la Lune au Zénith, les repères disparaissent et elle nous semble perdue dans l’immensité du ciel. Zou, elle rétrécit et apparaît même légèrement plus petite qu’elle ne l’est réellement.

Ce qui est marrant, c’est que le mécanisme de grossissement ne marche pas avec les appareils photos. La première photo est énorme car j’ai zoomé pour obtenir un bel effet. Voici la même Lune, sans zoom. Toute riquiqui n’est-ce pas ?!

Lune rousse

Fort bien et pourquoi est-ce que la Lune apparaît rouge, voire cuivrée, à l’horizon puis passe progressivement au jaune et au blanc en se levant vers le zénith ? (Ou l’inverse en rougissant de plus en plus en s’approchant de l’horizon au coucher).

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Tout vient de la lumière visible par nos yeux et produite par le Soleil. Elle nous apparaît blanche car elle est le résultat du mélange de toutes les couleurs. Or, à chaque couleur correspond une longueur d’onde et l’ensemble de ces longueurs d’onde constitue le spectre de la lumière blanche, situé entre 400 nanomètres (violet) et 750 nanomètres (rouge). Le bleu, lui, a une longueur d’onde de 446 nanomètres.

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Un deuxième facteur intervient : l’atmosphère de la Terre qui agit comme un filtre. Le rouge ayant une grande longueur d’onde, il la traverse facilement, contrairement au bleu au violet qui ont une petite longueur d’onde. Ces derniers « rebondissent » sur les molécules de l’atmosphère et sont diffusés. Ce phénomène s’accentue en présence de poussières ou autres particules solides dans l’air.

Quel rapport avec la Lune ? Déjà, elle agît comme un miroir en nous renvoyant la lumière du Soleil. Celle-ci doit traverser l’atmosphère avant d’arriver à nos yeux. Et le chemin est plus long à parcourir quand la Lune est basse sur l’horizon. Ce qui implique une plus grande absorption de lumière bleue. Voici un exemple de distance pour deux observateur (en rouge lorsque la lune est basse sur l’horizon, en vert lorsqu’elle est au zénith).

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Voilà pourquoi, à l’horizon, la Lune prend une couleur rousse. C’est le même phénomène pour les éclipses totales de Lune et pour les levers ou les couchers de Soleil. Ce dernier peut même revêtir une teinte pourpre quand il reste un peu de vert dans le ciel avec le jaune et le rouge (puisque le bleu et le violet ont été diffusés).

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Il est même possible de créer des illusions d’optique avec le Soleil à l’horizon. Là encore, par une belle soirée de fin d’été, je l’ai « capturé » dans le cercle de mes doigts (index posé sur le bout du pouce). Ne dirait-on pas l’œil flamboyant d’un lapin ?

Pour finir, je tiens à partager cette chanson de Pearly-Chagnon (1926) et interprétée par Mistinguett. Magnifiquement illustrée par Boulet, elle n’a cessé de tourner dans ma tête tout au long de la rédaction de cet article. A cause d’elle, je ne peux plus voir la Lune pleine sans lui dire ta bouche bébé…

Il m’a vu nue

Un soir je me faisais une pleine eau
Pour tout maillot j’avais la peau
Nul ne pouvait me voir que le ciel noir
La lune soudain vint s’exhiber
J’allais lui dire « ta bouche bébé »
Quand j’entendis près d’moi un cri d’émoi
Y’avait un homme sur un rocher
Pas assez haut
L’homme a fait « ha! » et moi dans l’eau
Moi j’ai fait « hoooooo »

Il m’a vue nue, toute nue
Sans cache- trucmuche soutien-machin
J’en ai rougi jusqu’au matin
Il m’a vue nue, toute nue

Je me suis par respect humain
Voilé la face des deux mains
Mais je crois bien
Que par ce geste irréfléchi
J’ai négligé d’voiler quelques petits chichis

Il m’a vue nue, toute nue, plus que nue
Il m’a vue nue, toute nue
J’veux oublier c’qui s’est passé
D’autant plus qu’il n’y a rien d’cassé
Mais je me dis depuis cette fatale nuit
Je ne peux pas épouser
Un autre homme que lui
Il m’a vue nue, tellement nue, super nue
Il m’a vue nue, plus que nue, tellement nue