Aperçu sur les neurones miroirs

Mosaïques : HumanusScience

vendredi 31 octobre 2014

Oups ! J’ai complètement oublié de vous parler de la conférence du 14 octobre 2014, organisée par le LabEx CORTEX, sur le thème « Comprendre l’Autre ». Elle a eu lieu dans le cadre de la fête de la science. Grâce aux interprètes en LSF, j’ai pu suivre les dires de François Mauguière, professeur de neurologie à l’Université Claude Bernard Lyon 1, et d’Henry Kennedy, directeur du LabEx CORTEX. Ainsi, j’ai redécouvert et mieux compris les implications des neurones miroirs.

Flyer de la conférence Comprendre l'autre

Neurones miroirs ? Quézaco ? Pour cela, il faut revenir rapidement sur les expériences de l’italien Giacomo Rizzolatti menées sur des singes dans les années 90. Elles ont mis en évidence que des neurones présents dans une zone du cortex moteur s’activaient aussi bien quand le singe recevait une banane que lorsque celui-ci observe l’action de recevoir une banane.


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Puis, en 2010, des chercheurs allemands et Canadien ont mis en évidence la présence de neurones miroirs chez les humains. Des participants ont eu pour consigne de réaliser certaines actions spécifiques et simples (comme secouer une bouteille), puis d’observer en vidéo quelqu’un exécuter d’autres actions. Puis on demande aux participants, deux semaines plus tard, d’identifier les actions auxquelles ils ont pris part. Les résultats montrent que l’on a tendance à croire que l’on a réalisé une action… alors que l’on a fait que l’observer ! La faute aux neurones miroirs, qui ont recréé l’action juste dans notre cerveau.

Les neurones miroirs ont 2 propriétés :

  • Effet « miroir » : le fait qu’ils réagissent aussi bien aux actions de soi que celles des autres.
  • Effet « sélectif » : chaque neurone ne répond qu’à un seul type d’action. Il répond donc très peu face à un autre geste.

Les implications de cette découverte sont tout bonnement énormes car ils expliquent une bonne partie de nos comportements. Les bébés apprennent énormément par imitation grâce aux neurones miroirs. Faites lui une grimace et il y a des fortes chances qu’il vous retourne la même grimace. Cela explique aussi pourquoi nous sourions plus facilement face à un visage gai ou que nous avons des crispations de sourcils face à un visage coléreux. Ou encore le fait que certains sportifs de haut niveau ont intégré dans leur entraînement l’imagerie mentale, c’est-à-dire la répétition mentale d’un mouvement sans bouger le corps. Etc, etc.


[Source image]

Les neurones miroirs sont à l’origine de notre capacité d’empathie envers autrui. Et là encore, j’ai appris la distinction entre empathie et sympathie :

  • L’empathie est la faculté de s’identifier à quelqu’un et de ressentir ce qu’il ressent. Son étymologie est assez clair dessus : ce qu’on éprouve dedans.
  • La sympathie est la faculté de partager les émotions, positives ou négatives, avec autrui. Son étymologie est : ce qu’on éprouve avec autrui.

La distinction n’est pas si facile que ça car la barrière est mince entre empathie et sympathie. Voici un exemple concret : un bébé pleure mais je ne sais pas pourquoi. J’essaie alors de me mettre à sa place pour mieux le comprendre : il pleure parce qu’il a faim, froid, mal ? C’est l’empathie. Si je me mets à pleurer car je souffre de voir le bébé pleurer, c’est de la sympathie car j’intériorise ses émotions.

Ce que j’ai bien aimé dans la conférence, outre le thème des neurones miroirs, est que le public avait largement l’occasion de poser ses questions aux chercheurs et donc instaurer une dialogue. Très vite la discussion a dérivé sur les implications des neurones miroirs dans la société comme les phénomènes de foule ou notre capacité à faire du mal ou à soigner en faisant abstraction de la douleur d’autrui. Ce qui montre bien l’importance des neurones miroirs dans nos facultés d’imitation et d’empathie. Les découvertes sur eux sont loin d’être terminées et fort heureusement ! J’espère que la prochaine fois, le café sera plus grand pour accueillir tout ce monde…

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