La mue des cigales en photos

Mosaïques : FocusScience

vendredi 12 juillet 2013

Ce que j’aime le plus dans mes vacances, c’est de partir sans Internet et sans portable, coupé du réseau mondial. C’est le mieux pour se ressourcer, d’autant plus que j’ai passé la semaine dans le Lot, plus précisément dans la vallée du Célé (à vos cartes). C’est un endroit très verdoyant, charmant et… paumé. C’est le genre de lieu où il faut faire 20 bornes avant de trouver une pharmacie ou un distributeur de billets. Le bonheur pour moi où j’ai pu me baigner tous les jours, lire à plus soif, dormir pendant les heures les plus chaudes, manger des fruits, bouger un peu mais pas plus. Bref, à faire la larve repue.

La rivière du Célé où on peut s’amuser à jouer au crocodile

C’est aussi le genre d’endroits où j’ai pu assister, pour la première fois de ma vie, à des plusieurs mues de cigale sur trois jours successifs. Très rare ! Inutile de dire que l’appareil photo a bien chauffé. Voici donc le processus de la mue en images légendées (issues de trois individus différents).

Accouplement et vie larvaire

L’histoire début après l’accouplement des cigales. La femelle cherche une plante (tige, branchette vivante ou morte, écorce) dans laquelle elle plantera sa tarière (sorte de dard à l’abdomen) pour déposer un œuf dans une « logette » creusée à cet effet. L’opération est répétée 30 à 50 fois à des endroits différents sur le végétal. Chaque dépôt d’œuf dure de 8 à 20 minutes. Après cela, la femelle meure.

Après incubation des œufs (1 à 3 mois), une larve riquiqui sort et se laisse tomber au sol où elle cherchera aussitôt le meilleur endroit pour s’enterrer. De là, elle pourra passer sa vie de larve à sucer la sève des racines des plantes (sans les tuer). Pour se déplacer, elle creuse, grâce à ses pattes avant très robustes et adaptées à fouir, couper et pelleter.

Saviez-vous que les larves de cigales se servent de leur urine pour ramollir la terre et leur creuser plus facilement ? Cela leur permet de faire face aux sols secs comme ceux de la Provence. Encore plus fort, l’urine est acheminée jusqu’aux pattes avant grâce à des gouttières situées sur leur thorax et abdomen ! Non seulement de faciliter le creusage, l’urine sert également de « liant » aux granules de terre afin d’apporter une grande solidité aux « chambrettes » des larves.

Après la sortie d’œuf, la larve mue quatre fois avant de devenir adulte au bout de… 2 ans ! Contre 2 à 3 semaines de vie pour les cigales adultes… C’est au début de l’été que la larve sort de terre et grimpe le long d’une tige de plante pour s’y fixer solidement et effectuer sa transformation. L’adulte s’extrait alors de sa dernière « peau », l’exuvie qui reste accrochée au support. C’est cette dernière étape que j’ai assistée et mitraillée à mort.

Transformation de la larve en une cigale adulte

La larve monte sur le support puis s’immobilise. Un petit moment s’écoule avant que la carapace se fende sur le dos. Nous voyons alors l’adulte qui fait le gros dos pour s’extraire de l’exuvie.

La tête finit par sortir. Elle tremble un peu afin de faciliter son extraction. Les pattes avants suivent enfin et on dirait qu’elle va tomber ! Mais non, elle reste suspendue, la tête en bas, immobile.

Puis elle s’arc-boute pour s’accrocher avec ses pattes avant afin d’extraire le reste de son corps. A ce stade, ses ailes sont complètement roulées. Elles se déploient progressivement, dévoilant leurs délicates nervures.

Elle ne bouge plus. Son corps est entièrement vert, d’un vert fluo qui attire le regard sauf si le support est vert également (la tige de plante par exemple). C’est la période où elle est la plus vulnérable et à la merci des prédateurs. Pas étonnant donc que j’ai pu la prendre de très près pendant un bon moment.

Les heures s’écoulent, elle fonce petit à petit avant de revêtir sa couleur finale : un mélange de vert foncé, de brun et de gris qui fait qu’elle devient indétectable sur les arbres. Je n’ai jamais saisi l’instant de son envol, endormi que j’étais par la chaleur.

Elle laisse alors derrière elle, sa dernière peau, une carapace vide et fendillée. Remarquez l’espèce de fil blanc à l’intérieur. Il rattachait l’adulte à son ancienne peau, un peu comme un cordon ombilical et je voyais l’adulte qui tirait dessus.

Chaque matin, la mue commençait environ à la même heure, vers 10h ou 11h. Puis elle prenant son envol entre 14h et 16h. Le processus d’extraction est assez rapide : 30 minutes environ avec des phases de ralentissement et d’accélération. Puis vient le temps de séchage qui est l’étape la plus longue. Le lieu de ponte devait être très proche pour assister à autant de mues et d’exuvies éparpillées un peu partout.

En savoir plus…
J’ai cherché à en savoir plus et je suis tombé sur ce site complet sur la vie des cigales. Les détails sont croustillants et accompagnés de photos et de jolis dessins : La cigale : un insecte vraiment étonnant ! Le plus gratifiant est la curiosité des enfants et des adultes. Comme quoi, un banal insecte peut apporter plus de piment dans notre vie que nous le pensons.

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2 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. Marie

    Magique ! Merci 🙂
    Quand j’étais enfant, je ramassais les « mues » de cigale, mais je n’ai jamais pu être là lors de leur métamorphose, c’est merveilleux ! Quelle chance vous avez eu !!! Merci pour ce reportage 🙂

    mardi 25 juillet 2017 à 21 h 31 min
  2. Sirtin

    Oui, c’est assez rare à voir, je suis content d’avoir pu voir cet événement.

    mercredi 26 juillet 2017 à 9 h 15 min

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