Depuis quelques semaines, j’essaie un nouveau rouleau de PQ : « Aqua Tube » mis au point et lancé par la célèbre marque Lotus. Il a pour particularité d’être jeté directement dans l’eau et de se désagréger complètement en quelques secondes. Pas de risque donc de boucher les canalisations, c’est compatible avec tous les systèmes, même les fosses septiques ou les sanibroyeurs. Il est également biodégradable et recyclable d’après les arguments marketing. J’ai essayé et je le trouve formidable, ça marche vraiment. On balance tout derrière les fesses et on est tranquille !

Mais, devant ce produit nouveau qui se veut innovateur, je me suis posé la question sur l’impact de « Aqua Tube » sur l’environnement. Est-ce si bien que ça ? Je fouille un peu sur le Net, je laisse de côté toutes les formes de pub et je tombe enfin sur cet article de 20 minutes : On a testé le rouleau de papier toilette qui se jette dans la cuvette. Au cas où le lien serait indisponible, je reprends les trois contre-arguments :

• Biodégradable ? Oui mais le tube disparaît au bout de trois mois minimum. Mollo quand même sur le concours de jets. C’est intéressant pour ceux qui ont un composteur. Après, il faut voir si c’est 100% biodégradable car les 10% restants (par exemple) multipliés par des milliers d’utilisateurs, ça fait un sacré paquet laissé dans la nature.
• Désagrégeante ? Oui, ça marche mais que deviennent les particules dans les stations d’épuration ? Les plus gros seront filtrées par des grilles de plus en plus fines tandis que les plus fines seront bouffées par des bactéries aérobies qui transforment les matières biodégradables en dioxyde de carbone et en eau. Mais l’encre imprimée sur le tube, que devient-elle ?
• Recyclable ? Oui si c’est jeté dans le bac à tri.

La pratique moins écolo serait donc de balancer le tube dans la cuvette et la plus écolo de le jeter dans le bac à tri ou le composteur. La question est réglée ? Pas vraiment car de quoi est fait un « Aqua Tube » ? D’après Science & Vie (octobre 2011, p 148), le produit est composé de cinq feuilles de papier toilette traditionnel et d’amidon, résultat de cinq années de recherche (!). Or, ces feuilles sont en ouate de cellulose donc pas de papier recyclé. C’est de la pâte à papier neuve qui nécessite trois fois plus d’énergie et d’eau que le recyclage. Le journal 20 minutes précise que :

Lotus assure, via une auto-labellisation « Ecopromise », que 100 % de la pâte à papier utilisée pour fabriquer l’Aqua Tube provient de fournisseurs certifiés par des organismes indépendants experts en gestion durable de la forêt. A savoir, des forêts labellisées PEFC, FSC, ou autres. Malgré les nombreuses critiques adressées à ces labels, c’est un moindre mal.

Dernier point, pour une entreprise qui veut donner une image écolo, l’emballage des rouleaux de PQ est en plastique. Comme la plupart des produits « bio » ou « écolo ». Ça la fout mal quelque part non ? En conclusion, le concept de « Aqua Tube » est intéressant mais mérite d’être amélioré. Moralité : faisons gaffe aux arguments marketing qui surfent sur la tendance écolo saupoudré de bonne conscience.

PS : j’ai trouvé une autre manière de recycler ses tubes de PQ : en les transformant en pots biodégradables pour des semis !

PS 2 : la question du recyclage des papier toilette n’est pas si anodine que ça mais on n’en parle pas. Lisez le billet de Madame Nature : La planète est au bout du rouleau (de papier WC)