Festival Clin d’œil 2011 : avis et impressions

Mosaïques : CultureEvénements

mercredi 6 juillet 2011

Du 1er au 3 juillet avait lieu la 5e édition du festival Clin d’œil. Tous les deux ans, les sourds se retrouvent à Reims pour partager un moment culturel fort. Selon les goûts de chacun, vous avez le choix entre se farcir la tête à gogo d’événements culturels, rencontrer plein de monde, participer à la teuf ou la totale. J’ai choisi la totale avec ma douce. Enfin presque à cause de notre fragile phosphore verdâtre mais n’empêche qu’en trois jours, nous aurons vu : 9 spectacles, 2 longs-métrages, 13 courts-métrages, 1 concert et 1 party. Pas mal non ? En tout cas, nous étions bien crevés au retour du festival.

Affiche du festival Clin d’œil

C’était la première fois que j’y allais et je ne l’ai pas regretté. ce fut l’occasion de découvrir des talents (et des nullards ainsi va ce monde) et surtout de papoter à fond en retrouvant des vieilles connaissances ou en me faisant des nouveaux contacts. Je me suis bien usé la tête à comprendre les langues de signes (LS) étrangères : américain, anglais, espagnol, allemand et j’en passe. N’empêche que la communication est bien plus facile entre deux sourds étrangers qu’entre deux entendants étrangers grâce à notre habitude de mimer si nécessaire et à l’emploi de la langue des signes internationale (LSI).

Un grand bravo à l’organisation et à l’accueil des bénévoles ! Du moins, nous avons rencontré peu de soucis dans notre groupe, contrairement à des échos reçus dans d’autres groupes. Reviendrais-je ? Aucune idée, j’ai deux ans pour me décider. Ci-dessous, vous retrouverez mes avis sur tout ce que j’ai vu. Les synopsis et les liens sont issus de la programmation 2011 du festival Clin d’œil.

I- CONCERT

* Beethoven’s Nightmare

Beethoven’s Nightmare est un véritable groupe de rock sourds avec un style qui lui est propre. Ce groupe joue en collaboration avec des musiciens entendants invités et artistes de scène, qui insufflent de la langue des signes américaine, du mime et de la danse. Après des années de pratique et des performances à travers les Etats-Unis, Beethoven’s Nightmare a récemment produit son premier CD Turn it up Louder. Ce groupe est le premier et unique groupe dans le monde qui a la capacité de toucher les sourds et les entendants avec des possibilités de création infinies.

Ça déchire sa race avec les musiciens sourds et la chanteuse sourde. Y’a du pep, du rythme et du son à fond la donf. De la provoc à gogo, des costumes délirants. Tous les ingrédients nécessaires pour faire déchaîner la foule. Ça fait du bien par où ça passe : les mirettes par la mise en scène, les oreilles par le son, le corps par les vibrations. Le top du top, se mettre devant les baffes pour obtenir une permanente durable.
Avis : Super !

Vidéo montrant une partie de leur concert

II- SPECTACLES

* Metroworld

En l’an 2062, le réseau mondial de métro nommé MétroWorld relie Tokyo à New York, Vancouver à Santiago, Moscou à Sydney… Sur la ligne nord une rame s’arrête soudainement en plein milieu de la Russie. A son bord : Mark, Buisnessman ; Ophélie, étudiante, et Aswad, voyageur. Chacun commence à s’intéresser à la vie de l’autre, échanger expériences et opinions, débattre de différents points de vue. Ils finissent par douter de la destination à suivre.

Je dirais sans doute mon spectacle préféré ! La salle entière s’est levée pour une ovation unanime. L’idée est originale, la mise en scène également et les comédiens jouaient bien. On aborde encore une fois la différence mais celle des parcours de chacun en accord ou non avec leur désir profond.
Avis : Super !

* Le divan violet

Un monsieur de quarante ans fréquente un travesti de trente ans, puis un jeune de vingt ans. En parallèle, on voit aussi une dame de soixante ans tenir la laisse à une jeune fille de vingt-cinq ans. Que va-t-il se passer ? Ne vous fiez pas aux apparences : les cinq protagonistes du Divan Violet ne sont pas ceux qu’ils paraissent être, cachant des secrets de famille. Laissez vous accompagner par les personnages du Divan Violet qui évoluent dans un univers actuel, celui du 21e siècle, tout en assumant ses mœurs ou subissant des secrets.

Ce spectacle, pour une fois, ne parle pas de la surdité tout en abordant la question de la différence. Les comédiens sont formidables et drôles. Un bon moment garanti pour tous.
Avis : super !

* Les survivants

Les Survivants : comme l’est la langue des signes. Cette création est elle d’un groupe qui ne tient debout que par un seul lien : ne jamais mourir. Quel que soit le contact hostile pour survivre, il faut accepter de se changer soi-même. Pour ne pas crever, tu seras obligé de modifier ce que tu crois être pour rester ce que tu seras. Les survivants c’est un spectacle dansé sans bruit, pour qu’apparaisse le hurlement assourdissant de notre rage de vivre.

Ne traitant pas de la surdité, ce spectacle parle pourtant de l’oppression, d’une lutte à mort et de la nécessité de s’adapter. C’est très poétique et beau à voir. Les comédiens étaient formidables par leur sens du rythme et de la mise en scène, sans compter les jeux de lumière et leur costume.
Avis : super !

* La couverture d’histoires

Il y a très longtemps, quelqu’un a tiré des centaines, des milliers de fils d’histoires et les a mis bout à bout pour tricoter une couverture, remplie d’histoires.

Destiné aux enfants, ce spectacle touche aussi les adultes grâce à la prestation des comédiens (un sourd, deux entendants) et du pianiste. S’entremêlent en simultané les mains, les corps et les voix pour narrer des histoires, sans queue ni tête, passant du coq à l’âne.
Avis : super !

* Beautiful BSL(British Sign Language)

John Smith est un sourd profond qui utilise la BSL. Suite à son énorme succès, depuis son premier stand up en 2005, John a joué devant un public de plus en plus nombreux, dans les clubs de sourds et les théâtres du pays. Grâce à son expérience de grandir sourd dans un monde d’entendants, John apporte ses observations sur la vie, entraînant son public dans les heures de rire et de réflexion. Couvrant des sujets tels que les problèmes que rencontrent les sourds, la politique, la vie scolaire, John offre un aperçu amusant et fascinant sur la surdité et le monde de la langue des signes britannique.

Ce n’est pas le meilleur des spectacles mais sans doute l’un des plus drôles. John Smith apporte des blagues classiques sur les sourds et entendants ou en rajoute mais il le fait avec brio, notamment son fameux cri de ralliement DEAAAAAAF qui aura marqué le public. Prévoir un parapluie pour les premiers rangs.
Avis : Drôle et provocant !

* Spanish spices

Ce spectacle raconte mon voyage à travers deux cultures dans lesquelles j’ai grandi : la culture espagnole et la culture sourde. Je suis en fait une personne sourde qui a été élevée dans un monde d’entendant. Cette histoire est un mélange de comédie, de drame et de l’aventure !

Je n’ai pas tout compris mais c’était formidable de voir les expressions du comédien à travers son visage et son corps. Je me suis bien amusé quand même.
Avis : sympa !

* Me hear none

Robert est un artiste américain qui jouera pour la première fois en France. Son show autobiographique Me Hear None implique une série de sketchs sur son enfance dans un pensionnat jusqu’à sa vie d’adulte sourd. Le spectacle comprend des chansons signées et dansées et deux performances artistiques non-signées.

Je m’attendais à un niveau plus élevé mais c’est divertissant. J’ai participé au spectacle quand Robert a demandé des volontaires pour un sketch. C’est spécial de se retrouver de l’autre côté et d’être la cible des rires. C’était une bonne expérience.
Avis : sympa !

* Anakin

Il était une fois un jeune homme nommé Anakin, qui se réveille un jour dans un bain, devant un paysage extraordinaire. Il n’est pas sur la terre et ne sait même pas du tout où il est et qui il est. Il connaît seulement son propre nom : Anakin. Mais il se rend vite compte qu’il n’est pas seul dans ce lieu étrange.

J’avoue que je me suis endormi. J’étais bien fatigué et les signes (allemands apparemment) ne m’ont pas accroché. Ils étaient deux et seul un comédien jouait et signait tout le temps au détriment de l’autre. Mais beaucoup ont aimé alors à vous de voir.
Avis : bof !

* Don’t look at the clock

Ce show présente les danses des années 40 et 50 aux États-Unis. Vous pourrez vous replonger dans l’ambiance festive de cette période rétro. L’idée principale de ce spectacle est le temps. Pourquoi ? Si vous vous posez une telle question, la réponse est là !

L’idée est bonne mais la prestation est catastrophique. Manque de rythme, répétition des danses, pas de véritable jeu théâtral, l’ennui garanti. A tel point qu’une bonne partie de la salle est partie avant la fin.
Avis : nul !

III- LONGS-MÉTRAGES

* See what I’m saying

Ils sont sourds sourds -un comique, un batteur, un acteur et une chanteuse- et ils nous montre comment ils surmontent les obstacles personnels et célèbrent leurs intérêts professionnels.

Cela fait bizarre de retrouver les artistes sourds du documentaire en chair et en os dans leur spectacle au moment du festival Clin d’œil. C’est passionnant de découvrir leur parcours, leurs difficultés liées à leur statut d’artiste sourd et leurs solutions pour s’en sortir. La morale de l’histoire pourrait se résumer par cet adage : L’union fait la force. Je croise les doigts pour eux et qu’ils connaissent un plus grand succès largement mérité !
Avis : Super !

* Black sand

Quatre étudiants se rendent dans une station balnéaire près d’une forêt tropicale au Costa Rica, dans le but de passer des vacances « à l’aventure ». Chutes d’eau magnifiques, jungles luxuriantes, la première vision qu’ils ont est paradisiaque, mais il y a aussi un côté plus sombre. Les quatre jeunes ont reçu l’avertissement de ne surtout pas s’aventurer à l’extérieur la nuit. Ce mystère obsède les vacanciers. Quoi qu’il en soit, faut il vraiment protéger ce secret, qui dépasse peut-être leur imaginaire ?

Un film avec des comédiens tous sourds, communiquant en ASL (American Sign Language), voilà qui méritait le détour. J’ai compris grosso modo grâce au sous-titrage en anglais et aux explications de ma douce mais que c’est tordu ! Les surprises s’enchaînent jusqu’à la fin, sans répit. Les acteurs ne sont pas mal du tout quoique un peu trop exagérés parfois. Dommage qu’il n’y avait pas le sous-titrage en français pour ceux qui ne connaissent ni l’ASL ni l’anglais écrit.
Avis : sympa !

IV- COURTS-MÉTRAGES

* Hands Solo

Et si un sourd devenait une star du porno de renommée internationale ? Hands solo est un faux documentaire comique sur un homme sourd dont c’est justement le métier, car il est très, très habile de ses mains.

Un porno sourd, oh oh ! Et c’est très drôle avec le personnage principal, surnommé le Doigteur grâce à son don. Il est en effet capable de faire jouir toutes les femmes rien qu’avec sa main gauche. Surtout quand il utilise sa botte secrète : l’araignée et là c’est l’explosion Tchernobyl orgasmique assuré ! C’est débile, les jeux de mots vont bon train. A voir, à voir.
Avis : Super !

* 50/50

50/50 est une comédie légère, qui raconte l’histoire de Jez (entendant) et Andy (sourd). Sans le sou et vivant dans un van, Jez cherche l’arnaque parfaite pour devenir riche, mais va-t-il trop loin pour Andy ?

Le scénario est original et les acteurs jouent bien. Quand même, faut le faire : un sourd qui se dit capable de sentir et de voir les morts et donc de jeter un pont entre l’au-delà et les vivants. Tout ça grâce à sa mémoire visuelle photographique et à la complicité de son ami d’enfance. Comment ça ? Ah, je n’en dis pas plus et surtout pas la fin un rien vicelarde pour eux.
Avis : Super !

* Fairytale of london town

Conte de fées moderne doux-amer où trois femmes sourdes, Veronica, Karen et Sally, vivent des noëls très différents, jusqu’à ce qu’un événement inattendu les réunisse.

Un peu de drame, un peu de comédie, un peu de légèreté, c’est ainsi qu’on se laisse embarquer par ces trois femmes qui vont de déboire en déboire. J’ai bien aimé.
Avis : sympa !

* My song

My song suit l’histoire d’Ellen, une jeune fille sourde coincée entre le monde des sourds et le monde des entendants. Elle apprend à signer, et participe à un concours de chant signé en espérant qu’elle trouvera enfin sa place dans la communauté des sourds.

L’histoire est classique : une fille sourde mal dans sa peau, cherche sa place. Elle n’est pas à l’aise avec les entendants, ni avec les sourds et elle parle, apprend la BSL. Mais ce n’est pas mal et j’ai bien aimé les pointes contre la norme. Celle de la société qui pose la question de l’intégration : à quel prix ? Et celle des sourds à propos de la BSL : doit-on préserver sa pureté au détriment de la personne ? Ou comment les extrémités se rejoignent.
Avis : sympa !

* Dead money

Un joueur de poker amateur utilise régulièrement la tricherie pour gagner. Cette fois-ci, il va un peu trop loin et perd face à un gang criminel endurci. Il doit maintenant faire face à un ultimatum terrible : verser l’argent ou perdre un membre de sa propre famille. Peut-il s’en échapper, ou les a-t-il totalement sous-estimé ? Un thriller d’humour noir dans le monde urbain, qui montre jusqu’où les gens désespérés peuvent aller pour obtenir ce qu’ils veulent.

C’est noir (sans jeux de mot), très noir, sans espoir même. Avec une chanson terrible qui renforce cette impression, on se demande ce qui va se passer… La fin ne donne pas de réponse, à chacun d’imaginer la suite. Ce n’est pas le meilleur mais ça m’a marqué et il mérite qu’on s‘y attarde dessus.
Avis : intéressant !

* Rencontre inattendue

Un document provenant du ministère de la défense contient une vidéo classée top secret. On va découvrir son contenu.

L’angle d’attaque est classique mais ce n’est pas mal filmé. Rencontre d’un fantôme ou pas ? Dommage que la fin soit trop explicite au lieu de laisser planer l’ambiguïté. Mine de rien, on est tendu de connaître la suite.
Avis : pas mal!

* A story without words

Poli est sourd et il a besoin de savoir ce qui s’est passé pendant la guerre civile espagnole. Son grand-père pourrait l’aider mais il est à l’hôpital et il ne peut bouger que son bras. Un jeu d’échecs sera le seul moyen d’expliquer à Poli la vérité sur cette guerre.

Je n’ai pas trop accroché mais j’ai bien aimé la façon dont le grand-père raconte la guerre civile à son petit-fils rien qu’en utilisant un échiquier et ceci juste avant de mourir. Pas mal comme idée.
Avis : curieux !

* The End

Tracer l’introduction du « traitement » et le déclin subséquent de la culture sourde

A mon grand désespoir, ce film a obtenu le prix du festival Clin d’œil. Encore une fois, on récompense un film traitant de la surdité et ceci d’une manière très triste : la disparition des sourds par un traitement médical qui permet d’obtenir l’audition. La fin se termine par le portrait du dernier sourd au monde et pendant ce moment, je sentais bien la chape de plomb qui s’était abattu dans la salle. Pourquoi ne pas avoir récompensé d’autres films qui méritaient le détour comme 50/50, Hands Solo ou d’autres encore ?
Avis : horrible !

* Rory gets fit

Rory est un garçon-dragon qui adore jouer aux jeux vidéo et manger de la malbouffe. Sa mère essaye de le faire manger sainement, mais il ignore toujours ses conseils. Ses amis sont tous venus lui demander de jouer à l’extérieur.

Sans plus, c’est plutôt destiné aux enfants. Le graphisme est très simple, pas vraiment beau à voir et l’histoire très classique.
Avis : mouais !

* Why

Le film Why nous montre que chacun dans sa vie quotidienne peut être soudainement confronté au terrorisme.

Je n’ai pas accroché et je ne me souviens pas grand-chose du film. En même temps, quand on voit défiler 13 courts-métrages en 3h…
Avis : bof !

* Deak Turkey

Hassan, chef cuisinier sourd, est en recherche d’emploi. Sa conseillère de l’agence pour l’emploi, Mme Veigel, le considère seulement comme un déficient mental. Même son interface de communication ne le prend pas au sérieux. Mais Hassan veut lutter contre les préjugés et persévère. Le service d’emploi lui propose alors un petit boulot en tant que vendeur de saucisses ambulant. Une fois encore, il doit supporter les insultes et les remarques stupides de son patron entendant. Mais si sa surdité peut être un handicap, Hassan la surpasse grâce à un sens de l’observation très développé.

On se demande ce qu’on fout dedans. A oublier aussitôt.
Avis : nul !

* Gone with the time

L’histoire se déroule à l’époque victorienne. Un couple divorcé est réuni de façon inattendue par un avocat, détenteur d’un secret dont ils ignorent tout. Un testament les désigne comme héritiers. Mais pour pouvoir débloquer l’héritage, selon la dernière volonté du défunt, ils doivent partir à la recherche d’une clé. Alors, et alors seulement, ils comprendront la raison de leurs retrouvailles et le vrai testament leur sera dévoilé.

Au début, ce n’était pas mal du tout mais après ça parte en couilles et la fin tombe comme un cheveu dans la soupe. Tant pis.
Avis : nul et bizarre !

* Free wheel

Habitant sur un front de mer, Kristian, vingt ans et des poussières, est à la recherche d’un travail, cher à sa mère. Soudain, en levant les yeux vers le ciel, Il se souvient d’un incident inoubliable quand il était enfant. Le temps est-il venu de pardonner ses actes passés ?

Aucune cohérence entre le début, le milieu et la fin. A oublier au plus vite.
Avis : nul !

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