Qui n’a rêvé de percer les secrets oniriques ?

Mosaïques : HumanusScience

lundi 15 septembre 2008

J’ai une question à te poser sur le sujet des rêves, vaste sujet ! Je me demandais comment cela se fait-il que certains rêves reviennent, que ce soit fréquemment, ou très rarement d’une année à l’autre, voire laisse passer plusieurs années pour se repointer ! D’où viennent ces scénarios reproduits quasiment à l’identique? Comment le cerveau va-t-il récupérer ces images au fin fond de la mémoire des rêves, de plus sans raison apparente ?

Merci à toi de me fournir le matériau de ce billet par tes questions fort légitimes. Comme tu dis, c’est un sujet très vaste et très complexe que tu pointes du doigt. Le débat sur le pourquoi de nos rêves est lancé depuis des milliers d’années et ne trouve toujours pas de réponse satisfaisante. Tes questions resteront donc en suspens à l’heure actuelle. Mais rien ne nous empêche d’en savoir un peu plus sur le rêve d’un point de vue scientifique.

Le rêve pourrait être défini comme un scénario imaginaire plus ou moins cohérent d’un ensemble d’images et de perceptions sensorielles produites pendant le sommeil. Si tu as lu mon billet, Dormir, c’est ne rien faire ?, tu saurais que le déroulement du sommeil se fait selon plusieurs phases et que le rêve a lieu lors de la phase paradoxale. Quel meilleur terme pour évoquer cet état particulier où le corps présente une perte presque totale du tonus musculaire (paralysie presque complète) et une activité cérébrale plus intense qu’au réveil ! Si tu remarques que les yeux de ton partenaire bougent rapidement derrière ses paupières fermées, tu peux être sûre qu’il est dans la phase paradoxale et qu’il rêve. Si tu le réveilles à ce moment là, il devrait s’en souvenir.

Telle était l’expérience menée dans les années 50 par Nathaniel Kleitman et Eugène Aserinsky (également découvreurs du sommeil paradoxal) : des volontaires dormaient dans leur laboratoire. Au moment où leurs yeux montraient des mouvement saccadés, ils les réveillaient pour leur demander venez vous de rêver ?. Non seulement de répondre par l’affirmatif pour 75 à 95% des sujets, ils étaient capable de raconter leur rêve avec force détail. Par contre, si tu leur demanderais que vient-il de vous passer par la tête ?, les réponses évoquaient surtout les mêmes impressions sensorielles que celles du rêve paradoxal mais de plus courte durée et construite de façon plus logique. Plus important, elles ont lieu durant le sommeil lent ! L’association entre les rêves et la phase paradoxale n’est pas si évidente que ça… Pis : il n’y en aurait pas !

C’est bien beau tout ça mais je n’ai pas encore expliqué quelles sont les fonctions du rêve. Ah mes aïeux, c’est là que ça coince ! Si aucune explication n’est réellement satisfaisante, bon nombre de théories ont vu le jour. La plus célèbre, sans lu doute, est celle de Freud pour qui le rêve est la voie royale qui mène à l’inconscience. Savoir interpréter nos rêves permettrait d’en savoir plus sur nos refoulements et nos modes de censure. Sans parler de l’aspect religieux: les rêves seraient des messages émis par un ou des dieux. Les oracles se retrouvent à la pelle dans les mythologies et légendes.

Sigmund Freud

[Source image : lien cassé]

Prenant à contre-pied le dogme freudien, Allan Horsbon et McCarley proposèrent en 1977 l’hypothèse de « l’activation-synthèse ». Les rêves sont le produit d’impulsions nerveuses aléatoires dont le cerveau tente de donner un sens. D’où l’impression d’étrangeté et d’incohérence à notre réveil. A une origine purement psychique s’oppose une cause entièrement somatique (ou physique), soit deux positions extrêmes.

A moins que rêver ne participerait aux processus de mémorisation et d’assimilation de connaissances. Certaines études ont montré qu’un rat, entraîné à trouver la sortie dans un labyrinthe pendant la journée, reproduit son expérience quand il dort. Le schéma neuronal est identique qu’il dorme ou qu’il soit en éveil. Comme s’il reproduisait son expérience du labyrinthe. La répétition d’un même circuit neuronal le renforcerait d’où un chemin neuronal moins laborieux et des souvenirs plus solides. En somme, les rêves se baseraient sur notre vécu de la journée : ils trient et enrichissent notre expérience de la vie.

Ou bien, d’après la théorie audacieuse de Jean-Pol Tassin, les rêves ne proviendraient pas de notre sommeil mais de notre réveil ! Ils se construiraient pendant les centièmes de secondes que dure notre réveil, c’est à dire pendant notre prise de conscience des images subliminales générées dans notre sommeil. Autrement dit, le cerveau est actif durant le sommeil paradoxale mais il n’y a pas de conscience et donc pas de rêves. J’y pense : il m’est déjà arrivé d’intégrer les flashs ou les vibrations d’un réveil à mon rêve juste avant de me réveiller complètement.

Et cætera, et cætera. Ce ne sont que des hypothèses parmi d’autres. Peut-être que l’origine des rêves est un amalgame de plusieurs théories. Il est difficile de répondre à « pourquoi rêvons nous ? » alors que nous commençons à peine pour « comment rêvons nous ? »… Au fond, est ce pertinent de se demander si les rêves ont réellement un sens et qu’ils sont vraiment une nécessité ? Peut être que nous faisons fausse route que nous rêvons en vain de percer les secrets.

Je fais souvent ce rêve étrange et pénétrant…
Une petite fille dort sur une plage avec la mer en guise de couverture

En savoir plus…
Le sommeil, les rêves et l’éveil
Le cerveau à tous les niveaux

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