Le jeu de l’Oie est un jeu très populaire parmi les enfantelets. Il se présente sous la forme d’un plateau où sont disposées 63 cases en spirale, enroulée vers l’intérieur. Le pion est déplacé sur les cases en fonction du résultat de l’addition de deux dés lancés. Le but est d’arriver le première à la dernière case, située au centre de la spirale. Seulement, de nombreuses embuches parsèment le parcours… Il n’y a aucune stratégie, aucune réflexion. Seuls le hasard et la chance règnent, il faut compter sur son étoile, bonne ou mauvaise.

J’adorais jouer à ce jeu mais ce n’est qu’aujourd’hui que je me rends compte de son sens profond et mystérieux. Déjà, ce jeu de société est riche en histoire puisque son origine remonterait depuis le 16e-17e siècle. Voire à des temps plus anciens, sous une autre forme. Ensuite, l’animal ne fut pas choisi par hasard : l’oie est un creuset de nombreuses symboliques telles que l’annonciation du danger. Remarquons également qu’à ses premières apparitions, le jeu portait un autre nom, quoique semblable : le jeu de l’Oye. Références donc aux Contes de ma mère l’Oye mais également au verbe oyer ou entendre.

L’Oye, d’après Augustin Berger, c’est l’oreille, l’ouïe, dérivé du vieux verbe picard oyer, entendre. Autrement dit c’est le jeu qu’il faut entendre, le Jeu de l’Entendement. On trouve d’ailleurs dans l’architecture de l’oreille interne un élément appelé le Labyrinthe, spirale de deux tours et demi. Jean-Marie Lhôte souligne le réseau de correspondance [qui] unit évidemment le labyrinthe à l’oreille, entre autres la spirale des coquillages qu’il suffit de mettre à l’oreille pour entendre un écho des horizons de la mer, l’hélice de la Tour de Babel, ce temple des langages incohérents et multiples. Il signale également que le sens de rotation du Jeu de l’Oie est celui de l’oreille gauche, sens de rotation de la Roue de Fortune du Tarot de Marseille.

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Pour compliquer le tout, le jeu de l’Oie contient de multiples passages vers la mythologie ou d’autres symboles proches du Tarot. Si, si, regardez les quelques cases qui compliquent le parcours:

• Case 6 : pont. Soit un symbole religieux du passage spirituel de la terre au ciel.
• Case 19 : hôtellerie. Un lieu de rassemblement, d’intrigues et de débauche qui retient deux tours le voyageur éreinté.
• Case 31 : puits. Cette fois-ci, un lieu d’échange et de ressourcement, à la fois physique et spirituel, qui fait patienter l’oisif jusqu’à la venue d’un autre pion.
• Case 42 : labyrinthe. Clin d’œil évident au Minotourus (le labyrinthe de Minos) qui rappelle le mythe de Thésée. Un héros qui dut mettre à mort la pulsion animale et rentrer en pénitence pour avoir abandonné Ariane, sa salvatrice.

Le jeu de l’Oie est tout simplement le jeu de la Vie, de la naissance jusqu’à la mort. C’est le passage de la Terre au Ciel. Autant d’interprétations possibles et différentes qui en font un jeu riche car chargé de multiples tiroirs qui s’emboitent. Comme disait une copine, ce soir je dormirais moins con !

En savoir plus…
– La troublante simplicité du Jeu de l’oie
– Musée sur le Jeu de l’Oie