Un chauve barbu : comment c’est possible ?

Mosaïques : HumanusScience

mardi 26 juillet 2016

Longtemps, rien ne nous frappe en particulier car cela fait partie de notre quotidien, dans l’ordre immuable des choses, ces petits rien que nous ne faisons plus attention. Jusqu’à que LA question surgisse et provoque un déclic dans notre tête et nous fasse dire Mais bon sang de bonsoir, pourquoi oui au fait ?!. Cette question m’a frappé avec force dans le numéro de juillet 2016 de Science & Vie, page 129 : Comment peut-on être à la fois chauve et barbu ? Aôw ! La réponse fut trop brève à mon goût alors je reviens dessus avec plus de détails.

Un bel chauve barbu

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Le cycle pilaire

Notre chevelure est composé en moyenne de 120.000 à 150.000 cheveux qui se renouvellent en permanence. Chaque cheveu pousse indépendamment des autres, meurt, tombe et repousse suivant un cycle d’environ 3 ans chez les hommes contre 4 à 7 ans chez les femmes. Nous distinguons plus précisément trois phases principales :

  • La phase anagène ou phase de croissance active. Elle dure 3 à 7 ans suivent le sexe et les individus. C’est le seul moment du cycle où les cellules du bulbe pileux produisent le cheveu à un rythme moyen d’1 cm par mois. La racine du cheveu est alors profondément insérée dans le derme (couche profonde de la peau) et elle remplit le follicule pileux. De nouveaux kératinocytes sont produits au niveau de la matrice et repoussent les plus anciens vers l’extérieur, allongeant ainsi le cheveu. Pour rappel, les kératinocytes sont des cellules qui constituent 90 % de la couche superficielle de la peau (l’épiderme) et des phanères (ongles, cheveux, poils, plumes, écailles). Environ 85 % des cheveux se trouvent simultanément en phase de croissance.
  • La phase catagène ou phase de transition. Elle dure 3 à 4 semaines durant laquelle les kératinocytes du bulbe pileux dégénèrent et le follicule pileux se rétracte. Le cheveu cesse alors de pousser. Environ 2 % des cheveux se trouvent au même moment dans cette phase de transition.
  • La phase télogène ou phase de repos Elle dure 3 à 4 mois. L’ancien cheveu tombe sous l’effet des frottements, des brossages et de la pression d’une nouvelle racine en formation dans le follicule pileux. Puis intervient une période de latence durant laquelle rien ne se passe, avant le début d’un nouveau cycle où le nouveau cheveu se fraiera un chemin à la surface de la peau. Un nouveau cycle début. Près de 13 % des cheveux se trouvent simultanément en phase de repos.

Le cycle de vie du poil

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Durant la vie d’un humain, ce cycle pilaire se répète en moyenne 20 fois à compter de la naissance. Et comme le cycle de chaque cheveu est indépendant de celui des autres, tous ne tombent pas en même temps. Ce cycle est varié par de nombreux facteurs dont : l’âge, l’origine ethnique, le sexe, les saisons, l’alimentation et… la testostérone !

L’influence de la testostérone

La testostérone est une hormone sexuelle majoritairement produite dans les testicules des hommes et les ovaires des femme durant leur période de fertilité qui commence à la puberté. Elle possède alors deux effets chez les garçons :

  • Un effet androgène : voix plus grave, accroissement du système pileux corporel et facial, développement des organes sexuels secondaires mâles, production supérieure de glandes sébacées, développement du pénis, maturation des spermatozoïdes, augmentation de la libido, etc.
  • Un effet anabolisant : formation des tissus entraînant la croissance musculaire et osseuse et donc une augmentation de la masse musculaire. La testostérone agit aussi sur la perte de gras en boostant le métabolisme énergétique de repos.

Bien que cette hormone soit surtout connue comme étant l’hormone mâle par excellence, elle est essentielle aux femmes. Chez elles, la testostérone sert à protéger leur cerveau, leurs muscles, leurs os, leur cœur et c’est elle qui déclenche le… désir charnel.

Cependant, la pousse du cheveu est indépendante de la testostérone ! D’ailleurs, le cheveu est présent dès la naissance aussi bien pour les filles que pour les garçons et il pousse également chez les castrés. Ce qu’il faut retenir, c’est que la testostérone peut provoquer la chute du cheveu. Plus exactement, la dihydrotestostérone (DHT).

L’influence de la dihydrotestostérone (DHT)

A ma gauche, la croissance du cheveu est indépendante de la testostérone. A ma droite, la testostérone provoque la chute du cheveu. En face, cette hormone accroît le système pileux et corporel facial durant la puberté. Comment dépasser ce paradoxe ?

En fait, la testostérone libre, qui circule dans le sang, se fixe sur des récepteurs présents à la membrane des cellules cibles. Une fois à l’intérieur, elle transforme en une forme active, la dihydrotestostérone (DHT) sous l’action d’une enzyme, la 5 alpha réductase. La DHT se fixe ensuite sur d’autres récepteurs spécifiques au niveau de la membrane du noyau cellulaire. Cela déclenche les actions androgéniques sur la cellule cible (multiplication cellulaire et synthèse des protéines spécifiques). C’est donc la DHT qui a pour fonction de stimuler le développement et le maintien des caractères sexuels secondaires chez les humains.

Transformation de la testostérone libre
en dihydrotestostérone (DHT) dans une cellule


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Or, contrairement au visage et au corps, l’action de 5 alpha réductase est très forte au niveau des follicules pileux situés au sommet du cuir chevelu et sur les tempes. La DHT est produite en grande quantité dans ces cellules et leur impose une cadence de production infernale. Les follicules pileux sont obligés de produire des cheveux en permanence et qui, au fil du temps, deviennent de plus en plus fins et courts. Au bout de 25 cycles environ, les follicules épuisés rétrécissent et finissent par ne produire qu’un fin duvet puis plus rien du tout. En fin de processus, les follicules inactifs s’enfoncent dans le derme et c’est la calvitie.

Effet de la DHT sur un cheveu sain

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En résumé, la DHT réduit la durée des cycles pilaires (qui passe de 4 à 2 ans) tout en provoquant l’atrophie des follicules pileux où l’action de l’enzyme est forte. Les nouveaux cheveux sont sans cesses affaiblis et tombent avant d’avoir atteint leur longueur maximale. Les 20 ou 25 cycles pilaires prévus pour une vie entière seront épuisés beaucoup plus rapidement, en 15 à 20 ans environ au lieu de 40 à 50 ans. En parallèle, la force et la masse musculaire ne changent pas car la DHT n’agit pas sur la croissance musculaire.

Les origines génétiques de l’alopécie

L’alopécie est le terme désignant la chute totale ou partielle des cheveux due à l’âge. Dans 95% des cas, elle est d’origine génétique et donc héréditaire. Elle touche deux tiers des hommes et un tiers des femmes. L’alopécie correspond à une hypersensibilité des racines des cheveux à la DHT, accompagnée d’une hyperactivité de la 5 alpha réductase, l’enzyme responsable de la transformation de la testostérone en dihydrotestostérone.

Les hommes sont plus souvent concernés que les femmes. Environ 25% des hommes présentent une alopécie à l’âge de 20 ans, 30% à l’âge de 30 ans, 40% à l’âge de 40 ans et à 50 ans, un homme sur deux est chauve. Je rappelle que les zones les plus sensibles et les plus touchées sont le haut du crâne, les temps et le front.

Il semblerait qu’au niveau génétique, chez les hommes, cela viendrait d’une mutation sur le chromosome 20 ou du chromosome sexuel X. Il se peut qu’il y ait d’autres gènes impliqués non encore identifiés. Et un homme sur sept posséderait à la fois les deux gènes à risques, sur les chromosomes 20 et X, soit 14% de la population globale. Ceux-ci auraient alors sept fois plus de risque que les autres de devenir chauve.

En conclusion

La DHT est à la fois responsable de la production des poils du corps et du visage tout en provoquant la chute des cheveux. Pour qu’il y ait une chute capillaire significative, les follicules pileux doivent contenir une enzyme très active et être hypersensible à la DHT. Ainsi, les hommes ayant une prédisposition génétique verront leur cuir chevelu de plus en plus brillant tandis que leurs oreilles, leur nez et les épaules seront plus touffus.

D’autres facteurs génétiques entrent en jeu avec les taux d’hormone et tu te retrouves avec un large éventail de combinaisons de cheveux/poils. Tu pourrais très bien être chevelu et glabre de corps tout comme être chauve avec un tronc de gorille. Ou encore, chauve avec un corps glabre et chevelu avec un corps poilu. Il y a de quoi s’arracher les cheveux dans ce micmac s’il t’en reste encore !

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4 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. cricri41

    Rentrant pile poil dans la catégorie concernée, c’est avec un grand intérêt que j’ai lu cet article

    Cricri41

    dimanche 31 juillet 2016 à 12 h 20 min
  2. Sirtin

    Hé hé, j’avoue avoir pensé à toi en écrivant cet article.
    😎

    dimanche 31 juillet 2016 à 21 h 31 min
  3. P.E.S.Y.

    Les Nord africains plus fréquemment chauves que les scandinaves. Me trompe-je ?

    mercredi 3 août 2016 à 17 h 31 min
  4. Sirtin

    Aucune idée !!
    😀

    vendredi 5 août 2016 à 19 h 08 min

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