La biologie occupe une place toujours croissante dans notre société. Des termes techniques sont plus ou moins assimilés par le grand public dont les cellules, l’ADN, les protéines, etc. Des découvertes importantes ont été communiqués, des articles sensationnels sont été publiés. Mais il est un terme qui reste peu courant dans le grand public. Me voici donc en preux chevalier pour réhabiliter cette situation injuste en abordant la notion de la matrice extra-cellulaire !

Oui, juste une notion car un simple billet ne suffirait pas à en faire le tour complet. Ce serait vite indigeste et ce n’est pas mon intention. Vous savez que notre corps et que tous êtres vivants sont constitués de cellules. Mais qu’est-ce qu’il y a entre les cellules ? Hein, z’aviez pensé mes cocos ? Juste du vide ? Eh ben non, y’a plein de trucs qui se trouvent entre les cellules et qui constituent la matrice extra-cellulaire.

Elle correspond à un enchevêtrement complexe de macromolécules qui forme un réseau. La matrice extra-cellulaire des animaux est essentiellement protéique (fibres de collagène en particulier) tandis qu’elle est polysaccharide chez les végétaux (cellulose en particulier). Penchons-nous un peu plus sur la matrice extra-cellulaire des animaux, dans un souci de simplicité. Nous distinguons alors :

• Des protéines de structure (collagènes, élastine, fibronectine, laminine) qui permettent à la matrice d’assurer son rôle de charpente de soutien des cellules.
• Des protéines de la communication cellulaire (facteurs de croissance et cytokines) par lesquelles la matrice est le siège des interactions entre cellules.
• Des sucres, les chaînes de glycosaminoglycanes (GAG) qui relient les protéines matricielles.

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Ces molécules sont secrétées localement par des cellules spécialisées avant de s’assembler en un réseau organisé dans l’espace extra-cellulaire. Par exemple, les fibroblastes construisent l’essentiel des tissus conjonctifs, les ostéoblastes produisent l’os et les synoviocytes sont responsables de la production du liquide synovial dans les articulations.

A l’inverse, les différents composants de la matrice extra-cellulaire sont dégradés par différents enzymes appelés MMP (matrix metalloproteinases). Son renouvellement est déterminant dans la croissance, le développement ou la réparation des tissus, mais intervient aussi dans de nombreux processus pathologiques (cancérogénèse, inflammation, etc).

De plus, la composition de la matrice extra-cellulaire peut prendre divers aspects : liquide comme le liquide synovial riche en polysaccharides, gélatineux comme les tendons riches en protéines fibreuses, solide comme l’os riche en phosphate de calcium, etc. Selon sa composition moléculaire, la matrice joue différents rôles physiologiques (architecture, soutien mécanique, nutrition, stockage moléculaire, support des migrations cellulaires…).

La matrice extra-cellulaire n’est donc pas une bête « colle » entre les cellules. Elle a son importance à part entière dans les processus cellulaires et fait l’objet de différents projets de recherche. Chercher à mieux la saisir est un pas, par exemple, dans l’élaboration des tissus cellulaires, en trois dimensions, pour remplacer un organe défectueux. Alors, pourquoi n’est-elle pas davantage mise en avant dans le grand public ? Telle est la question du preux parmi les preux (ça va tes chevilles, la matrice n’a pas trop gonflé ?).

En savoir plus…
– La cellule et sa matrice extra-cellulaire
– Les relations intercellulaires