Pigeon vole, frisbee vole !

Mosaïques : FocusScience

mardi 23 février 2010

Mon beauf préféré (oui, je suis polygame) me demande comment ça vole un frisbee ?, croyant me poser une colle. Ah, ah, super facile et je te réponds les doigts dans l’nez. Le frisbee vole grâce à l’effet combiné de la portance et de l’effet gyroscopique qui contrebalancent la gravitation tout en assurant une stabilité tout le long de la trajectoire.

Bon, je vois qu’il y en a qui tournent de l’œil au fond de la salle et moi-même n’étant pas très sûr des termes que j’utilise, c’est reparti mon kiki pour un tour dans le Net. Verdict : ma réponse est bonne mais décortiquons la un peu en prenant l’avion comme exemple. Un avion, tout le monde sait, ça vole mais comment ? Un p’tit schéma pour commencer.


[Source image : lien cassé]

Pendant le trajet, l’avion est soumis à quatre forces :

  • La traction (poussée) est la force qui fait avancer l’avion. Elle est créée par un moteur ou tout autre moyen de propulsion.
  • La traînée correspond à la résistance de l’air qui tend à faire ralentir le mouvement de l’avion.

La traction (vers l’avant) et la trainée (vers l’arrière) sont des forces qui s’opposent sur le plan horizontal de l’avion.

  • Le poids est la force de gravitation exercée par la Terre sur tous les objets.
  • La portance correspond à la force ascendante créée par le mouvement de l’air au-dessus des ailes

La portance (vers le haut) et le poids (vers le bas) sont des forces qui s’opposent sur le plan vertical de l’avion.

Intéressons nous de plus près à la portance. En regardant bien une aile d’avion, nous pouvons remarquer qu’elle est bombée sur le dessus. Le mouvement d’air se divise en deux et passe sur et sous l’aile pour arriver en même temps à l’autre extrémité. Or, la face supérieure de l’aile est plus longue que la face inférieure du fait de la forme bombée, ce qui veut dire que l’air qui circule au-dessus doit aller plus vite pour arriver en même temps que l’air qui circule au-dessous. L’augmentation de vitesse entraîne alors la création d’une dépression qui fait aspirer l’aile vers le haut : c’est la portance. Ainsi, l’avion vole grâce à une inspiration et non une poussée vers le haut. C’est exactement ce qui se passe pour l’aileron démesuré des formules 1 mais à l’envers : les voitures de courses sont plaquées au sol !


[Source image]

Quel rapport entre l’aile d’un avion et le frisbee ? Ils volent grâce à la portance. Regardez la forme du frisbee : ce n’est pas un simple disque, il est légèrement bombé au-dessus. J’imagine qu’il a fallu aussi trouver la bonne forme pour diminuer la trainée tout en assurant une portance optimale.


[Source image]

Seulement, en lançant « bêtement » le frisbee, il aura vite fait de tomber comme une pierre. C’est là qu’un autre facteur intervient : l’effet gyroscopique (ou inertie gyroscopique). C’est la seule différence qui joue entre l’aile d’avion et le frisbee. En gros, c’est le fait qu’un objet garde sa trajectoire et sa vitesse grâce à sa rotation. Il résiste aux changements de directions et aux accélérations ou aux freinages. Petite démonstration en vidéo.

La roue de vélo en rotation élevée arrive a garder une position verticale stable. L’effet gyroscopique explique ainsi la stabilité du frisbee (et aussi celle obtenue en vélo ou en moto) pendant sa trajectoire. Il est donc important d’imprimer une rotation au frisbee lors du lancer par un délicat mouvement du poignée. Et encore, ne pas lancer trop tôt (destination l’herbe) ou trop tard (oh la belle courbe !) mais pile au bon moment pour tracer bien droit vers son partenaire.

C’est fini ? Que nenni ! Il reste un dernier détail : les stries à la surface du frisbee alors que la face inférieure concave est lisse. Elles ne sont pas là pour faire joli mais pour optimiser le portance et donc la stabilité du frisbee lors de son déplacement dans l’air. En effet, les stries introduisent à la surface une turbulence microscopique dans la couche d’air qui passe juste au dessus. Conséquence : le disque semble attaché au courant d’air et l’utilise comme support pour progresser le plus loin possible. Et oui, le frisbee est un véritable condensé de technologie et en jouant avec, vous conciliez la physique au physique.

Donc je répète : le frisbee vole grâce à l’effet combiné de la portance et de l’effet gyroscopique qui contrebalancent la gravitation tout en assurant une stabilité tout le long de la trajectoire. Ça fait classe de pouvoir dire ça non ?

[EDIT]
Après vérification, si le frisbee vole bien grâce à l’effet combiné de la portance et de la rotation, mes explications sur l’origine de la portance sont fausses. La portance est davantage dû à l’angle d’attaque par rapport au vent relatif (vent créé par le déplacement du frisbee) que moins à sa forme bombée. Pour les détails, voir dans les commentaires.

En savoir plus…
Tout sur l’aérodynamisme

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  1. Fanfoué

    Premièrement, c’est un honneur d’avoir suscité un article dans ce chouette blog !
    Et deuxièmement, je suis ravi d’apprendre que je suis ton beauf préféré (bien que je sois ton seul et unique beauf…)
    A la revoyure !

    mardi 23 février 2010 à 23 h 17 min
  2. Nicolas

    Bonjour tout d’abord, aïe aïe aïe ensuite ! J’ai bien peur que votre explication de la portance par la forme bombée de l’aile soit une théorie populaire, répandue et séduisante, mais hélas fausse.

    A titre de contre-exemple immédiat, les avions (de voltige) peuvent voler sur le dos… comment alors expliquer que la portance continue d’être présente, dans le sens ascendant, alors que c’est bien la partie bombée de l’aile qui se trouve vers le bas ?

    La véritable explication de la portance est d’abord liée à l’angle d’incidence du profil de l’aile par rapport au vent relatif. Je vous invite à vous référer à l’excellent See How It Flies (anglophone) pour une présentation très complète, et en particulier cette section.

    Le frisbee vole donc avant tout car il est incliné par rapport à sa trajectoire (la partie « en avant » est plus haute que la partie « arrière »), et ce d’autant plus qu’il vole lentement. La rotation fait effectivement en sorte que cet angle demeure stable.

    Merci pour vos articles de vulgarisation scientifique, j’ai grand plaisir à les lire en général, même si celui-ci m’a quelque peu titillé :mrgreen:

    mercredi 24 février 2010 à 11 h 37 min
  3. Sirtin

    Fanfoué : tu veux un poutou, c’est ça ?
    :mrgreen:

    Nicolas : j’ai vérifié et tu as raison, mea culpa… J’ai donc ajouté un « edit » dans l’article et je suis heureux d’avoir une idée reçue en moins dans ma caboche. Merci pour la rectification et pour en savoir plus, voir le site (en français) : Comment volent les avions ?.

    🙂

    mercredi 24 février 2010 à 13 h 40 min
  4. francis

    Oui je confirme le commentaire précédent, l’histoire de l’air qui se sépare en deux pour arriver en même temps au bout de l’aile est malheureusement une légende urbaine. Les expériences en soufflerie montrent que l’air qui passe au dessus de l’aile arrive après celui qui passe en dessous. Il y autre chose qui m’a titillé (pour reprendre l’expression)…les vélos ne tiennent pas debout grâce à l’effet gyroscopique de la roue en rotation (qui est négligeable) mais grâce à une combinaison compliquée de la position de l’axe du guidon par rapport au point de contact de la roue sur le sol (aka la chasse il me semble) et des mouvements de guidon du conducteur…bref un sujet à part entière qu’un de tes beaufs soulevera peut-être au prochain déjeuner de famille !
    Enfin j’avoue que je suis un peu scéptique (le mec relou !) sur l’explication étant donné que le meilleur frisbee connu n’a pas du tout la forme décrite, il n’est pas franchement bombé, il est très plat et n’a pas de stries !

    mercredi 12 décembre 2012 à 18 h 46 min
  5. Sirtin

    Pourquoi pas pour le vélo mais dans la vidéo, la roue n’est pas en contact avec le sol, non ? Sinon, il est clair qu’il va falloir remanier cet article car le sujet se révèle plus compliqué que prévu.

    Merci pour ton message.

    vendredi 14 décembre 2012 à 9 h 59 min
  6. francis

    Je me suis mal exprimé : les roues qui tournent stabilisent le vélo et son cycliste (effet gyroscopique) mais sans forcément être la raison principale de l’équilibre de l’ensemble…

    Il y a plein de choses ici : « L’équilibre à vélo » [lien cassé].

    et bonne année !

    lundi 31 décembre 2012 à 18 h 12 min
  7. Sirtin

    Merci pour le fichier, je le lirais à tête reposée.
    Et bonne année à toi aussi !
    😀

    samedi 5 janvier 2013 à 16 h 10 min

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