Qu’ils sont gloutons ces platanes !
Épatante cette photo non ? Je l’avais prise à Marseille en janvier 2009 et je l’ai mise de côté jusqu’à ce que je la retrouve dans mes archives. L’en avait marre de cette pancarte et ni une ni deux, l’arbre la boulotte ! Mais pourquoi ? Par quel mécanisme ? Après moult aventures dans les sables mouvants de la connaissance précaire (oh my god, comment je cause !), voici non une explication toute faite mais une hypothèse, une suggestion.
Avant tout, quelques bases de biologie végétale sont nécessaires. Hep là ! Pas la peine de t’enfuir, ce n’est pas grand chose et je te promets que tu ne prendras pas racine. Alors, comment ça pousse une plante ? Avec des engrais, de l’eau et du soleil ? Oh la belle combinaison que rêvent d’avoir tous les travailleurs aoûtiens et même juilletois. C’est bien mais plus précisément grâce aux méristèmes. C’est quoi ça encore ?
Toutes les plantes peuvent pousser indéfiniment grâce aux méristèmes, soit des zones contenant des cellules embryonnaires indifférenciées et à multiplication rapide. Autrement dit, ce sont des cellules souches capables de se différencier pour former des tissus plus ou moins spécialisés. Il existe deux types de méristèmes.
- Les méristèmes primaires : localisés à l’extrémité des tiges et des racines. Ils permettent la croissance en longueur de la plante. Pour ceux qui aiment la précision, jetez un œil sur le schéma et sachez que
les méristèmes primaires sont situés à l’apex des racines et dans les bourgeons apicaux à l’extrémité des tiges et des rameaux (méristèmes apicaux), dans les bourgeons axillaires à l’aisselle des feuilles (méristèmes axillaires), et dans les entrenoeuds (méristèmes intercalaires).
Localisation des méristèmes primaires
à l’échelle d’un plant de haricot
[Source image]
- Les méristèmes secondaires : localisés, sous forme de manchon circulaire, sur la longueur des tiges et des racines. Ils permettent la croissance en épaisseur de la plante.
Schéma d’une coupe transversale d’un tronc d’arbre
[Source image]
Pour simplifier, disons que le cambium correspond au méristème secondaire qui produit le bois vers l’intérieur et le liber vers l’extérieur. Le bois est composé de deux parties: le bois vivant (aubier) et le bois mort (duramen). Chaque année, une nouvelle couche de bois d’aubier se forme, d’où la présence des cernes de bois qui permettent d’évaluer l’âge d’un arbre.
Qu’ils soient primaires ou secondaires, les méristèmes sont régies par une sarabande de signaux moléculaires afin d’assurer une régulation fine et d’éviter une profusion anarchique de cellules végétales. Or, le fait d’ajouter une pancarte autour de l’arbre, ou de tout corps étranger, induit un stress mécanique qui perturbe la danse moléculaire. D’où une production plus importante et plus ou moins ordonnées de cellules dans les méristèmes secondaires. L’arbre commence alors à assimiler cette présence gênante, faute de pouvoir s’en débarrasser. C’est du moins mon hypothèse qui suppose qu’il n’y a pas d’incidence sur les méristèmes primaires… Et que devient l’objet à l’intérieur de l’arbre ? Rien, il est là, savourant la venue de l’instant où il surprendra le bûcheron… Comme cette grosse protubérance d’un platane, peut être ? Ah, le fieffé coquin !
Pour finir, quelques photos d’objets engloutis par d’autres gloutons rencontrés lors d’une promenade à Barjols, charmant village du Var. Il semblerait que seuls les platanes soient doués d’un tel appétit. Quid des autres espèces ?
Pancarte rectangulaire
Poulie
Poulie (bis)
Pancarte stationnement interdit
En savoir plus…
– Structures internes de la tige : les tissus végétaux
– Structure et croissance de la racine
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martin
c’est super
je parle des photos et des explications
Il existe d’autres arbres qui font la même chose, les chênes notamment,le journal irrégulomadaire, La Hulotte a traité le sujet, il y a quelques numéros de cela ,
mais le platane me parait battre des records de vitesse.
très jolis photos!!
Christian 41 : grazie !
😛
Cathy : Effectivement, il n’y a pas que les platanes si j’en crois La Hulotte. Le sujet a été traité dans le n°88, Petits mystères des grands bois et je crois l’avoir lu y’a quelques temps (tiens, faudra que je vois si je peux me procurer la totalité des numéros).
PS : oui, je l’ai lu comme le confirme mon billet : La Hulotte, tout savoir sur la nature
😳
mince je voulais mettre une image en remerciement c’est pas encore possible…
C’est merveilleux, le sujet m’intéresse grandement, merci.
Et non, pas d’images dans les commentaires car les plugins utilisés se basent sur l’URL de l’image. Ca veut dire utiliser la bande-passante d’autres sites, ce que je préfère éviter.
🙂