Dormir, c’est ne rien faire ?

Mosaïques : HumanusScience

jeudi 29 novembre 2007

J’ai passé une nuit blanche avec un ami à papoter, manger et regarder un film. Nous n’avons dormi que trois à quatre heures tout au plus. Au réveil, besoin irrésistible de fermer ses yeux (les paupières sont si lourdes) et plus grande probabilité d’être de mauvaise humeur. Que se passe-t-il lorsque nous nous privons du sommeil ?

Rappelons que cette phase occupe au moins le tiers de notre vie ! Une telle quantité de temps que nous passons allongé, les yeux fermés à ne rien faire. Vraiment ? Il n’existe pas un sommeil unique, plusieurs processus se mettent en jeu :

  • Phase I : lui même divisé en deux sous-stades : somnolence (IA) et assoupissement (IB). Même étant quasiment inconscient, le réveil est facile.
  • Phase II : sommeil léger. Réveil toujours facile.
  • Phase III : sommeil profond et établi. Le réveil devient plus difficile.
  • Phase IV : sommeil très profond. Tremblement de terre à prévoir pour le réveil.

La moyenne de durée de ces étapes est d’1h30. Il est temps de quitter le sommeil lent pour entrer dans le deuxième type de sommeil où l’activité du cerveau augmente pour égaliser celle de sa période hors sommeil ! C’est le sommeil paradoxal d’une durée de 90 minutes. Les différences entre ces deux types de sommeil sont nombreuses aussi bien tant de l’activité cérébrale que de leur fonction. Les détails se trouvent dans cette description concise. La nuit passe vite entre les alternances 4 à 6 fois par jour des quatre phases de sommeil à ondes lentes suivi de la phase de sommeil paradoxal et ceci jusqu’au réveil.

A quoi sert de dormir ? A vrai dire, les scientifiques eux-mêmes ne savent pas encore ! Pour le moment, ils pensent que le sommeil joue un rôle positif dans la mémorisation et l’assimilation des connaissances. Certaines études semblent montrer que le cerveau reproduit des schémas utilisés dans la journée. Cette répétition d’un même circuit neuronal permettrait son renforcement d’où une meilleure mémoire car le « chemin » menant aux souvenirs est moins laborieux. Par exemple, un rat est entraîné à trouver la sortie dans un labyrinthe. La nuit, il reproduit son expérience comme s’il était à nouveau dans le labyrinthe. De cette manière, il consolide ses circuits neuronaux pour qu’il puisse sortir plus aisément la prochaine fois que la situation recommence. Sans compter qu’une bonne nuit de sommeil combat le stress, facteur négatif de la mémorisation et de la concentration… Je répète, cela reste à confirmer !

Une autre problématique intervient également : le rêve… Freud a dit qu’il est le chemin royal menant à l’inconscience mais au fond, qui pourrait dire son rôle exact ? Sans oublier les études démontrant que certaines fonctions biologiques jouent un rôle capital durant le sommeil. Dans l’élimination des toxines et, notamment, dans la croissance des enfants et adolescents par la production importante d’hormones de… croissance ! Dormir est important pour tous, spécialement pour les enfants ! Rappelez-vous de votre bambin chéri qui dort, qui dort, qui dort (normalement…).

Pour compliquer le tout, nous avons chacun son propre rythme, selon que nous sommes du matin ou du soir. Nous avons également tous nos « portes du sommeil », ces instants brefs propices à tomber dans les bras de Morphée. Certains navigateurs longue distance ont appris à les repérer pour pouvoir dormir une à trois heures plusieurs fois par jour. Il est inutile d’aller plus loin mais je voudrais souligner que des mécanismes antagonistes cohabitent dans le cerveau : ceux qui nous maintiennent en réveil et ceux qui nous font plonger progressivement dans les quatre premières phases. C’est une balance en interaction permanente: pour dormir, il faut inhiber les mécanismes de réveil et vice-versa…

Au fond, la réflexion de Groucho Marx est à méditer : Le meilleur moyen de s’endormir est de s’imaginer qu’il est l’heure de se lever.

Durée des phases de sommeil chez différentes espèces animales
[Source image]

En savoir plus…
Les mécanismes du sommeil
Les conséquences du manque de sommeil

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3 Pierrot ont pris leur plume. Et toi ?

  1. Micromégas

    Sujet de rêve que celui-ci, et traité tout en finesse, merci!
    Pour ceux qui voudraient aller plus loin, voici un TP … bonne recherche !

    TP
    1°- Pour chacun des réveils évoqués, déterminez s’ils se produisent en phase I, II, III ou IV.
    2°- Déduisez-en l’espèce animale de l’auteur.

    Un homme qui dort tient en cercle autour de lui le fil des heures, l’ordre des années et des mondes. Il les consulte d’instinct en s’éveillant et y lit en une seconde le point de la terre qu’il occupe, le temps qui s’est écoulé jusqu’à son réveil ; mais leurs rangs peuvent se mêler, se rompre. Que vers le matin après quelque insomnie, le sommeil le prenne en train de lire, dans une posture trop différente de celle où il dort habituellement, il suffit de son bras soulevé pour arrêter et faire reculer le soleil, et à la première minute de son réveil, il ne saura plus l’heure, il estimera qu’il vient à peine de se coucher. Que s’il s’assoupit dans une position encore plus déplacée et divergente, par exemple après dîner assis dans un fauteuil, alors le bouleversement sera complet dans les mondes désorbités, le fauteuil magique le fera voyager à toute vitesse dans le temps et dans l’espace, et au moment d’ouvrir les paupières, il se croira couché quelques mois plus tôt dans une autre contrée. Mais il suffisait que, dans mon lit même, mon sommeil fût profond et détendît entièrement mon esprit ; alors celui-ci lâchait le plan du lieu où je m’étais endormi, et quand je m’éveillais au milieu de la nuit, comme j’ignorais où je me trouvais, je ne savais même pas au premier instant qui j’étais ; j’avais seulement dans sa simplicité première, le sentiment de l’existence comme il peut frémir au fond d’un animal ; j’étais plus dénué que l’homme des cavernes ; mais alors le souvenir non encore du lieu où j’étais, mais de quelques-uns de ceux que j’avais habités et où j’aurais pu être venait à moi comme un secours d’en haut pour me tirer du néant d’où je n’aurais pu sortir tout seul ; je passais en une seconde par-dessus des siècles de civilisation, et l’image confusément entrevue de lampes à pétrole, puis de chemises à col rabattu, recomposait peu à peu les traits originaux de mon moi. Peut-être l’immobilité des choses autour de nous leur est-elle imposée par notre certitude que ce sont elles et non pas d’autres, par l’immobilité de notre pensée en face d’elles. Toujours est-il que, quand je me réveillais ainsi, mon esprit s’agitant pour chercher, sans y réussir, à savoir où j’étais, tout tournait autour de moi dans l’obscurité, les choses, les pays, les années.

    samedi 1 décembre 2007 à 17 h 30 min
  2. Kmi

    Intéressant ton article!

    J’avais lu un article qui disait que le sommeil était indispensable à la vie et pas n’importe lequel: ils avaient mené des expériences avec les souris, en la privant de sommeil, la souris finit par mourrir. De l’autre côté, ils ont refait la même expérience en l’endormissant le plus possible: la souris finit par mourrir aussi.

    Il faut trouver un juste milieu pour le sommeil! Arrrghhh

    dimanche 2 décembre 2007 à 11 h 44 min
  3. Ouh làlà, sacré TP qui me donne déjà le bourdon et même le sommeil, cureux, curieux…

    Oui, entre mourir d’un trop plein et d’un manque de sommeil, à chacun de trouver son rythme. Cela ne répond toujours pas à l’énigme: « à quoi sert de dormir et de rêver ? »

    mercredi 12 décembre 2007 à 21 h 55 min

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