J’aime beaucoup le capitaine Haddock et son remarquable répertoire dont voici un extrait tiré de l’album Tintin au Tibet.

[Scan partiel de la page 26]

Cette planche illustre l’idée répandue selon laquelle il suffirait de gueuler un bon coup pour provoquer une avalanche. Déjà, elle correspond à un déplacement rapide d’une masse de neige sur une pente, provoqué par une rupture du manteau neigeux. Quelles sont alors les causes majeures de la rupture du manteaux neigeux ? Il existe trois facteurs :

• L’augmentation du poids, d’origine naturelle (importantes chutes de neige, pluie, accumulation par le vent) ou accidentelle (passage d’un skieur ou d’un animal).
• La température . Après des chutes de neige et si une période de froid prolongée se présente, le manteau neigeux ne peut se stabiliser. Au contraire, lorsqu’il fait chaud sur une longue période, le manteau se consolide. En revanche, au printemps, la chaleur de mi-journée favorise le déclenchement d’avalanches, car la neige devient lourde et mouillée.
• Le vent qui engendre une instabilité du manteau neigeux par la création de plaques et corniches.

Nulle part, il n’est fait mention que le cri d’un être humain peut provoquer une avalanche. C’est même impossible d’après le n° 1119 (décembre 2010) du magazine Science & Vie qui explique que le son est une onde qui se propage dans un milieu à partir de la source. Or, si la neige absorbe bien la pression de l’onde sonore, ce n’est pas suffisant pour causer une avalanche. Pour cela, il faudrait une pression de 200 à 500 pascals pour les manteaux neigeux les plus fragiles alors que celle de la voix humaine ne dépasse… 2 pascals ! Même le bruit des avions et des hélicoptères engendre une onde sonore dix fois plus faible. Seule une charge de 2 à 3 kg d’explosif peut déclencher une avalanche, d’où les bruits le matin avant l’ouverture des pistes d’une station de ski.

Le mythe est cassé mais la voix et les jurons du capitaine Haddock demeurent.